« L’incendie du cabinet Madistin est une atteinte à la liberté d’expression… », dénonce le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince

Vingt-quatre heures après la révocation de cinq policiers présumés impliqués dans l’incendie des stands au Champ de Mars et aux mouvements de protestation à la direction générale de la Police nationale, la réponse des policiers en rébellion a été sévère. Des routes ont été bloquées et des véhicules incendiés au cabinet de Me Samuel Madistin. Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, condamne avec rigueur cette attaque et dénonce une atteinte à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion.

Des agents de la police encagoulés, armes au poing, ont semé la panique et le désordre mercredi à Port-au-Prince. Après avoir bloqué des routes, dressé des barricades de pneus enflammés, saisi des clés de véhicules, incendié des chars musicaux au stade Sylvio Cator, des individus qui se réclament de la police nationale ont attaqué le cabinet du Me Samuel Madistin qui, la veille, avait indiqué que les policiers n’ont pas le droit de se syndiquer ni d’entrer en grève. Des véhicules ont été incendiés et du matériel détruit au cabinet de Me Samuel Madistin…

« Le Barreau de l’ordre des avocats de Port-au-Prince condamne énergiquement l’incendie du cabinet de Me Madistin. Me Madistin a le droit d’avoir des opinions différentes des autres en démocratie », a dénoncé le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, joint au téléphone mercredi soir par Le Nouvelliste.

« C’est une atteinte à la liberté d’opinion et à la liberté d’expression. Je crois que le cabinet de Me Madistin a été incendié à cause des déclarations qu’il a faites », a fulminé Me Monferrier Dorval.

Contrairement à Me Samuel Madistin, le bâtonnier a affirmé reconnaître le droit des policiers d’avoir un syndicat. « Je suis d’accord, les policiers peuvent former un syndicat. Mais aussi, Me Madistin peut avoir des opinions contraires. Ils n’ont pas le droit d’incendier le cabinet. Le barreau condamne cet acte d’incendie », a répété Me Monferrier Dorval.

Sur plusieurs stations de radio dont Magik 9 mardi, Me Samuel Madistin, l’un des responsables de la Fondation Je Klere, avait clairement pris position contre la formation d’un syndicat de police dans l’état actuel des choses. Il a dit croire qu’il y aura beaucoup de désordre dans la PNH si l’on permet l’existence d’un syndicat sans loi.

« Si cela se produit, on n’aura plus de police nationale. Plusieurs des revendications sont justes. La Fondation Je Klere exige une enquête sur l’ensemble des dénonciations faites par les protestataires. Dans la perspective du vingt-cinquième anniversaire de l’institution, il faut un audit et une évaluation par des experts de son fonctionnement en vue de faire des recommandations spécifiques. Cependant, ce n’est pas parce que les revendications sont justes que nous devons accepter le fonctionnement d’un syndicat illégal. D’autant que les problèmes soulevés ne peuvent être résolus par un syndicat. Ils n’ont pas un problème syndical. Aucun fonctionnaire n’est satisfait de ses conditions de travail. Nous sommes en face d’un problème d’organisation générale de l’État. Le problème est mal posé », avait indiqué l’ancien parlementaire.

 

Source: Le Nouvelliste

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