Bilan économique 2019, une année économique globalement décevante et catastrophique

L’année 2019 touche à sa fin dans quelques heures. Comme chaque année dans le cadre de cette rubrique économique nous tenons à faire un bref bilan économique de l’exercice fiscal écoulé et l’une des meilleures approches pour faire ce bilan pour Haïti consiste à regarder ce qui est fait, en termes de résultats, au cours de l’année dans 4 secteurs principaux, à savoir ; le secteur réel de l’économie, les finances publiques, le secteur externe et le système bancaire

Au niveau du secteur réel de l’économie

  • Pour la première fois depuis 2010, les activités économiques auront enregistré une croissance négative (croissance du PIB), soit de -1.2 %  en 2019 selon le FMI, contre 1.5 % en 2018, à cause de la détérioration du climat des affaires, des troubles sociopolitiques et de l’inefficacité des politiques publiques et des politiques économiques mises en place par les autorités.
  • En ce qui concerne l’inflation, on devrait terminer l’exercice 2019 avec une inflation annuelle d’au moins 20 %, soit le taux d’inflation le plus élevé depuis 2008.
  • En ce qui a trait au taux de change, la gourde a perdu environ 32 % de sa valeur au cours des 6 premiers mois de l’exercice 2019. Toutefois il convient de souligner qu’on a terminé l’année 2019 avec un taux de change stable depuis juin 2019 à 94 gourdes pour un dollar dans le système bancaire, grâce, entre autres, aux différentes mesures prises par la banque centrale.

 

Au niveau des finances publiques

  • L’année 2019 a été une année vraiment noire pour les finances publiques, car les recettes fiscales ont connu une croissance négative de -4.3 % pour la première fois depuis 25 ans. En effet, les recettes budgétaires sont passées d’environ 79 milliards de gourds en 2018 à 76 milliards en 2019.
  • Ce qui a attiré l’attention de plusieurs analystes et économistes c’est que moins de 5 % de ces recettes a été alloué à l’investissement et donc plus de 95 pour cent dépensé pour le fonctionnement de l’administration publique.
  • Un élément positif à relever cette année dans les finances publiques est la baisse considérable du financement du déficit budgétaire par la banque centrale, suite à ce pacte de gouvernance signé entre le ministère des finances et la BRH en janvier 2009. En effet le financement monétaire est passé de 24 milliards de gourdes en 2018 à environ 9 milliards de gourdes en 2019. Ceci a eu des impacts positifs non seulement sur le taux de change, mais aussi su le rythme de progression de l’inflation dans l’économie.

 

Au niveau du secteur externe

  • Le secteur externe est le secteur dans lequel on a eu des résultants positifs malgré les périodes de ‘’pays lock’’. En effet le déficit commercial a chuté de 7.5%, suite à une augmentation de 13% des exportations (bonne performance du secteur textile),   et une baisse de 2.6% des importations.
  • Pa ailleurs, les transferts de la diaspora ont augmenté d’environ 6% pour atteindre 2.5 milliards de dollars cette année. Après les ajustements de la BRH pour prendre en compte les transferts qui sont passés par les mécanismes non institutionnels, le total des transferts pourrait atteindre cette année environ 3.5 milliards de dollars US.

 

Au niveau du système bancaire

  • Nonobstant les périodes de ‘’pays lock’’ ou de paralysie des activités économiques, le système bancaire reste en bonne santé et est bien capitalisé. En effet,  le système bancaire a enregistré un bénéfice d’environ 7 milliards de gourdes en 2019.
  • Mais ce qui a attiré notre attention c’est que 49% du crédit du système est alloué au commerce (30%)   et à l’immobilier (19%), contre 14% à l’industrie et moins de 1% à l’agriculture, alors que l’agriculture représente environ 20% du PIB et 50% de la main d’œuvre haïtienne.

 

Perspectives

 

  • Les perspectives sont déjà très sombres pour les années à venir car les experts du FMI prévoient une croissance inférieure à 1% pour l’économie en 2020, dans un contexte de crainte de la résurgence des troubles socio-politiques, d’absence d’un gouvernement et d’un budget et du dysfonctionnement du parlement.

 

Donc globalement l’année 2019 a été une année économique décevante et catastrophique à cause non seulement des troubles sociopolitiques, mais aussi à cause de l’inefficacité des politiques publiques et politiques économiques mises en place par les autorités.

Comme la tradition le veut, on souhaite une bonne année 2020 à tous et à toutes, que Dieu bénisse Haïti.

 

Riphard Serent, MPA

Economiste

 

 

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