Le secteur privé se déchire entre pro et anti-Jovenel Moïse
La nouvelle est tombée en début de soirée. Le coordonnateur du forum du secteur privé, Frantz Bernard Craan, a remis sa démission. Président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Craan dirigrait depuis des mois le plus grand regroupement d’associations et de groupes du secteur privé haïtien. Sa démission intervient après que le secteur privé eut échoué à prendre position sur la crise politique et les menaces sur les vies et les biens.
Cette démission marque une profonde fissure au sein de la classe d’affaires alors que la zone métropolitaine de Port-au-Prince a enfilé son costume de grève ce mardi 24 septembre 2019.
Sans annonce, la majorité des banques, presque toutes les écoles, le gros commerce se sont mis en congé, a observé le journal, 24 heures après un lundi sous haute tension. Le transport en commun a tourné au ralenti. La sécurité de leur personnel, les risques d’agression et de pillages ont motivé cette fermeture, a appris Le Nouvelliste.
Le journal a appris que le secteur privé, enfermé dans un mutisme sonore depuis des semaines, n’a pas pu s’accorder sur une position commune après cette nouvelle journée perdue, ponctuée d’attaques contre des biens et de l’incendie d’un complexe abritant la succursale d’une banque commerciale. Certaines associations ayant déjà estimé que le président Moïse fait partie du problème et non de la solution sont sur une position encore plus ferme consistant à demander au président de discuter des modalités de son départ du pouvoir, a confié notre source. La fermeture des entreprises pendant plusieurs jours a aussi été discutée.
Cependant, le communiqué du Forum économique du secteur privé n’a pas pu être signé parce que des pontes du secteur privé ont mis leur veto, a aussi appris le journal mardi soir. Le président Jovenel Moïse a encore des appuis puissants au sein de la communauté des affaires, a souligné notre source.
La veille, aux premières heures de la matinée,une fusillade ayant fait deux blessés au Parlement dont un photojournaliste a éclaté lors d’une tentative de tenir la séance de ratification de la politique générale du Premier ministre Fritz William Michel. Le départ en catastrophe de sénateurs conspués sur fond de concert d’armes automatiques n’a pas été le dernier acte de cette journée mouvementé.
En milieu de journée et en fin d’après-midi, des habitants de Port-au-Prince, de Pétion-Ville, de Delmas, de Tabarre ont dû prendre leur mal en patience ou traverser des barricades enflammées alors que des scènes de pillages, d’incendie de véhicules ont été signalés. Le journal a appris plusieurs usagers de la voie publique ont été braqués et dépouillés par des hommes armés, certains circulant à moto.
Source: Le nouveliste