la production alimentaire à cycle court, pour répondre rapidement aux besoins alimentaires de la population

Dans un document de cinq(5) pages produit par l’institut national Haïtien d’observation des politiques publiques(INHOPP), l’agronome Joanas Gay, ancien ministre de l’agriculture et l’économiste Fritz A. Jean, ancien gouverneur de la banque centrale d’Haïti proposent la production agricole à cycle court pour répondre rapidement aux besoins de la population dont 3 millions de personnes sont menacées par une crise alimentaire.

 

Le pays traverse une crise économique et financière depuis plusieurs années. Une situation qui s’est malheureusement empirée avec la crise politique de ces deux dernières années. La catastrophe sanitaire provoquée par le  COVID-19 a obligé les gouvernements de la planète à confiner plus d’un tiers de la population mondiale chez elle pour empêcher la propagation du virus. Cette décision, qui a du même coup stoppé la machine de production mondiale, ne sera pas sans conséquence économique et financière au niveau international à l’avenir.

Pour ce qui concerne Haïti, les chiffres publiés par la banque de la République d’Haïti, la banque mondiale et le fonds monétaire international ne sont pas les plus réjouissants. Un déficit de 15 milliards de gourdes pour le premier trimestre de l’exercice 2019-2020, un taux de change moyen de 91,87 gourdes pour un dollar américain, un taux d’inflation de près de 20,1%.

 

En raison des turbulences politiques, les importations aussi bien que les exportations avaient chuté de manière significative pour ce premier trimestre. La BRH souligne une baisse de 54% des importations (estimées à 639,28 millions) par rapport au premier trimestre de l’année précédente. Les exportations à hauteur de 176 millions de dollars exhibaient une décroissance moins importante mais aussi pénalisante de 12% par rapport au premier trimestre de l’exercice 2018-2019.

 

Les petites et moyennes entreprises qui constituent le poumon de l’économie haïtienne, particulièrement celles du secteur service (hôtel et restaurant) ont observé impuissantes le plongeon de leurs chiffres d’affaires. Le secteur touristique frappé de plein fouet a perdu la moitié de son chiffre d’affaires. Pendant des périodes longues de 3 mois, intercalées de quelques temps de répit, on observait de centres métropolitains aux arrêts complets. Selon une enquête  menée par la BRH auprès des entreprises du pays, 65% ont révélé la mise en disponibilité de 10 à 25% de leurs effectifs. II en résulte bien évidemment la difficulté pour ces entreprises de faire face à leurs obligations bancaires.

 

C’est donc une économie en détresse qui est frappée par le coronavirus on . Le gouvernement impose des mesures d’urgence sanitaire qui frappe de plein fouet des secteurs importants de la vie nationale. Les écoles sont fermées, les deux aéroports internationaux, celui du Cap-Haïtien et de Port-au-Prince, sont fermés ; l’interdiction d’attroupement de plus de 10 personnes qui pénalise les restaurants, les spectacles ; la fermeture des usines de sous-traitance mettant à pied des dizaines de milliers d’employés ; et bien sûr, le couvre-feu de 8 PM à 5 AM qui paralyse les activités de nuit.

 

Malgré la situation alarmante, l’INHOPP croit que cet état de fait, quoi qu’apparemment catastrophique, peut se révéler une fenêtre d’opportunités selon le document publié par ces experts sur la relance de la production alimentaire. Il est évident que dans 3 mois ou moins, une pénurie de biens de consommation de base va se faire sentir dans le pays. L’institut national haïtien d’observation des politiques publiques souligne qu’ne crise d’offre aiguë se profile à l’horizon. Et ceci, pour plusieurs raisons : La campagne agricole d’hiver 2019 perdue, la campagne agricole de printemps 2020 sévèrement compromise, la fermeture de la frontière haitiano-dominicaine qui va perturber la livraison des marchandises sur le marché local sans oublier l’anticipation d’une diminution des flux de marchandises en provenance des Etats-Unis ; et la prévision d’un arrêt temporaire des marchandises provenant de l’Europe.

 

Toutefois, au lieu d’avoir peur de la crise qui se profile et se confiner à des actions non durables, les experts de l’INHOPP pensent que les autorités en place peuvent en profiter pour donner un nouveau souffle à l’agriculture. Des mesures ciblant la production à cycle court permettra d’amortir le choc prévu dans 3 mois, et du même coup, réduire la pression sur le marché des changes. Dans cet esprit, la stratégie de politique agricole ne peut se confiner à donner des semences ou des engrais à des agriculteurs non équipés, mais plutôt, prendre en compte les limites actuelles du système de production agricole, et aussi prendre en considération les mesures d’urgence pour éviter la propagation du virus.

 

Dans ce sens, la mécanisation s’avérerait important pour éviter au maximum le contact direct entre les agriculteurs d’une part. D’autre part, l’agronome Joanas Gay et Fritz Jean, les deux experts ayant travaillé sur ce document, proposent une politique agressive qui doit prendre en considération la conservation et le transport avec une attention sur les techniques de transformation. au nombre des produits proposés, l’INOPP souligne le manioc doux, le maïs vert, le Sorgho à cycle court, les cultures maraichères dans les zones de haute altitude et de moyenne altitude.

 

L’ancien ministre de l’agriculture et l’ancien gouverneur de la banque centrale proposent également un plus grand effort de multiplication des plateformes de partage d’information constituant la clef de voûte pour une valorisation plus efficace des ressources du secteur, en ces temps de crise. Il est possible d’affiner ces informations avec les méthodologies mises au point au CNIGS, financé par l’USAID.

 

Recommandations stratégiques de l’INHOPP

Dans ce document, les experts de l’institut national Haïtien d’observation des politiques publiques proposent également de déclarer l’état d’urgence humanitaire en lieu et place de l’etat d’urgence sanitaire trop restrictif pour prendre en considération d’autres domaines d’intervention que le secteur santé; de réunir l’ensemble des bailleurs pour une révision des projets agricoles déjà en exécution, ceci pour une révision de portefeuille et une adaptation des activités avec les exigences du moment; et la révision les crédits alloués au MARNDR pour une éventuelle rectification budgétaire.

 

Source: HPN

 

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