Le testament de Michel-Ange Gédéon, directeur général de la Police Nationale d’Haïti

Nous publions ci-après une interview réalisée avec le directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Michel-Ange Gédéon, qui boucle son mandat de trois ans à la tête de l’institution.

 Monsieur le directeur général, vous bouclez votre mandat de 3 ans à la tête de la PNH. Pouvez-vous faire votre bilan ?

Michael-Ange Gédéon (DGPNH) : Dès le début du processus de ma nomination à la tête de la PNH, j’avais élaboré un plan d’action de 3 ans, dans lequel j’avais exprimé mon souhait de transformer la PNH en une institution plus professionnelle, plus mobile et opérationnelle et plus respectueuse des droits de l’homme. Cette vision qui a été reprise dans le Plan de développement 2017-2021 a conduit mon administration à adopter un certain nombre de mesures de renforcement institutionnel, associées aux cinq axes stratégiques consacrés par ledit plan, dont :

L’Axe I : Renforcement du cadre institutionnel et règlementaire :  Nous avons finalisé un nouveau projet de loi organique pour la PNH et adopté une dizaine de nouvelles directives, destinées à renforcer le cadre règlementaire des principales directions centrales ou unités spécialisées de la PNH ;

L’Axe II :   Développement des ressources humaines : Grâce au renforcement des structures d’accueil au niveau des centres de formation, nous avons fait passer l’effectif de la PNH de 10 mille en 2015 à 15 937 policiers aujourd’hui, dont 1563 femmes. De plus, nous avons mis l’accent sur le renforcement du niveau technique des cadres intermédiaires, ce qui nous a permis de former trois cohortes de commissaires de police.

Des boursiers ont été formés à l’extérieur, dont les principaux sont :

Neuf cadres ont été formés au Collège interaméricain de défense (IADC) de Washington ;

Trois à la PDI (Police d’investigation du Chili) ;

Deux à l’École des carabiniers du Chili ;

Avancement et élévation en grade à titre exceptionnel des agents 4 issus des promotions de 1995 y compris ceux de Regina et de la Police intérimaire. Cette mesure visait à stimuler, motiver les pionniers et en même temps combattre la frustration de cette catégorie de policiers.

L’octroi de la carte de débit prépayée à tous les policiers des unités spécialisées de l’institution.

Un meilleur encadrement des familles des policiers décédés par l’organisation de rencontres, de dialogues, de distribution de jouets aux enfants dans des occasions appropriées comme la Noël,  sensibilisation des autorités pour des chèques ponctuels lors de l’ouverture des classes, entre autres.

L’organisation de plusieurs concours de franchissement de grade à l’intention des inspecteurs visionnaires et des agents 4 pour régulariser la pyramide des grades au sein de l’institution.

L’académie nationale de police va recevoir une classe de médecins qui seront des commissaires et des inspecteurs de police dans un avenir pas trop lointain. Ils complèteront le personnel médical de l’hôpital de la PNH.

L’Axe III : Renforcement de l’administration et de la communication : Dans le souci de rendre la gestion financière de la PNH plus rationnelle et transparente, nous y avons introduit de nouvelles mesures de contrôle et de gestion comptable, tels, des logiciels de gestion des comptes courants, l’emploi de commissaires pour assurer le respect de l’intégrité des processus d’appel d’offres (…). Pour ce qui est du système de communication de la PNH, nous avons procédé au renouvellement de tous les appareils et bases de radio et mis en service une fréquence plus sécurisée afin d’empêcher les tentatives d’interception de la communication de la police par le milieu mafieux.

Nous avons pris des mesures d’épuration notamment relatives aux chèques des policiers résidant à l’extérieur ou séparés du service. Sur cette base, 99 443 225.99 gourdes ont été récupérés.

Les armes des policiers révoqués ou séparés du service pour une raison ou pour une autre ont été également retrouvées. 834 armes, tout type et calibre confondus, ont été remises à la PNH par des parents, amis et proches d’anciens policiers.

L’Axe IV : Amélioration de la gouvernance sécuritaire : Mon administration a produit dès le lendemain des élections de 2016 une « Analyse de risque » qui laissait croire que le pays ferait face bientôt à deux grands faits négateurs de l’ordre et de la sécurité publique, à savoir la multiplication des phénomènes de mobilisation collective (manifestations antigouvernementales, débordements de rue, émeutes)  et une multiplication des gangs armés. Dans le souci de contenir ces menaces à la sécurité, nous avons pris des dispositions pour renforcer les capacités opérationnelles des directions actives et des unités d’intervention de la PNH. À preuve, nous avons procédé au renforcement des effectifs et des moyens matériels du CIMO, des UDMO et du SWAT. Nous avons réorganisé le CBIM et créé une direction de la Police frontalière forte déjà de 480 policiers. Ainsi, bien que nos capacités offensives face à certains gangs armés  restent limitées, du fait que nos demandes d’acquisition de camions blindés et de munitions n’ont pas encore abouti, nous avons néanmoins pu réussir à contenir la violence urbaine à un niveau en deçà des années antérieures à mon mandat. En effet, selon le rapport de 2018 de l’organisation « Insight crime », avec un ratio de 6.67 homicides sur 1000 habitants, Haïti est classée à la 17e place parmi 22 pays du sous-continent. Les trois pays les plus violents sont le Venezuela (81.7), le Salvador (51) et la Jamaïque (47). La République dominicaine occupe la 14e place avec un ratio de (10.4).

L’Axe V : Développement infrastructurel : Dans le cadre du renforcement des patrimoines physiques de la PNH, nous avons été motivés par trois raisons particulières :  (1) améliorer les conditions matérielles de travail des policiers dans les commissariats, ainsi que les conditions de détention dans les prisons ; (2) adapter les établissements de police aux besoins spécifiques des femmes policières, de manière à promouvoir l’intégration et le maintien davantage de femmes dans la PNH ; (3) renforcer le maillage du territoire, en multipliant les sous-commissariats et les postes de police dans les communes ou zones stratégiques qui en étaient jusque-là dépourvues.

Notre engagement dans ce domaine nous a permis de :

Aménager ou construire au profit de la Polifront quatre nouvelles bases pour permettre à cette unité de mieux couvrir les zones frontalières ;

Construire trois nouvelles bases en région pour le BLTS, deux nouveaux Commissariats, trois sous-commissariats, quatre Antennes, un Atelier de couture, deux prisons ;

Nous avons rendu opérationnelles les directions de la règlementation juridique et des Renseignements généraux ;

Nous avons créé :

la coordination des directions départementales pour une meilleure articulation entre le commandement et les directeurs départementaux ;

Le service de santé de la PNH, un corps médical avec des cadres médecins policiers ;

Un atelier de couture pour une uniformisation de l’uniforme de la PNH ;

Une unité de cybercriminalité au niveau de la DCPJ

Etc.

En plus, nous sommes en train d’équiper le bâtiment qui sera l’hôpital de la PNH à Bon Repos.

Nous sommes en train d’implémenter un projet de fusionnement CIMO-UDMO en une unité nationale de maintien de l’ordre.

LN : Le Plan de développement de la PNH a-t-il été exécuté avec satisfaction, en tout ou en partie, à quelles difficultés vous êtes-vous confronté ?

DGPNH : Le Plan stratégique de développement 2017-2021 a été approuvé officiellement par le Premier ministre en juillet 2017. Les cinq axes stratégiques du plan, que j’ai mentionné plus haut étaient initialement déclinés en 25 activités prioritaires et en 133 actions. Pour assurer l’exécution de ces actions, ledit plan prévoyait pour la première année de son exécution (juillet 2017-juin 2018) un financement de US 71 595 517,76 de la part de l’État haïtien. Malheureusement, celui-ci n’a pu consentir pendant cette période qu’un montant de US 9 779 340, 01, ce qui équivaut à moins de 86,39% du financement initial. Au cours de la période 2018-2019, la PNH n’a reçu jusqu’à présent de l’État haïtien que seulement 4,24% du financement prévu pour la deuxième année d’exécution du plan, soit moins de 96%, du montant global consacré pour ledit Plan 2017-2021.

Toutefois, en dépit de ce sous-financement, nous avons dû optimiser l’utilisation des ressources humaines et financières disponibles pour mettre en œuvre le plus grand nombre d’actions possibles, ce qui nous a permis d’accuser un taux de progression de 27.6% durant la première année de mise en œuvre du plan et un taux de 33.9% au cours de la deuxième année en cours.

Malgré tout ce que nous avons accompli en terme de mise en œuvre du Plan de développement 2017-2021 de la PNH, pendant les deux premières années, j’estime que nous aurions pu faire encore beaucoup mieux si mon administration n’était pas handicapée par des soucis budgétaires.

LN : Avez-vous le sentiment d’avoir obtenu le plein appui du président Jovenel Moise, du Parlement et de la justice ?

DGPNH  : Comme je l’ai toujours dit, la Police nationale d’Haïti est et doit demeurer une institution républicaine, apolitique et de service public. Malheureusement, bien que nous nous réclamions de tous des principes démocratiques, nous sommes peu nombreux à être tolérants envers ceux qui veulent mettre en pratique ces  principes démocratiques. Ceci dit, dans une société aussi polarisée et conflictuelle qu’est Haïti, la volonté d’avoir le contrôle sur la force publique du pays, qu’elle soit l’armée ou la police a toujours tenté presque tous les gouvernements. Lorsqu’en plus celui qui dirige la PNH n’a pas été nommé par le pouvoir, il parait presque naturel que les préjugés et la méfiance, souvent entretenus par des gens malhonnêtes proches du pouvoir, parasitent les relations entre le président de la République et le chef de la police.

Pour répondre à la question, je dirais tout d’abord que si mes relations avec le président de la République ont été souvent bonnes, elles ont été quelque fois pas trop correctes. Cette évolution en dents de scie de nos rapports aura d’ailleurs des conséquences contreproductives aussi bien sur la gouvernance sécuritaire que sur la gouvernance politique en général.

Par ailleurs, si on fait l’impasse des rapports entretenus par certains parlementaires avec des chefs de gang, je qualifierais d’excellentes mes relations avec le Parlement. À preuve, des cadres de mon administration ont collaboré à leur niveau à plusieurs initiatives ou aux travaux réalisés par le Parlement, tels que les projets de réforme du code pénal et du code d’instruction criminelle, ainsi que les travaux préparatoires à la réforme de la Constitution conduits par une commission de la Chambre basse. Jusqu’à aujourd’hui, je continue à travailler avec les parlementaires afin d’établir les meilleures stratégies qui permettraient d’implémenter la Police rurale et la police parlementaire.

En outre, la situation avec la justice est plus complexe, car si l’opinion publique ne retient que les cas de libération par certains juges de quelques dangereux suspects appréhendés par la police, beaucoup ignorent que les parquetiers et les magistrats exercent leurs fonctions dans des conditions matérielles extrêmement précaires. C’est justement cette précarité structurelle qui est à la base de la mauvaise gouvernance judiciaire et qui complique la tâche des policiers dans la lutte contre la criminalité. La justice et la police étant deux éléments importants dans la lutte contre l’impunité et l’insécurité, je ne peux que plaider en faveur de meilleures conditions de travail pour le personnel de la justice, de sorte que toute la chaîne pénale s’en retrouve renforcée.

LN : La PNH est souvent pointée du doigt à chaque poussée des actes de banditisme. Avez-vous le sentiment qu’elle a été laissée seule dans la production de la sécurité et qu’elle fait les frais des faiblesses d’autres entités de l’appareil sécuritaire répressif  et juridique de l’État.

DGPNH: La PNH est souvent pointée du doigt à chaque poussée des actes de banditisme parce que notre société fait face à un déficit de formations et d’informations. D’après les sociologues et en particulier, les théoriciens de la sécurité publique, la sécurité, en tant que besoin primaire, ne relève pas exclusivement de la police. Elle exige la participation de divers acteurs des secteurs public et privé. « La police ne peut, elle seule, combattre le désordre et assumer le contrôle social. D’autres acteurs et groupes sociaux doivent être mis à contribution. ».[1] La sécurité est un travail collectif.

À la lumière de ces réflexions, on peut comprendre que le problème des gangs armés n’est pas né un beau matin ; il est la résultante d’une série d’occasions manquées, d’une série de facteurs d’ordre structurel et conjoncturel dont l’impunité, l’instabilité politique, l’insouciance de l’État, la faillite de l’éducation, la faillite des organes de socialisation (famille, église, école), entre autres.

Quand toutes les institutions ont échoué, la police se retrouve avec tous les canards boiteux sur les bras et les prisons deviennent pléthoriques. Voilà le problème aujourd’hui. Les moyens de prévenir l’insécurité dans une société sont entre autres : une bonne éducation, un bon contrôle social, une bonne socialisation. La police n’est responsable d’aucun de ses facteurs. À bien regarder aujourd’hui, la police en est victime. C’est la déchéance de toute une société. Face à ces problèmes constants, la police haïtienne devrait être une police suréquipée alors qu’elle est sous-équipée quand des bandits sont protégés et superéquipés. Le monde à l’envers, diriez-vous. Nos policiers sont les nouveaux Capois Lamort de notre histoire.

Puisque nous avons passé tout notre temps à considérer l’éducation comme une activité de seconde zone, nous n’avons pas su former des gens qui marchent au temple de l’honneur, mais plutôt ceux qui vont tout droit et avec frénésie à la caverne de l’infamie. Les bandits sont partout dans toutes les institutions. Parfois, ils portent chemise blanche et cravate et roulent en grosses cylindrées. Ils sont et resteront dans la caverne de l’infamie. Le travail de la police devient de plus en plus compliqué.

Cela fait longtemps que des chefs de gangs tombent, d’autres ont pris la relève et ainsi de suite. Le système se renouvelle au grand dam de l’État. La police travaille en aval, que fait l’État en amont pour éviter qu’on en arrive là ? Là est toute la question.

Je me permets en plus d’apporter un double éclairage à cette conception simpliste et restrictive du concept de sécurité :

D’abord, l’insécurité d’ordre criminel n’est ni la seule ni la plus grande menace de sécurité qui caractérise la société haïtienne, les accidents de la circulation, liés souvent au mauvais état de nos routes, aux catastrophes naturelles, au trafic de médicaments contrefaits, à l’insécurité alimentaire (…) font longtemps plus de victimes que la violence criminelle.

D’un autre côté, la lutte contre la criminalité ou les violences requiert des moyens ou des actions qui ne sont aucunement à la charge de la PNH, tels que la répression des contrebandes d’armes ou de munitions (les douanes), l’éclairage des quartiers pour prévenir la délinquance (les mairies), la lutte contre l’impunité (la justice), l’aménagement territorial pour lutter contre les bidonvilles et les constructions anarchiques (le ministère des Travaux publics)… Autant dire, il arrive souvent que l’aggravation du niveau d’insécurité n’est que la conséquence de mauvaises décisions ou comportements adoptés par des politiques ou  le résultat du sous-financement de la PNH ou de l’insuffisance des fonds destinés aux  renseignements. Tout cela prive l’institution policière de ses moyens de prévention et de répression des gangs.

LN  : L’arrestation du chef de gang Arnel Joseph a montré un certain niveau de proximité entre au moins un élu et des chefs de gang. Comment la république doit gérer ces genres de problèmes qui handicapent la police, la justice et conforte l’idée que l’impunité est érigée en système ?

DGPNH  : Depuis quelque temps, certaines informations ou rumeurs tentent effectivement d’associer le nom de certains hommes politiques à des gangs. Ce phénomène de collaboration entre les politiques et les chefs de gang, notamment lors des périodes pré-électorales ne fait pas qu’avilir l’image du pays et celle de nos représentants politiques à l’étranger. Il a aussi pour effet d’impacter négativement la situation sécuritaire générale du pays, du fait de la protection dont peuvent bénéficier ces bandits recherchés. Ainsi, pour assurer une lutte efficace contre la criminalité et l’impunité, il est essentiel d’intervenir à deux niveaux :

Dans un premier temps, il revient au gouvernement d’identifier ces mains politiques de l’insécurité, pour ensuite les neutraliser, en les dépouillant de leurs fonctions ou de leur immunité, afin de permettre à la justice de sévir.

Dans un second temps,  la responsabilité morale reviendrait à l’ensemble des citoyens, lesquels doivent éviter de choisir lors des élections des hommes politiques suspectés de connivence avec des gangs.

  LN  : Comment pourriez-vous qualifier le support des États-Unis, du Canada et de la France à la PNH ?

DGPNH  :  Ces trois gouvernements n’ont pas cessé de supporter la PNH depuis 24 ans, tant au niveau bilatéral qu’en terme d’initiatives adoptées au niveau multilatéral. Même si aujourd’hui leur soutien financier a diminué considérablement pour permettre à l’État haïtien de s’engager davantage et de jouer pleinement sa partition en faveur de la PNH, ils continuent néanmoins d’appuyer l’institution policière dans plusieurs domaines majeurs, tels que le domaine de la formation (augmentation de l’effectif du personnel policier et amélioration de la formation des commissaires), le domaine opérationnel (renforcement des capacités opérationnels du BLTS, des garde-côtes, de la Polifront, appui du projet de fusionnement CIMO-UDMO), le domaine stratégique (appui technique et matériel à l’unité de planification stratégique de la PNH), au niveau administratif (soutien à l’hôpital de la PNH et à l’Administration pénitentiaire), soutien des États-Unis en particulier à la formation de base depuis plus 24 ans, entre autres. Il va sans dire que sans le support continu de ces partenaires étrangers, l’Institution policière ne serait jamais arrivée à atteindre ce niveau de professionnalisme qui fait aujourd’hui sa force. C’est peut-être l’occasion pour moi de joindre une nouvelle fois ma voix à celle de tous les policiers, tous grades et fonctions confondus, pour témoigner à nos différents partenaires internationaux nos sentiments de gratitude publiquement.

LN : Policier issu des rangs jusqu’au sommet, quel regard portez-vous sur la PNH, quel que soit le cas de figure vous concernant, que vous soyez confirmé à votre poste ou pas ?

DGPNH         :  Étant le premier policier de carrière à accéder à la fonction de commandant en chef de la PNH, cette haute responsabilité était apparue tout d’abord comme un nouveau défi à relever, non seulement pour moi-même personnellement, mais aussi pour tous les autres cadres de ma génération et le reste. En effet, mon accession à ce poste était quelque chose d’inédit pour l’institution,qui, en plus de 20 années d’existence n’a jamais été dirigée par un Policier issu de la base. J’ai pu jusqu’ici remplir avec succès mes lourdes fonctions en tant que Directeur général de la PNH, grâce à deux atouts majeurs :

Premièrement, mes longues années de carrière m’ont été d’une grande utilité pratique, vu qu’elles m’ont permis de bien connaitre le terrain, les défis et les besoins de l’institution policière. Ma grande connaissance du contexte institutionnel m’a donc aidé à adopter des mesures tant dans les domaines administratifs, opérationnels et stratégiques  qui correspondent au mieux aux enjeux dans le domaine de la gestion de l’ordre et de la sécurité publique.

Secondement,  pour relever ce défi, j’ai pu compter sur la loyauté et le sérieux de mes collaborateurs les plus proches et surtout sur le soutien des cadres policiers qui,  dès ma nomination à ce poste, se sont empressés de serrer les rangs autour de moi et de m’offrir leur pleine collaboration. Je veux profiter de cette opportunité pour leur adresser mes plus vifs remerciements. Ils se connaissent.

LN : Certains disent que vous avez un mauvais bilan et que vous ne devriez pas être reconduit. Que répondez-vous à cette opinion ? 

DGPNH : Dans les réponses fournies aux questions antérieurement posées, vous pouvez bien voir si le bilan est positif ou négatif. Vous voudrez bien comparer les indicateurs de criminalité pour Haïti aux autres pays de la région. Alors que dans les autres pays, il y a la co-production de la sécurité, ici, il n’y a que la PNH. Je mentionnerai pour contextualiser que nous avons obtenu ces résultats au moment du départ des soldats de l’ONU, de la réduction des UNPOL (les policiers des Nations unies), du retrait définitif des FPU (Formed Police Unit), donc à un moment où on n’a pas eu le même support dissuasif des forces onusiennes. Malgré tout, nous avons obtenu ces résultats avec des problèmes logistiques de toutes sortes, des moyens limités, nous avons pu garder la tendance à la baisse.

Quoi qu’il en soit, en tant que professionnel de la force publique, mon souci premier n’a jamais été ma reconduction à la tête de la PNH, mais la sécurité de la population en fonction de l’art 269-1 de la Constitution. Mon souci a été également de contribuer à ce que la PNH offre une meilleure image d’elle-même, que nos policiers fassent ce qu’on appelle en football des interventions propres, c’est-à-dire sans faute, sans vaine agressivité. Bref, en respectant les droits de la personne ; ma priorité a été de voir augmenter la qualité de vie de nos policiers.

J’étais agent de police, je connais les problèmes des agents qui sont au bas de l’échelle, je sais qu’ils mènent une vie difficile. Je voulais contribuer à changer tout cela. Mais les moyens nous parviennent au compte-goutte.

La reconduction n’est que la cerise sur le gâteau. Je voulais une police professionnelle avec des agents et des cadres compétents, sérieux, honnêtes, neutres, non inféodés à la politique. C’est ce message que je lance encore aujourd’hui. Je souhaite une Haïti où toutes les forces vives de la nation se mettent autour de la police pour la sécurité des vies et des biens. Voilà ce qui m’intéresse.

 

Source: Le Nouvelliste

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