Dany Laferrière élevé à la dignité de Gardien du livre
Dany Laferrière, invité d’honneur de la 25e édition de Livres en folie, a été élevé à la dignité de Gardien du livre par les organisateurs de la foire. L’annonce a été faite au cours d’un cocktail offert en son honneur, mardi au Karibe Convention Center, en présence de deux cents invités issus du gratin du monde littéraire haïtien.
« Par la présente, le titre de Gardien du livre est décerné à Dany Laferrière né Windsor Klébert Laferrière par les organisateurs de Livres en folie en reconnaissance de son apport inestimable à la cause de la lecture, du livre et de la création littéraire ».
Ce 18 juin, une autre page vient d’être ajoutée à l’immense carrière de Dany Laferrière, l’enfant chéri de Petit-Goâve. Le titre Gardien du livre, décerné par Le Nouvelliste et la Unibank, récompense, selon Frantz Duval, ceux qui contribuent à l’avancement du livre et de la lecture.
Le récipiendaire Dany Laferrière a fait part de son émotion pour cette marque de distinction. « Ce n’est pas un prix mais une distinction », estime-t-il. Il a souligné que le titre Gardien du livre lui rappelle un autre titre qui lui a été attribué par le New York Times. Celui du gardien de la langue. Dany Laferrière, comme d’habitude, n’a pas manqué de paraphraser son auteur préféré Jorge Luis Borges quand ce dernier avait été nommé directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine en 1955. « Je n’ai vécu que pour ça », a-t-il déclaré, sous les applaudissements du public.
Avant l’annonce de la distinction, les organisateurs sont tour à tour revenus sur l’importance de cette 25e édition de Livres en folie. Emmelie Prophète, cheville ouvrière de cette grande manifestation littéraire, croit que celle-ci devient une institution à part entière. Ce, grâce à l’adhésion de tout un chacun, au travail sans relâche des organisateurs qui ont réussi à la proposer chaque année, même en des temps difficiles.
« Des dizaines et des dizaines de mains ont écrit l’histoire de Livres en folie. Il y a 25 ans, certains des auteurs présents dans la salle n’étaient pas nés. Et ils sont là aujourd’hui parce qu’il sont tombés dedans petit. Une folie. Une ambition saine et juste de faire circuler le livre, d’offrir plus d’opportunités et de latitudes à ceux qui font le métier de dire le monde. De dire notre pays. D’en donner ses saveurs », a expliqué Emmelie Prophète.
Avant d’introduire l’immortel Dany Laferrière, Frantz Duval a rendu un hommage appuyé aux mortels qui, avant la séparation finale, ont permis à Livres en folie, à leur façon, grâce à leur contribution, d’être aujourd’hui, à sa 25eme édition. « Je ne pourrai pas citer tous les noms, mais comment ne pas parler de Carlo Désinor, rédacteur en chef du Nouvelliste à l’époque des premières éditions de la foire et qui fut auteur en signature à Livres en folie? Comment ne pas citer Georges Anglade, celui qui a permis à la foire de passer à une autre dimension en 1999? Comment ne rien dire de Leslie Manigat ou de Marc Bazin, ces politiques qui ont accepté de respecter les règles de la foire? Je veux aussi rendre hommage à Michel Georges Lescouflair, auteur d’ouvrages érotiques qui ouvrira la porte à une belle relève, et dans cette liste qui restera incomplète, comme toutes les listes de ce soir, je veux citer Jean Claude Fignole, le seul écrivain qui renonça à être invité d’honneur », a détaillé FD.
Le rédacteur en chef du Nouvelliste a également remercié les sponsors qui ont toujours accompagné la foire depuis que la Unibank et Le Nouvelliste ont fait le premier pas pour la concevoir et la font vivre d’année en année. Il a salué la mémoire de Thierry Gardère de la Société du Rhum Barbancourt qui non seulement a rejoint l’équipe de Livres en folie mais aussi avait créé le plus riche des prix littéraire haïtien, la Bourse Barbancourt. Frantz Duval a également eu des mots pour les petites mains des maisons d’édition et de la machine Livres en folie qui travaillent de janvier à août pour la réussite de la foire de la fête Dieu.
Carl Braun, président directeur général de la Unibank ne regrette pas d’avoir accepté la suggestion de Max Chauvet, directeur général du Nouvelliste, de créer un événement qui appuie les écrivains et rehausse la culture nationale. « C’était une excellente idée 25 ans plus tard, nous sommes convaincus que c’était une excellente idée », a-t-il dit, insistant sur la nécessité de continuer à supporter la culture nationale, l’élément qui nous unit malgré nos divergences.
Pour sa part, Max Chauvet a insisté sur l’esprit du partage qui anime Livres en folie depuis le début. C’est d’ailleurs ce qui vaut à Dany Laferrière d’être invité à cette édition plus que symbolique. « Livres en folie c’est avant tout le partage. Partage de connaissances, d’expériences, de sentiments, partage entre auteurs et lecteurs, entre sponsors et maisons d’édition. Le succès de Livres en folie c’est cet esprit de partage », a-t-il dit, espérant que cela perdure à travers le temps.
La soirée s’est achevée après un one man show de Dany Laferrière qui a présenté sa vision du monde autour dune tasse de café et de ses incontournables avocats et mangues.
En dépit des temps incertains, l’assistance est restée jusqu’au bout de sa prestation sans s’inquiéter de l’heure.
Jean Daniel Sénat
Le Nouvelliste