Ferme à son poste, Jovenel Moïse appelle ses adversaires à respecter la Constitution
Dans une adresse à la nation d’environ six minutes mercredi soir, le président de la République a fixé sa position sur quatre journées de paralysie totale des activités à Port-au-Prince et dans la plupart des villes de province sans faire référence à ces récents événements. Jovenel Moïse annonce la réactivation de la commission de désarmement et de réinsertion et confie à son Premier ministre la mission de conduire le dialogue avec tous les secteurs du pays…
À cor et à cri, l’opposition politique exige la démission du président de la République. Après la manifestation du 18 novembre, le pays vient de vivre sa troisième journée de paralysie totale de toutes les activités. En réaction, le chef de l’État a déclaré dans une adresse à la nation : « C’est dans le cadre de la démocratie que le peuple haïtien m’a élu président dans des élections libres et honnêtes comme le veut la Constitution. »
Il a rappelé à ses adversaires que le pays s’est doté depuis plus de 30 ans d’une Constitution basée sur la démocratie. « C’est grâce à la démocratie que chaque citoyen peut s’exprimer librement, sans contrainte », a-t-il dit.
Après quatre jours de silence, c’est un Jovenel Moïse visiblement confiant qui s’est adressé à la nation mercredi soir dans un message préenregistré diffusé sur la Télévision nationale d’Haïti (TNH). « Durant les cinq ans de ma présidence, personne, je dis bien, personne, sous quel que soit le prétexte, ne peut menacer les intérêts du pays ni mettre la nation en danger », a-t-il fulminé avec autorité.
Jovenel Moïse a fait savoir à ses adversaires politiques que la démocratie exige des sacrifices et le respect des règles. Selon lui, rien ne peut justifier des menaces de mort ni des assassinats. Il a fait savoir que tout contrevenant à ses principes sera sanctionné par la justice.
« J’ai une pensée spéciale pour toutes les victimes des actes de banditisme, spécialement les policiers. Je me souviens du policier Jurond Durosier qui servait son pays avec compétence, tué par des bandits dans des conditions déshonorables », a-t-il soupiré.
Pour le président, le Premier ministre qui est le chef du CSPN, doit permettre à la police d’appréhender les auteurs de cet assassinat pour qu’ils soient jugés et condamnés.
Cependant, le chef de l’État n’a rien dit sur ce qui ressemble à un massacre perpétré à La Saline où, selon des organisations de défense des droits de l’homme, une vingtaine de personnes auraient été tuées la semaine dernière. Leurs corps ont été soit brulés ou jetés sur des monts d’immondices.
Par ailleurs, Jovenel Moïse invite ses opposants à attendre les élections pour prendre le pouvoir. « La bataille politique doit se faire sur les idées, sur des discussions qui amènent aux élections. Elle ne peut pas se faire dans les casses… », a-t-il ajouté. Le chef de l’État a rappelé que depuis 32 ans ces situations similaires ont rendu le pays plus pauvre.
Avec lui dans cette adresse à la nation, le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur, de la Justice, le secrétaire d’État à la Sécurité publique, le directeur général et l’inspecteur général en chef de la police, Jovenel Moïse, a rappelé à maintes reprises qu’il est le président de la République. Il a tenté de convaincre ses opposants que demain, ils pourront être au Palais national comme lui.
Encore une fois, Jovenel Moïse a lancé un appel au dialogue. « J’ai demandé au Premier ministre de rencontrer des gens dans tous les secteurs et de toutes tendances… », a-t-il affirmé.
Il a aussi demandé à Jean-Henry Céant de prendre toutes les dispositions pour, a-t-il précisé, garantir la sécurité des vies et des biens de la population. « Le gouvernement doit prendre toutes les dispositions pour créer pour rétablir dans paix dans le pays et l’apaisement social dans les quartiers défavorisés… », a-t-il demandé.
Le chef de l’État a dit passer des instructions pour réactiver la commission de désarmement et de réinsertion.
Dans cette adresse à la nation reportée mardi soir pour être enfin publiée 24 heures après, le président n’a rien dit sur la manifestation du 18 novembre dernier ni sur les quatre journées de paralysie totale de toutes les activités à Port-au-Prince et dans la plupart des villes de provinces. Il n’a pas non plus cherché à mettre la population en confiance pour les inciter à vaquer à ses activités.
Le chef de l’Etat n’a rien dit non plus sur le dossier de PetroCaribe.
Robenson Geffrard
Le Nouvelliste