PetroCaribe : l’ULCC dit pouvoir aller plus loin que la Cour des comptes
L’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) est déjà saisie du dossier PetroCaribe. Elle fait la mise en place et attend le travail de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) a fait savoir, jeudi, le directeur général de l’ULCC. Cependant, David Basile a souligné que l’ULCC est mieux placée que la Cour des comptes pour faire la lumière sur l’utilisation du fonds PetroCaribe. Toutefois, il se plaint du manque de moyens financiers et de ressources humaines.
L’ULCC n’est pas encore intervenue dans le dossier PetroCaribe « parce que le Parlement avait déjà été saisi du dossier et l’a envoyé à la Cour des comptes. Nous sommes en pourparlers avec ladite Cour qui ne peut que faire un audit sur les pièces et sur les gens qui étaient responsables des projets. Elle n’a pas l’expertise pour entrer en profondeur dans le dossier. C’est pourquoi on a créé l’ULCC qui peut aller plus loin dans les démarches de corruption…», a avancé David Basile, qui participait jeudi à un atelier de travail sur la corruption organisé par la commission Justice et Sécurité de la Chambre des députés.
Selon le directeur général de l’ULCC, dans ses enquêtes, la Cour supérieure des comptes ne peut pas voir s’il y a eu surfacturation, concussion, trafic d’influence, passation illégale des marchés… dans les dossiers qu’elle examine.
Pour éviter une sorte de face-à-face entre des institutions de l’État, le directeur de l’ULCC dit attendre la finalisation du travail de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif. «Nous sommes obligés d’avoir une attitude très étatique dans le cadre de ce dossier. On attend, il y a une façon d’aborder les dossiers», a-t-il ajouté.
David Basile dit faire la bonne mise en place avant de travailler sur le dossier PetroCaribe. « La lutte contre la corruption est un plat qui se mange à froid », a-t-il affirmé, soulignant que l’ULCC a déjà commencé à travailler sur le dossier.
«Souvan an Ayiti moun ou wè ki pi cho nan denonse yon bagay se pou l kapab afebli l», a dénoncé le directeur de l’ULCC, qui dit parler de la sorte vu ses expériences.
Il a fait savoir que la loi lui fait obligation d’être confidentiel dans le traitement des dossiers. Parallèlement, il a promis de tenir la population informée des avancées sur l’enquête relative à l’utilisation du fonds PetroCaribe.
Pour le directeur de l’ULCC, le dossier PetroCaribe est un dossier international parce que, a-t-il précisé, des compagnies étrangères ont été engagées, les fonds venaient de l’étranger. «Il faut aborder le dossier avec sérieux afin d’aboutir à des résultats qui ne sont pas politiques, mais techniques…», a-t-il avancé, répondant aux questions des journalistes.
Dans le traitement du dossier PetroCaribe, David Basile croit pouvoir compter sur l’appui des partenaires étrangers sans pour autant les nommer. Selon lui, dans ce dossier, il ne faut pas épingler des gens, mais suivre les traces de l’argent qui conduiront, a-t-il souligné, à des adresses.
Il a appelé la population à faire confiance aux institutions du pays. Même s’il a été nommé par le président de la République, il a affirmé ne pas être inféodé au pouvoir pour autant. «Le dossier PetroCaribe est un plat qui doit se manger à froid», a-t-il martelé pendant deux fois, promettant à la population que la lumière sera faite sur ledit dossier. «C’est une obligation», a-t-il assuré.
En revanche, David Basile a fait savoir que l’ULCC a besoin de plus de moyens pour faire son travail. Selon lui, l’Unité de lutte contre la corruption doit renforcer son personnel, particulièrement les commissions d’enquête. «Nous fonctionnons actuellement avec seulement deux commissions d’enquête de cinq personnes chacune pour tout le territoire», se plaint-il.
L’ULCC a un budget d’environ 144 millions de gourdes, il lui faudrait un milliard de gourdes et dix commissions d’enquête pour bien faire son travail, selon les estimations de David Basile.
L’Unité de lutte contre la corruption a 13 ans «et ce n’est qu’avec l’arrivée du président Jovenel Moïse qu’on commence avec le concept de lutte contre la corruption», a déclaré David Basile comme des lauriers jetés aux pieds du chef de l’État.
«…mon gouvernement accordera une attention toute particulière à la finalisation des enquêtes, dans les meilleurs délais, sur l’utilisation du fonds PetroCaribe», a déclaré le Premier ministre Jean-Henry Céant dans son énoncé de politique générale.
«J’appellerai tous les organes et les instances concernés de l’État à jouer leur rôle dans la recherche de la vérité, toute la vérité. Je demanderai, au besoin, la collaboration des partenaires d’Haïti dans la recherche de la vérité et la récupération de fonds indûment acquis. Il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs. Les enquêtes ne devront pas se limiter aux sphères de la fonction publique haïtienne», a demandé le chef du gouvernement.