Des gangs font à nouveau la loi à Martissant et ses environs…
Il y a ces « voice notes » « brodcastés » via Whatsapp et ces conversations à voix basse, vendredi matin, entre habitants de Martissant, de Cité-de-Dieu et d’autres quartiers de l’entrée sud de Port-au-Prince qui font froid dans le dos. La cadence des tirs est semblable à celle des zones de guerre, comme la Syrie. « Le concert d’armes automatiques a repris de plus belle », a confié une source au journal. Au fait, depuis des mois, la situation n’a fait que se dégrader au point que des gens, propriétaires de maison à Martissant et dans les parages, se sont résolus à partir, s’est lamentée cette source. Les bandits, quand ils ne sortent pas la grosse artillerie, écument les pauvres gens avec des armes de poing, a poursuivi notre source, qui fait savoir que ces malfrats s’attaquent aussi à des patrouilles de police.
Le directeur départemental de la PNH, Berson Soljour, a confirmé pour le journal qu’une patrouille a été la cible de tirs jeudi. Au petit matin, dans les parages du Théatre national, une autre patrouille a essuyé des tirs, a-t-il poursuivi. Pour éviter de compter des victimes civiles, la police, a expliqué Berson Soljour, a aménagé un couloir sécurisé permettant de connecter la capitale au grand Sud. L’UDMO, la BOID et le Swaat ont effectué des pénétrations dans ces cités chaudes. Les bandits ont ouvert le feu sur les agents de ces unités impliqués dans l’opération qui a permis d’appréhender quatre suspects, des membres du gang d’Arnel.
Si le DDP/PNH reconnaît que le bilan est maigre, il a souligné, une nouvelle fois, que les consignes ont été passées par le directeur général de la police pour mettre ces hors-la-loi hors d’état de nuire. «Nous avançons en synergie afin de résoudre ce problème», a expliqué Berson Soljour, qui a confié au journal qu’un policier attaché à la sécurité rapprochée du sénateur du Sud, Jean-Marie Salomon, a été blessé dans l’attaque du véhicule du parlementaire non loin de l’ED’H, après l’opération de la PNH. Le sénateur n’a pas été atteint par balle, a-t-il précisé.
Entre-temps, le commissaire du gouvernement du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Ocname Clamé Daméus, interrogé sur la situation à Martissant, a confié au journal que le parquet, la PNH et les plus hautes autorités de l’Etat définissent une stratégie. Elle consiste à neutraliser les bandits armés, pacifier les quartiers où ces derniers opèrent avant de passer à la phase de la résolution sociale».
Le sénateur Jean Renel Sénatus, président de la commission Sécurité et Justice du Sénat, a confié être préoccupé par la situation qui prévaut à l’entrée sud de Port-au-Prince, confiant au journal que le directeur général, Michel-Ange Gédéon, sera entendu jeudi au Sénat parce qu’il n’y a «pas de paix réelle à Martissant, à Portail Léogâne, Cité de Dieu comme promis» depuis la dernière convocation après les évènements des 6, 7 et 8 juillet 2018. Pour les populations prises en otage par les gangs, il y a un prix fort à payer. Quand des paisibles citoyens et citoyennes ne se font pas tuer, ils sont blessés par des balles perdues. Des femmes, des enfants sont nombreux à être recensés dans les salles des urgences de certains hôpitaux de la région métropolitaine, avait appris le journal au début de l’été, avant la Coupe du monde, quand la violence avait monté d’un cran.
Roberson Alphonse