Combien coûte un député à la République?

La question de savoir combien coûte un député au Trésor public et les tentatives de réponse qu’elle suscite ne cessent d’enflammer les réseaux sociaux depuis la prise de fonction de la 50e législature. Aujourd’hui encore, la question reste sans réponse satisfaisante et les nombreuses réponses avancées sont de plus en plus floues puisqu’elles n’émanent jusqu’ici, d’aucune source officielle. Face à ce manquement en matière d’information, Le Nouvelliste a enquêté auprès de certaines sources parlementaires afin de mieux mettre en lumière les fameux avantages dont bénéficient nos élus et du coup enrichir le débat qui se fait actuellement sur la nécessité d’octroyer ou non des privilèges énormes aux autorités qui, tous, disent vouloir sauver la mère patrie.

Dès sa prestation de serment au Bicentenaire le 2e lundi du mois de janvier, le député haïtien a droit à une somme de 700 000 gourdes comme « frais de première installation ».

Pour l’aider à réduire la distance séparant sa circonscription et Port-au-Prince, le siège du Parlement, le Trésor public offre à chaque député la somme d’un million de gourdes annuellement pour pouvoir se doter d’une « deuxième résidence ». Les déplacements des élus du peuple sur le territoire sont aussi pris en charge : 29 000 dollars américains leur sont alloués comme subvention pour l’achat d’un véhicule.

Octroyer un véhicule à quelqu’un c’est bien, mais est-ce que la République pense à offrir aux élus du peuple de quoi faire rouler ces hauts cylindrés qui vrombissent parfois à longueur de journée ? Oui : 15 000 gourdes mensuellement en coupon de carburant, 50 000 gourdes annuellement pour réparer le véhicule et 75 000 gourdes toujours chaque année pour changer pneus et batterie. À cela, on peut ajouter les 10 000 gourdes reçues en carte de recharge chaque mois.

Le Parlement s’engage aussi à redorer l’image des honorables députés au sein même de leur circonscription. Ainsi, dans ses largesses, la République octroie 100 000 gourdes annuellement à chacun des 119 députés pour le loyer d’un local devant servir de bureau à l’élu du peuple et, pour faire marcher ce bureau, 200 000 gourdes sont égrenées de la caisse de l’État pour payer les employés de ce bureau.

Toujours dans le but de mettre le parlementaire au-devant de la scène dans sa circonscription, le député empoche 70 000 gourdes chaque mois pour les fêtes patronales.

Pour sa protection, le député a droit à un chauffeur et deux agents de sécurité. Chacun perçoit un salaire de 25 000 gourdes par mois. Il a aussi droit à quatre consultants, en raison d’un salaire mensuel de 48 700 gourdes chacun. Malgré des interventions abracadabrantes et des rapports de travail en commission mal fagotés qui pullulent au bord de mer, on doit admettre que chaque député a deux conseillers percevant chacun 21 000 gourdes par mois.

Personnellement, le salaire net d’un député s’élève à 61 521 gourdes mensuellement. À côté de ce salaire, l’élu du peuple peut s’appuyer sur des « frais fixes » de 29 400 gourdes par mois. Ces « frais fixes » sont augmentés de 5 000 gourdes si on est président d’une commission.

Outre ces privilèges, le député a rendez-vous avec deux grands moments au cours d’une année : la rentrée des classes et la fête de Pâques. À chacune de ces périodes, l’État décaisse 500 000 gourdes pour chacun d’eux

« afin qu’ils puissent répondre à certaines demandes dans leur circonscription » dit-on.

En cas d’un voyage dans le cadre des travaux parlementaires, le député a droit à un per diem de 400 dollars américains quotidiennement.

Samuel Celiné

Le Nouvelliste.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *