Conflit armé à Martissant : la population paie les pots cassés

Depuis deux mois, le centre d’urgence de Médecins sans frontières à Martissant enregistre un pic de cas de blessés par balle. Seulement pour la première semaine du mois de mai, 23 blessés par balle ont été traités contrairement à mars 2018 où 25 cas avaient été pris en charge pour tout le mois. La majorité des cas proviennent de Martissant où les gangs font la loi depuis plusieurs semaines.

 

Pendant ces deux derniers mois, il faut être bien informé avant de traverser la route nationale numéro  à hauteur de Martissant. Quand ce ne sont pas des gangs rivaux qui s’affrontent, ce sont les agents de la PNH qui affrontent des gangs. Pas plus tard que jeudi matin, des tirs nourris à Martissant ont provoqué l’émoi au sein d’une population qui peine à vaquer à ses occupations. Pour l’instant, on ne parle pas de zone de non-droit, mais de zone à éviter. Les annonces en ce sens sont légion sur les réseaux sociaux.

Pourtant, la police ne veut pas parler de recrudescende d’actes criminels. « Il y a un sentiment d’insécurité. Qu’il soit objectif ou non, ce sentiment est pris en compte par les autorités policières», a expliqué le commissaire divisionnaire Frantz Lerebours, indiquant que la PNH a le contrôle de la situation à Martissant comme toujours. Le porte-parole de la Police nationale d’Haïti, joint par le journal jeudi soir, a affirmé que les agents de la PNH sont sur le terrain et mènent des investigations sur tous les actes des bandits.

Si les autorités policières veulent éluder le phénomène d’insécurité, les chiffres dont dispose le journal sont alarmants. Entre ces affrontements, ce sont les habitants qui paient les pots cassés. Selon les statistiques enregistrées par le centre d’urgence de l’organisme Médecins sans frontières à Martissant, la tendance de personnes victimes de traumatisme violent est à la hausse. Le centre ne révèle pas des données sur les cas de mort, mais sur le nombre de blessés par balle reçus.

« En moins de 10 jours, seulement pour la première semaine du mois de mai, le centre a reçu 23 cas. En avril, on a traité 44 cas contrairement au mois de mars où 25 cas ont été enregistrés», a indiqué le Dr Floribert Lomboto, responsable médical du projet de Martissant de MSF Belgique, en interview exclusive au journal, ce jeudi dans son bureau à Martisant.

« Les cas proviennent de Ti-Bwa, de Grand-Ravine et de Fort- Mercredi, de Bolosse, de Village de Dieu, de Cité L’Eternel, de Carrefour-Feuilles, de Fontamara et de Pétion-Ville, de Gressier et de Kenskoff. »

Dans la majorité des cas, les victimes sont des hommes. On dénombre également des enfants et des femmes. « Certaines fois, on enregistre des décès. Notre centre d’urgences connaît très peu de décès, ce qui est normal. On fait en sorte de stabiliser rapidement le patient et ensuite faire la référence », a ajouté le Dr Frandy Samson, médecin superviseur. L’urgentiste fait remarquer que, pour la même période, en comparaison à 2017, le MSF n’a traité que 10 cas. « L’année dernière, au mois de janvier, on a eu 47 cas, 67 en février, 34 au mois de mars, 23 en avril et 10 en mai », a-t-il renchéri.

Le Centre d’urgence de Martissant fonctionne 24 sur 24 et reçoit tous les cas d’urgence dont les traumas. Les médecins stabilisent le patient puis font la référence. En général, on réfère nos patients à l’hôpital de Tabarre ou à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti. L’hôpital de Tabarre à des critères d’admission. Quand un cas n’y figure pas, on le réfère à l’hôpital général. Lorsqu’il y a grève à l’Hôpital général, c’est beaucoup plus difficile pour nous », a expliqué le Dr Frandy Samson.

Au cours de cette période où les cas de traumatismes violents sont en hausse, l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti ne fonctionne pas en raison d’une grève déclenchée lundi dernier par le Syndicat des travailleurs de la santé de l’hôpital. Dans un entretien accordé au journal, le chef du service des urgences de l’HUEH, le Dr Préden Morinvil, a informé que l’hôpital enregistrait des blessés par balle. Mais il n’était pas en mesure de communiquer des chiffres pour le journal.

Edrid ST JUSTE Source Le Nouvelliste

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