Le ministère de la justice appelle les commissaires du gouvernement à « poursuivre les bandits et leurs complices »
Le Ministère de la Justice et de la sécurité publique (MJSP) a fait savoir mercredi qu’il a instruit les commissaires du gouvernement près les tribunaux de première instance du pays, de rechercher les auteurs et les complices de faits délictueux.
Le MJSP taxe, du coup, de complices de bandits, des journalistes et des medias qu’il accuse de tendre le micro à des bandits notoires.
En effet, dans une lettre portant la signature du nouveau ministre de la Justice et de la sécurité publique, Jean Roudy Aly, qui circule sur les réseaux sociaux, le Ministère de la justice a fait savoir que « la plupart des médias et journalistes s’amusent quasi quotidiennement à recevoir dans les émissions à libre tribune, des bandits notoires, activement recherchés par la police ».
« Qui pis est, ces bandits qui avouent leurs forfaits, tout en terrorisant la population, prennent le malin plaisir de proférer des menaces par voie de presse aux forces de l’ordre », indique le ministre qui croit que « ce faisant ces professionnels de la presse se font consciemment ou insconciemment complices des bandits qui sèment le deuil au sein des familles haïtiennes.
Après avoir informé avoir demandé aux chefs de parquets de sévir contre les bandits et leurs complices , à savoir les medas et les journalistes, le MJSP sollicite la collaboration de tous les journalistes, en évitant, dit-il, de tendre leurs micros à ces individus qui ne cessent de menacer la stabilité même de l’Etat.
Jusqu’à jeudi en fin de journée, les principales associations de directeurs de médias et de journalistes n’avaient pas reçu la lettre que le Ministère de la Justice affirme leur avoir envoyée.
Cette sortie du ministère de la Justice a provoqué une salve de réactions, dans un contexte lourd, marqué par la disparition depuis près de deux mois, du photo-journaliste Vladjimir Legagneur.
Le président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), Frantz Duval dit espérer qu’il ne s’agit que d’un excès de language de la part du ministre de la Justice.
Il affirme que l’ANMH n’a appris la position du ministre que par voie de presse et qu’il attend de recevoir officiellement la lettre du ministre pour que son association ait une position officielle.
L’association des médias indépendants d’Haïti (AMIH) promet aussi une réaction officielle. Toutefois, son président Georges Venel Remarais, fait savoir que l’AMIH ne saurait en aucun cas appuyer un media ou un journaliste qui se ferait clairement complice de bandits notoires et clairement identifiés comme tels.
Il estime cependant que le nouveau ministre de la justice est allé vite en besogne, en faisant des amalgames dans sa lettre : Il demande la collaboration des médias et des journalistes, pendant qu’il instruit les commissaires de les poursuivre, sans exposer ses preuves.
Il incrimine « la plupart des médias dans ses dénonciations, pendant qu’il affirme que c’est dans les émissions libre tribune que les journalistes donneraient quasi-quotidiennement la parole aux « bandits »
Alors qu’il n’y a qu’une infime partie des médiqas qui a une émission de ce genre.
M. Remarais appelle le Ministère de la Justice à être direct et à dire clairement son objectif, tout en promettant la collaboration de son organisation dans tout ce qui concerne le respect de la liberté de la presse et d’information et aussi de la déontologie du métier de journaliste.
L’ancien ministre de la communication, Ady Jean Gardy dénonce cette position du ministère de la justice et soutient que les journalistes ne font que leur travail en permettant à la population et aux autorités de prendre connaissance des aveux publics des personnes concernées.
Le président de la fédération de la presse haitienne se dit préoccupé par cette réaction du MJSP qu’il assimile à une sérieuse menace contre la liberté de la presse chèrement acquise.
Il invite toutefois les journalistes à éviter tout risque de complaisance vis-à-vis d’eventuels bandits et à toujours prendre leurs distance des actes répréhensibles.
Source AHP