Haïti : Manno Charlemagne faisait passer les droits humains avant sa propre vie, confie son fils

P-au-P., 23 déc. 2017 [AlterPresse] — Le plus grand chanteur engagé haïtien des 40 dernières années, Emmanuel (Manno) Charlemagne, donnait plus d’importance aux droits humains qu’à sa vie, révèle son fils Réginald, lors de ses funérailles officielles le 22 décembre à Port-au-Prince.

Les obsèques, célébrées suivant le rituel vodou, ont eu lieu au Kiosque Occide Jeanty, Champ de Mars (principale place publique de Port-au-Prince), en présence de dignitaires, dont le premier ministre Jack Guy Lafontant, de responsables politiques, de proches et d’un public peu nombreux, a constaté AlterPresse.

« Il avait la conviction que les droits humains sont plus importants que sa propre vie », a dit Réginald Charlemagne, prenant la parole au nom de la famille du chanteur.

Sa vie, il l’avait « mise en danger pendant de longues années », a-t-il souligné.

Il a salué le « bel hommage » rendu à son père, décédé, le dimanche 10 décembre 2017, à 69 ans, à Miami (USA) des suites d’un cancer du poumon.

Il a exprimé sa reconnaissance à « toutes celles et tous ceux qui ont tout fait pour que son âme parte en paix ».

Résistance

« Rezistans », l’un des termes pouvant résumer la vie de l’homme, faisait office de mot de bienvenue et était inscrit sur le chapiteau où se déroulait les obsèques de l’ancien combattant en faveur des droits de l’homme, chantées par le prêtre vaudou, Noel Bien-Aimé.

Parmi les personnalités présentes, il y avait le président du sénat, Youri Latortue, celui de la chambre des députés, Cholzer Chancy, le numéro un de la cour de cassation, Jules Cantave, la secrétaire générale du Conseil électoral provisoire (Cep), Marie Frantz Joachim, des maires et anciens maires.

Marco Jeanty, le partenaire de son premier disque en duo en 1978, a fait le voyage de Montréal pour assister aux funérailles, et a suivi le cercueil en chantant, jusqu’au corbillard.

L’espace réservé aux membres du gouvernement était quasiment vide. On a noté la présence de la ministre à la condition féminine, Eunide Innocent.

L’ancien président Michel Martelly et son épouse Sophia étaient également présents, de même que des dirigeants de partis politiques, parmi eux : Victor Benoit, de la Fusion des sociaux-démocrates et Yrvelt Chéry de l’Organisation du peuple en lutte (Opl).

En bas, un public réduit assistait au « dernier spectacle » du regretté Manno, allongé dans son cercueil, couvert du bicolore haïtien et entouré de fleurs et bougies.

Juste à côté, une immense guitare trônait, pour symboliser l’instrument que l’artiste ne quittait jamais et qui était son arme de combat.

« RIP Manno », pouvait-on lire sur plusieurs affiches portant la photo du chanteur qui, pour reprendre les mots de son fils Réginald, « avait donné toute sa vie pour le pays et pour la défense des droits humains ».

Présent à la cérémonie, le Ministre de la culture et de la communication, Limond Toussaint, a salué « avec beaucoup de tristesse » le départ d’un « grand homme, d’un artiste engagé, d’un papa bon cœur ».

« Il a mis sa voix et son talent au service de la défense des sans-voix », a déclaré Toussaint.

Manno s’était engagé dans la défense des plus opprimés. Ses œuvres dénonçaient toutes formes d’injustice sociale et faisaient la promotion de la culture et la langue créoles, a-t-il soutenu, tout ému.

Des honneurs funèbres ont été rendus à Manno Charlemagne par la fanfare de la Police nationale d’Haïti (Pnh).

Après la cérémonie civile et religieuse, le cercueil a été ensuite transporté au cimetière de Verrettes (Artibonite, Nord), où l’inhumation a eu lieu.

La jeunesse absente aux funérailles de Manno Charlemagne

Des groupes dont la Plateforme des organisations universitaires pour le développement d’Haïti (Poudh) sont venus honorer la bravoure de ce « modèle » qui a su ouvrir les yeux à toute une génération.

La Poudh a déploré, cependant, le fait que « très peu de jeunes » ont pris part aux cérémonies d’adieu organisées en honneur à ce modèle de « résistance et de dignité » qui a rythmé les luttes étudiantes de la fin des années 1980.

« La jeunesse a été absente des funérailles de Manno et ceci est un signal très inquiétant. Cela prouve que la jeunesse n’est pas suffisamment sensibilisée sur l’appréciation à accorder aux valeurs et figures emblématiques du pays », a dit Johnny Louissaint, responsable de communication de Poudh.

Plusieurs cérémonies d’hommage ont eu lieu en l’honneur de Manno Charlemagne en Haïti et aux États-Unis auxquelles ont pris part………………………………………....lire la suite sur alterpresse.org

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