Haïti : Hommage à un monstre sacré du journalisme

Par Roody Édmé*

Spécial pour AlterPresse

C’est l’histoire d’un homme aux semelles de vent, que la caméra du cinéaste Arnold Antonin a voulu capter pour la postérité.

Bernard Diederich est ce globe- trotter, qui a parcouru la planète, à l’écoute des rythmes du monde, mais aussi en témoin privilégié de plus d’un demi -siècle d’histoire.

Ce correspondant d’agence de presse internationale, qui a suivi l’actualité comme son ombre, a fini, un jour, par « échouer » sur la terre tropicale d’Haïti et est tombé amoureux de cette île de tous les fantasmes.

Diederich décida alors de faire d’Haïti sa seconde patrie et la nouvelle rampe de lancement, à partir de laquelle il ira découvrir « tous les matins du monde ».

Mais ce qu’il faut retenir de l’immense travail du journaliste-écrivain, c’est sa grande connaissance des années de braise, qui maintinrent, sous des charbons ardents, le quotidien des Haïtiennes et Haïtiens, aux temps de la longue dictature de la maison Duvalier.

Dans un court, mais intense dialogue, inséré dans le film, le professeur Pierre Buteau, de la Société haïtienne d’histoire et de géographie, a mis en perspective l’œuvre de Bernard Diederich, qu’il considère comme un maître de l’histoire factuelle.

Cet ancien résident de la route de Frères à Pétionville, marié à la Docteure Ginette Dreyfus, a habité non loin de la maison, où Gérald Brisson et quelques camarades de combat s’étaient réfugiés, au plus fort de la lutte de jeunes militants communistes contre le régime de François Duvalier. À ce propos, son livre culte, co-écrit avec Al Burt Papa Doc et les tontons macoutes, est considéré, par le président de la Société haïtienne d’histoire et de géographie, comme un classique du genre.

Le mérite de ce grand reporter est d’avoir produit une œuvre abondante, sur un moment particulièrement troublé de notre histoire mal connue de l’actuelle génération. Les ouvrages de Diederich sur cette période de fer et de feu constituent une mine inépuisable d’une époque, où les Haïtiennes et Haïtiens ne pouvaient, comme l’affirme le poète, que « se parler par signes ».

Arnold Antonin, dans ce nouveau documentaire, a fait parler Bernard Diederich, qui a beaucoup à dire sur Haïti, mais aussi sur une Amérique Latine, qu’il connaît profondément.

Ses longs séjours en République Dominicaine, où il a eu maille à partir avec les services secrets du dictateur Rafael Leonidas Trujillo y Molina, lui ont permis de mieux saisir les relations étriquées entre les deux républiques.

Sa femme a aussi témoigné de ses moments d’angoisse, vécus ici et ailleurs, chaque fois que le grand reporter partait résolument sur les traces d’une information dangereuse. Elle a confié, au cinéaste, ses frayeurs passées, lorsque, comme Icare, son mari journaliste prenait son envol, risquant de se « brûler les ailes », en s’approchant trop près du soleil de la vérité.

Il faut préciser, pour nos jeunes lectrices et lecteurs, qu’à l’époque redoutable de la guerre froide, les barbouzes et les espions de régimes totalitaires ne faisaient………………………....lire la suite sur alterpresse.org

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