Crédit agricole, le système financier sur le banc des accusés

Source Roberson Alphonse | Le Nouvelliste

Le système financier est sur le banc des accusés. Mais, dans le box, le ministère de l’Économie et des Finances, la Banque de la République d’Haïti (BRH), l’Association professionnelle des banques (APB) et les cols blancs de la finance brillent par leur absence à la salle de convention du Karibe où, « Feed The Future », projet de l’USAID, organise une table ronde sur « le financement des entreprises agricoles et industrielles », le mardi 27 juin 2017. L’acte d’accusation est évocateur. 1 %. Arrondi, c’est tout ce que représente le crédit au secteur agricole dans le portefeuille des banques commerciales. Pourtant, l’agriculture, en dépit des risques, malgré les difficultés, représente environ 25 % du PIB, emploie au moins 1 million de familles.

Le paysan haïtien, en investissant au moins 26 000 gourdes pour préparer un hectare, sans compter sa force de travail, est le seul à investir, à prendre des risques dans le pays, a indiqué Robert Excellent, vice-président de François Murat Excellent S.A., une entreprise spécialisée dans la fabrication d’outils agricoles depuis plusieurs décennies. « Il nous faut un taux d’intérêt abordable pour développer l’agriculture. Les banques ont fait des efforts. Ce n’est pas encore ça. Même avec 15 % l’an, cela ne suffirait pas. Il faut un taux avec un chiffre, jusqu’à 9 % l’an », a-t-il dit. Pour l’industriel Fritz Brandt dont l’usine est établie dans l’Artibonite, les rares prêts octroyés le sont à un taux d’intérêt réel de 40 à 42 % l’an. « C’est un crime quand on considère les conditions de travail du paysan », a-t-il balancé. « Si je voulais importer 6 000 tonnes métriques de riz, j’aurais pu trouver une lettre de crédit dans 48 heures », a affirmé Fritz Brandt, qui dit chercher 100 millions de gourdes à un taux de 4 % l’an. Sans prendre de gant, il a descendu en flammes le FDI qui l’a envoyé paître pour un prêt destiné à son fonds de roulement en lui demandant le bilan financier de trois ans de fonctionnement pour une usine à peine montée.

Produire en Haïti dans des conditions financières difficiles est une gageure. Isabelle L. Mevs, présidente exécutif de Star Industries S.A. le confirme. Il faut avoir des frais de roulement. Quand il faut acheter des équipements, les banques rechignent. « Les frais financiers sont lourds », a souligné Isabelle Mevs dont l’entreprise commerciale, entre-autres, produit du piment Bouk. « En général, les institutions qui accordent du crédit aux agriculteurs ou aux associations de producteurs agricoles pratiquent des taux qui vont de 2 jusqu’à 5 % par mois. Donc on peut dire que la moyenne est de 30 à 40 % par an. Il est très difficile de produire avec des taux de ce genre. Le coût de l’argent est vraiment prohibitif et empêche en quelque sorte d’investir comme on l’aurait pu le faire. Non seulement les taux sont élevés, – c’est un aspect de la question – d’un autre côté, il est quasiment impossible aux associations de producteurs, d’agriculteurs d’avoir accès au crédit parce qu’elles n’ont pas de statut légal. Les banques leur disent au départ, on ne peut pas vous prêter », a indiqué Jean-Robert Estimé, qui indique que la table ronde vise à dégager des moyens pour donner un statut légal à ces associations parce qu’elles représentent 50 % de la population de notre………………………………..lire la suite sur lenouvelliste.com

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