A 14.6% pour le mois d’Avril, une baisse de l’inflation semble n’être pas pour demain
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
L’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) vient de rendre publics les derniers chiffres sur la situation de l’inflation dans l’économie, des chiffres très inquiétants qui montrent qu’une baisse de l’inflation dans l’économie n’est pas pour demain.
En effet, pour la première fois, l’Indice des Prix à la Consommation (100 en Août 2004) a franchi la barre de 300 pour se chiffrer 301.5 au cours du mois d’Avril contre 298.3 le mois précédent, accusant ainsi un taux de croissance mensuel de 1.1% de l’inflation, ce qui représente une légère décélération par rapport à la variation mensuelle de 1.2% du mois de mars. Cependant, l’inflation en glissement annuel continue de croitre dans l’économie, affichant ainsi un taux de 14.6% en Avril contre 14.3 % en Mars 2017. Cela veut dire que l’épargne que nous avons au niveau des banques commerciales ou dans les institutions de microfinance a perdu 14.6% de valeur an Avril dernier par rapport à Avril 2016.
Selon les experts de l’IHSI, la variation mensuelle de 1.1% de l’inflation provient essentiellement du comportement des fonctions de consommation : »Alimentation, Boissons et Tabac » (1.1%), »Habillement, Tissus et Chaussures » (2.3%), »Loyer du Logement, Energie et Eau » (1.6%), »Aménagement et Entretien du Logement » (0.8%) et »Santé » (2.1%).
Il faut dire que la progression de la fonction « Alimentation, Boissons et Tabac » est due surtout au renchérissement des produits tels que : Millet (4.5%), maïs en grain (1.3%), maïs moulu (1.2%), poisson frais (1.9%), oeufs (1.1%), noix de coco (2.9%), banane (2.0%), giraumon (1.6%), mirliton (2.5%), pois vert (1.5%), aubergine (1.6%), choux (1.9%), oignon (1.1%), ail (1.3%), carotte (2.3%), tomate (1.0%), igname (1.8%), malanga (1.8%), patate (1.7%), pomme de terre (2.2%), citron (2.0%) et sucre raffiné (1.3%).
Selon les données de l’IHSI, parmi les produits qui ont le plus influencé la hausse de la fonction « Habillement et Tissus, Chaussures », on retrouve : le tissus (2.4%), le costume, la veste universelle (1.8%), la chemise (3.0%), le pantalon pour homme (2.1%), la robe (3.1%), la culotte, gaine (2.5%), la confection des vêtements (1.8%), les souliers et tennis (1.9%) et les sandales (2.1%).
D’un autre côté, il faut dire que l’accroissement de la fonction « Loyer du Logement, Energie et Eau » est lié particulièrement à l’augmentation des prix des loyers du logement (1.8%), de l’approvisionnement en eau (1.0%) et du charbon de bois (1.6%). Tandis que la progression des prix des meubles de salon (1.5%), de la salle à manger (1.1%), du lit (1.2%), du matelas (1.7%), du linge de lit (1.4%), des rideaux (3.1) et de la nappe (0.9%) a essentiellement contribué à l’évolution à la hausse de la fonction « Aménagement, Equipement et Entretien du Logement ».
Enfin, la poussée inflationniste de la fonction « Santé » résulte principalement des honoraires payés aux médecins et des frais d’hospitalisation qui ont crû de 3.3%.
Du point de vue géographique, la région du Sud qui couvre les départements du Sud, de la Grand’Anse et des Nippes reste encore la plus touchée par le phénomène de l’inflation avec un taux de 1.2%. Viennent ensuite la région de l’Aire métropolitaine qui comprend les villes de Port-au-Prince, de Delmas, de Pétion-Ville, de Carrefour et de la Croix-des-Bouquets et la région du reste Ouest qui regroupe les départements du Sud-Est et de l’Ouest non compris l’Aire métropolitaine de Port-au-Prince avec un niveau d’inflation commune de 1%. La région du Nord qui comprend les départements du Nord, du Nord-Ouest et du Nord-Est a connu un taux de 0.9%
En dernier lieu, la région transversale qui regroupe les départements du Centre et de l’Artibonite a été la moins frappée en Avril dernier avec un taux d’inflation de 0.8%.
Des niveaux d’inflation toujours très insupportables dans l’économie, pendant que l’on risque d’enregistrer un taux proche de 15% pour le mois de mai 2017, surtout avec cette dernière décision d’augmenter les prix des produits pétroliers sur le marché local, si des corrections ne sont pas apportées.