Investiture du 58ème président d’Haïti, va-t-on véritablement vers une relance de l’économie haïtienne ?
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
Hier mardi 7 février, tous les projecteurs étaient sur le Palais nationale, à l’occasion de l’investiture de Jovenel Moise qui est devenu officiellement le 58ème président d’Haïti avec de lourdes responsabilités, par rapport aux attentes de cette population qui continue de végéter dans la misère.
Tout le monde est conscient que l’économie haïtienne est en panne avec une croissance moyenne de moins de 2.4% sur les cinq dernières années, l’économie ne crée pas suffisamment de richesse pour générer des emplois, donc va-t-on maintenant vers une véritable relance de l’économie haïtienne avec Jovenel Moise, l’entrepreneur agricole, qui croit qu’il peut développer Haïti et créer des emplois pour les jeunes à travers la modernisation de l’agriculture, comme il l’a martelé hier dans son discours.
Un discours à la dimension des chefs d’Etat haïtien, sauf que le président Jovenel Moise a son propre slogan, celui de mettre les rivières, les terres, le soleil et les personnes ensembles pour développer Haïti ou encore pour mettre de l’argent dans les poches des citoyens et de la nourriture dans leur ventre.
Beaucoup d’engagements, beaucoup de promesses faites par le président Jovenel Moise et beaucoup de programmes et de projets très ambitieux sont à venir, selon lui. Cependant, les voies et moyens pour réaliser ses programmes, projets et politiques publiques n’ont pas été identifiés par le président dans son discours, quand nous savons qu’Haïti fait face à un grave problème de mobilisation de ressources financières à plusieurs niveaux. D’abord, les recettes fiscales n’arrivent même pas à atteindre 1 milliard de dollars américains sur un exercice. Ensuite, les fonds du programme Petrocaribe sont en voie de tarissement, pendant qu’Haïti doit dégager chaque mois 8 millions de dollars américains pour payer le Venezuela. De plus, les dons officiels accordés à Haïti sont en net ralentissement depuis 2014, les investissements directs étrangers restent toujours très faibles et Haïti est encore dans l’incapacité de contracter des prêts importants sur les marchés internationaux de capitaux.
Si le président miserait surtout sur la production de biens agricoles pour développer le pays, il faut rappeler que la valeur ajoutée dans l’agriculture est très faible, donc ce dernier ne peut générer des revenus importants à l’économie haïtienne s’il n’est pas lié à l’industrie de transformation, mais toutefois, le développement de l’agriculture s’avère nécessaire pour combattre la faim et réduire la pauvreté extrême en Haïti.
De toute façon, on attend les 100 premiers jours de l’administration Jovenel Moise et le signal qu’il va envoyer dans la formation même du prochain gouvernement pour avoir une idée plus claire et précise sur l’orientation politique et l’orientation économique qu’il entend donner au pays pour les cinq prochaines années.