Huit hommes possèdent autant de richesse que la moitié de la population mondiale
Seuls huit hommes détiennent autant de richesses que les 3,6 milliards de personnes qui représentent la moitié la plus pauvre de l’humanité, selon un rapport publié cette semaine par Oxfam à l’occasion de la rencontre annuelle de l’élite politique et économique à Davos en Suisse.
Ce nouveau rapport, intitulé « Une économie au service des 99 % », montre que l’écart entre les riches et les pauvres est beaucoup plus important qu’on ne le craignait. Il illustre en détail comment les grandes entreprises et les plus fortunés alimentent la crise des inégalités en contournant l’impôt, en réduisant les salaires et en utilisant leur pouvoir pour influencer la politique. Il préconise donc des changements fondamentaux dans la façon dont nous gérons nos économies afin que celles-ci servent l’ensemble de la population, et non une poignée de privilégiés seulement. De nouvelles données plus précises sur la répartition des richesses dans le monde, en particulier en Inde et en Chine, indiquent que la moitié la plus pauvre de la population mondiale possède une part des richesses plus réduite que l’on ne pensait.
Pour Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, « il est indécent que tant de richesses soient détenues par si peu de monde, quand une personne sur dix survit avec moins de 2 dollars par jour. Les inégalités enferment des centaines de millions de personnes dans la pauvreté, fracturent nos sociétés et affaiblissent la démocratie. » « Partout dans le monde, des femmes et des hommes sont laissés pour compte. Leurs salaires stagnent, mais les grands patrons s’octroient des primes qui se chiffrent en millions de dollars. Leurs services de santé et d’éducation sont réduits pendant que les grandes entreprises et les plus fortunés se soustraient à l’impôt. Leurs voix ne sont pas entendues, alors que les gouvernements se mettent au diapason des grandes entreprises et d’une élite nantie. »
Le rapport d’Oxfam montre que nos économies canalisent les richesses vers une élite fortunée aux dépens des couches les plus pauvres de la société, et majoritairement des femmes. Les plus fortunés accumulent les richesses à un tel rythme que le premier « super-milliardaire » du monde pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards dans 25 ans à peine. Pour mettre ce chiffre en perspective, sachez qu’il faudrait débourser un million de dollars par jour pendant 2 738 ans pour dépenser 1 000 milliards de dollars.
Entre 1988 et 2011, les revenus des 10 % les plus pauvres ont augmenté de 65 dollars par an en moyenne, contre 11 800 dollars pour les 1 % les plus riches, soit 182 fois plus. L’évasion fiscale des entreprises coûte au moins 100 milliards de dollars par an aux pays pauvres. Avec cette somme, les 124 millions d’enfants non scolarisés dans le monde pourraient recevoir une éducation, et des interventions médicales pourraient éviter la mort d’au moins 6 millions d’enfants chaque année. Ce rapport met en lumière la façon dont les plus fortunés recourent à un réseau de paradis fiscaux pour éviter de payer leur part d’impôt et à une armée de gestionnaires de patrimoine pour obtenir des retours sur investissement inaccessibles à l’épargnant moyen.
Les inégalités touchent énormément Haïti, et c’est le rôle de l’Etat pour assurer une redistribution des richesses et l’accès aux services publics a travers une politique fiscale plus juste et des politiques publiques plus responsables plus inclusives mettant emphase sur les plus vulnérables.
Etzer S. EMILE
Economiste
Radio Vision 2000