La situation du taux de change pourrait être pire sans les interventions de la BRH
A l’émission rendez-vous économique du 2 janvier, Kesner Pharel avait reçu le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Jean Baden Dubois. La question du taux de change a été au rendez-vous bien évidemment. Un compte rendu de cette interview est publié ce matin dans le journal Le Nouvelliste. D’entrée de jeu, le gouverneur de la banque centrale a déclaré que la situation du taux de change pourrait être pire si son institution n’avait pas pris une batterie de mesures maîtriser tout dérapage de la monnaie nationale. Le gouverneur a évoqué les variables structurelles pour expliquer cette tendance continue de la dépréciation de la gourde par rapport au dollar. Le déficit de la balance commerciale a été cité en exemple. « La plus grande partie des fonds en dollars qui laissent le pays servent à importer. La plus grande partie des importations concernent les produits alimentaires », a fait savoir Jean Baden Dubois qui croit que le marché local pourrait stopper cette hémorragie de la gourde si tous les acteurs de l’économie jouent correctement leur partition. Le patron de la banque centrale est persuadé qu’à cause de la situation socio-politique, les agents économiques font de la rétention. Ils achètent des dollars, pas forcément pour effectuer des transactions mais pour thésauriser, se protéger contre la hausse de changes explique le gouverneur de la Banque des banques. « Il s’exerce alors une énorme pression sur la gourde. Pour reprendre les mots du gouverneur cités dans l’article du Nouvelliste.
Pour maitriser le taux de change et éviter le pire, Jean Baden Dubois a rappelé qu’en 2016 la BRH a mis en circulation 109 millions de dollars sur le marché, pour ainsi augmenter l’offre en dollar sur le marché dans ce contexte de rareté de dollar du aux faibles niveaux d’exportations et d’investissements directs étrangers.
Parlant des finances publiques, le Gouverneur Dubois a confié que ces dernières demeurent dans une fourchette relativement acceptable durant l’année avec 9,9 milliards de gourdes de déficit budgétaire en septembre 2016 contre près de 20 milliards de gourdes dans l’exercice 2014-2015. Le cash management, dit-il, a donné des fruits, c’est comme un actif pour le ministre de l’Economie et des Finances. Au niveau de la balance des paiements, le Gouverneur a notee une diminution du déficit, mais une situation qui n’a pas été causée par une plus grande production dans le pays, mais de préférence par ce que les prix du pétrole ont baissé sur le marché mondial. Les transferts sans contrepartie de la diaspora de leur cote ont été autour de 2,3 milliards de dollars.
Enfin, le gouverneur affirme qu’il n’a pas remords pour 2016, en ce sens que l’institution qu’il dirige à savoir la BRH a fait ce qu’elle devrait faire. Bref, comme nous avons l’habitude de dire les déséquilibres sont structurels, donc le pays doit relancer sa production pour pouvoir exporter et éventuellement réduire le déficit commercial, et parallèlement gérer plus efficacement ses finances publiques tout en travaillant pour la stabilité politique.
2017 risque d’être comme 2016, avec les mêmes déséquilibres au niveau du taux de change et l’inflation si ne définissons pas les stratégies pour relancer cette économie en panne de croissance, importatrice, sous-financée, asphyxiée par l’instabilité politique.
Etzer S. EMILE
Economiste
Radio Vision 2000