Evaluation rapide des pertes causées par Matthew, pour quel programme de relance économique ?

Le gouvernement provisoire, avec l’appui de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement (BID), a présenté ce weekend dernier le résumé d’un rapport d’évaluation rapide des pertes et des dommages occasionnés par le passage de l’ouragan Matthew sur le pays.

Les chiffres sont connus de tous : 39.4 milliards de gourdes de pertes dans l’agriculture ; 34.9 milliards dans le tourisme et le logement ; 6.3 milliards dans l’éducation; 18.7 milliards dans le transport et communication et 5 milliards dans le secteur santé. Ces chiffres montrent clairement que la situation économique, sociale et environnementale est catastrophique dans le grand Sud, d’où la nécessité d’élaborer maintenant une politique de relance économique pour cette région qui risque de connaitre une grande famine d’ici Janvier 2017, si rien n’est fait pour relancer les deux grands secteurs productifs de la zone, à savoir, l’agriculture et le commerce.

Ce  rapport d’évaluation du gouvernement, qui a pour base l’évaluation rapide conduite par les équipes des ministères sectoriels, prouve, avec des chiffres à l’appui, à quel niveau le secteur économique du grand Sud et d’une partie du Nord-Ouest a été affecté, soit à hauteur d’environ 60%, en combinant les pertes dans l’agriculture, le commerce, le tourisme et les infrastructures.

Des pertes évaluées à 22% de notre produit intérieur brut (PIB) constituent un coup dur pour l’économie haïtienne qui était déjà dans une situation extrêmement difficile avant l’ouragan Matthew, car le pays ne créais pas de  richesse avant, avec une croissance économique estimée à seulement 1.5% pour 2016, un taux d’inflation qui a clôturé l’exercice à 12.5%, une monnaie nationale(la gourde) qui a perdu près de 5% de sa valeur en 4 mois par rapport à la devise américaine, soit de 62 gourdes en Juin à 66 gourdes pour 1 dollar jusqu’ici pour ce mois d’Octobre et près 3.6 millions de personnes qui vivaient en insécurité alimentaire.

Donc, ce rapport d’évaluation des pertes et des dommages causés par ce dernier ouragan ne doit pas rester dans les tiroirs du gouvernement. Il doit maintenant servir de catalyseur, de l’évidence, pour concevoir et élaborer une bonne politique stratégique de relance de l’économie du grand Sud et d’une partie du Nord-Ouest, avec bien sur la participation des élus locaux, en priorisant les deux secteurs phares tels que l’agriculture et le commerce qui représentaient, selon nos estimations, plus de 80% des activités économiques de ces régions.

Cette politique de relance économique du grand Sud doit être accompagnée aussi d’un budget bien élaboré. D’où l’implication maintenant de nos parlementaires qui devraient aujourd’hui  se statuer sur une rectification du budget de l’exercice fiscal en cours (2016-2017) pour tenir compte des besoins urgents du grand Sud et d’une partie du Nord-Ouest à court et à long terme.

Il ne faut pas faire des évaluations pour faire des évaluations mais plutôt pour apporter des réponses de politiques efficaces et efficientes à ces millions de personnes en difficultés dans le grand Sud et une partie du Nord-Ouest.

 

Riphard Serent, MPA

Economiste

riphardserent@gmail.com

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