Cuba, en voie de normalisation, confie à la France une infrastructure stratégique

Le gouvernement cubain a annoncé la semaine dernière que la modernisation de plusieurs aéroports dont celui de La Havane- va être confié au consortium Bouygues-Aéroports de Paris selon un article du journal français Les Echos.

Une décision qui s’inscrit dans le droit fil du resserrement des liens économiques entre la France et Cuba, illustré par un accord en février dernier, lors de la visite à Paris du président Raul Castro, de conversion d’une dette cubaine de 220 millions de dollars en projets de développements dans l’île réalisés par des entreprises françaises. Ce fonds de conversion n’a toutefois pas encore enregistré une opération officielle. C’est la première fois que les autorités cubaines confient à des entreprises étrangères la responsabilité d’infrastructures stratégiques.

C’est aussi la première opération d’envergure bénéficiant à des entreprises françaises à Cuba depuis que le pays a normalisé ses relations avec Washington, après une rupture de 53 ans.

Cette normalisation, marquée par la visite en mars de Barack Obama dans l’île caraïbe, une première depuis 88 ans pour un président américain en exercice, a créé une dynamique susceptible de profiter aux entreprises du monde entier, même si son économie demeure hyper-étatisée et bureaucratisée (les entreprises privées ne sont légales que depuis mai dernier et les partenariats locaux incontournables pour les étrangers). L’île de 10 millions d’habitants au salaire mensuel moyen d’environ 20 dollars américains est dotée d’infrastructures décrépites et aurait besoin de 2,5 milliards de dollars d’investissements par an.

Certes, l’embargo américain en vigueur depuis 1962 et dont la levée intégrale est toujours en attente devant le Congrès, n’empêchait pas Cuba d’entretenir des relations avec 200 pays, dont la France, premier pays occidental à lui avoir accordé une ligne de crédit dans les années 90. Mais les entreprises françaises, tout comme leurs concurrentes, étaient peu implantées dans l’île car les banques hésitaient à fournir des financements de peur de subir les foudres de Washington.

Cuba ne pouvait non plus avoir accès aux financements souverains avant un accord sur sa dette au Club de Paris, finalement obtenu en décembre 2015 grâce à l’implication de Paris, principal créancier bilatéral. Ce règlement « va permettre un renforcement de la présence française » à Cuba.

La présence française à Cuba s’est étoffée ces dernières années, avec la SNCF, Engie, Malongo, Alsthom, Alcatel, Club Med, en plus des opérateurs « historiques » Pernod Ricard, Total, Accor, CMA-CGM et Bouygues. La France figure au sixième rang des investisseurs, derrière l’Espagne, le Canada, le Venezuela et l’Italie.

 

Cuba prend une vitesse de croisière dans le processus de normalisation, car il s’attaque aux infrastructures stratégiques. La Modernisation des aéroports cubains doit s’inscrire dans une perspective de recherche de compétitivité, d’efficacité et de meilleures conditions pour les circulations de biens et de personnes. Bref, une initiative qui doit avoir des effets directs et considérables sur les investissements étrangers et sur les arrivées de touristes.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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