Les accidents de la route ralentissent la croissance économique dans les pays à faible revenu

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000

Dans le cadre de cette rubrique nous parlons aujourd’hui de la relation entre les accidents de la circulation et croissance économique, suite à ce dernier accident de la circulation survenu cette semaine sur la route de Jacmel, qui n’est pas des moindres, et la publication des résultats d’une dernière étude de la Banque mondiale, financée par l’organisation Bloomberg Philanthropies, qui met en lumière les gains importants que génèrerait la diminution des accidents de la route dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

 Le rapport, intitulé en anglais  »The High Toll of Traffic Injuries: Unacceptable and Preventable », inaugure une nouvelle méthodologie pour estimer l’impact économique de la sécurité routière en se penchant plus particulièrement sur la situation de cinq pays : Chine, Inde, Philippines, Tanzanie et Thaïlande.

La relation entre accident de la circulation et croissance économique demeurait jusqu’à aujourd’hui peu documenté. C’est précisément l’objet de ce nouveau travail de recherche de la Banque mondiale, qui s’efforce de démontrer, chiffres à l’appui, qu’en investissant dans la sécurité routière, un pays investit aussi dans son capital humain.

Pour les pays à faible revenu, comme Haïti, qui n’investissent pas dans la prévention des accidents de la route, le manque à gagner s’élèverait entre 7 et 22 % du PIB par habitant sur une période de 24 ans. Les experts de la Banque du monde croient que la réduction des décès et traumatismes dus aux accidents de la route peut doper la croissance économique et, par conséquent, appellent les  responsables publics  ou les gouvernements à prioriser la sécurité routière et à y consacrer des investissements à l’efficacité éprouvée, car le prix de l’inaction est extrêmement lourd.

En exploitant des données détaillées sur les décès et les indicateurs économiques de 135 pays, l’étude de la Banque mondiale parvient à estimer qu’une réduction de 10 % de la mortalité routière entraîne en moyenne une augmentation de 3,6 % du PIB réel par habitant sur une période de 24 ans.

Plus précisément, à l’horizon 2038, la réduction de moitié des décès et traumatismes dus aux accidents de la route pourrait accroître le PIB par habitant de 22 % en Thaïlande, 15 % en Chine, 14 % en Inde, et 7 % aux Philippines et en Tanzanie

Il n’est pas sans savoir que les accidents de la circulation en Haïti demeurent un problème de politique publique majeur qui n’est jamais abordé de manière profonde et  scientifique, faute de recherche dans les universités et d’un manque de souci pour la vie humaine en Haïti.

En se basant sur l’étude la Banque mondiale, on pourrait dire que si Haïti arrive a réduire de moitié le nombre des accidents de la route, son PIB par habitant pourrait s’élevé entre $814 et $ 928 sur une période de 24 ans. A rappeler que, selon le Forum Economique Mondial (WEF), le PIB par habitant en Haïti se chiffre aujourd’hui à $761.

Cette étude de la Banque mondiale sur les accidents de la route nous révèle qu’il existe un bon nombre de phénomènes ou facteurs qui ralentissent la croissance ou qui constituent des manques à gagner dans une économie et qui passent par l’ignorance ou par un manque de culture de recherche dans les pays à faible revenu ou intermédiaire.

 Une importante étude  qui devrait interpeller nos autorités en Haïti et qui pourrait être abordée en profondeur dans des émissions de grande écoute dans l’espace médiatique en vue de porter le problème dans l’agenda politique du gouvernement.

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