Haïti-Diplomatie : « La Diplomatie multilatérale et le Développement durable », intervention du représentant Permanent d’Haïti auprès de l’ONU

Source hpnhaiti.com

L’Ambassadeur permanent de la République d’Haïti à l’ONU, Denis Régis, a intervenu à la 3e Conférence des Chefs des Missions diplomatiques d’Haiti, du 28 au 29 juillet 2016 à Port-au-Prince. HPN publie in extenso le discours de l’ambassadeur haïtien.

1. Introduction.-

La tenue de cette conférence des Ambassadeurs et le thème central proposé à notre réflexion soulignent la place de choix que le Chef de l’État et le Gouvernement haïtien attachent à la redynamisation de la politique extérieure d’Haïti.  J’en profite pour adresser mes félicitations à Monsieur le Ministre des Affaires Étrangères pour cette initiative.

Ma présentation, tel que les organisateurs me l’ont demandé, sera centrée essentiellement sur « La diplomatie multilatérale et le développement durable ».  J’essaierai tout particulièrement de cerner les caractéristiques de la diplomatie multilatérale, son évolution, le contexte international dans lequel elle se déploie et la place qui devrait être la sienne, pour un pays comme Haïti, dans le cadre de la promotion de ses intérêts, notamment au regard des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

2. La Diplomatie multilatérale.-

2.1-  La diplomatie s’articule autour de deux grands axes, l’axe des relations bilatérales, mettant en présence deux États, et l’axe multilatéral qui associe plusieurs États, le plus souvent dans le cadre institutionnalisé d’une organisation internationale.

2.2-  La diplomatie bilatérale a été pendant très longtemps le mécanisme dominant, presque exclusif, des relations interétatiques.  Mais, depuis le milieu du XIXe siècle, la diplomatie multilatérale n’a cessé de gagner en importance pour finir par s’imposer comme un pôle incontournable des relations internationales.  L’Union panaméricaine, devenue par la suite Organisation des États américains (OEA), a été fondée en 1890.  Déjà à cette époque, le traité multilatéral s’était définitivement implanté comme procédé normal d’élaboration du droit conventionnel.  Mais c’est au XXe siècle, à partir de l’entre-deux-guerres, avec la création de la Société des Nations (SDN), et surtout dans le sillage de la Deuxième Guerre mondiale qu’on a assisté à l’émergence puis à la véritable prolifération des organisations internationales.

2.3-  Le droit international, comme on le sait, est la garantie de la coexistence des États.  Il a précisément pour objet d’organiser la nécessaire interdépendance des États tout en préservant leur indépendance, comme le soulignait très justement l’éminent professeur Nguyen Quoc Dinh (Droit International Public, Paris, LGDJ, 1994 :37).  Les organisations internationales jouent à cet égard un rôle clé dans l’élaboration du droit international.  Elles se situent au point d’équilibre entre deux mouvements antinomiques : d’une part, l’attachement des États au principe de la souveraineté, qui est ‘’le point de départ de l’ordre juridique international’’ –  pour reprendre l’expression de M. Boisdevant – et, d’autre part, l’aspiration à une véritable ‘’communauté internationale’’.

2.4-   Avec la décolonisation, le nombre de pays indépendants a explosé – de 51 à la création des Nations Unies en 1945, le nombre des États membres est passé aujourd’hui à 193 et 2 États non-membres (le Saint-Siège et l’État de Palestine).  Dans la foulée, l’importance de la diplomatie multilatérale n’a cessé de croître, comme l’atteste la multiplicité de ses acteurs et de ses institutions.  Le système des Nations Unies regroupe les plus importantes des institutions universelles : celles-ci se répartissent les tâches en fonction de leur vocation politique, juridique, économique, sociale, technique, scientifique, culturelle, etc. (par exemple la Cour internationale de justice, l’Organisation mondiale de la Santé, l’UNESCO ou la Banque mondiale).  Les institutions multilatérales sont devenues, au fil du temps, les forums naturels où se débattent les grandes questions touchant la paix, l’équilibre et la sécurité du monde, les nouvelles menaces, la recherche de solutions aux conflits interétatiques et les défis et enjeux mondiaux, comme le changement climatique et la lutte contre la pauvreté.

2.5-   De plus, avec la mondialisation, les problèmes globaux qui commandent une unité d’action se sont multipliés.  L’interdépendance des problèmes politiques et économiques, des enjeux de la sécurité et du maintien de la paix, de la lutte contre le sous-développement et la pauvreté dans le monde, les expressions telles que Tiers-monde et Quart-monde, pays les moins avancés, États fragiles, États faillis, pays en reconstruction, reflètent les disparités et le déséquilibre croissant des niveaux de développement ainsi que l’insuffisance dramatique des ressources requises pour répondre aux crises et aux défis contemporains et combler le fossé qui s’élargit entre riches et pauvres.  De nouvelles menaces apparaissent, dont celles du radicalisme et du terrorisme, lesquelles s’ajoutent à la liste déjà longue des foyers de tensions et de conflits régionaux non résolus.

2.6-  Aucun champ de la politique étrangère n’échappe aujourd’hui à la sphère multilatérale.  Et, à mon avis, il ne fait aucun doute que l’expansion du champ d’action de la diplomatie multilatérale, qui s’est élargie de façon phénoménale, est encore appelée à se poursuivre.  Pour les pays du Tiers-monde – et singulièrement pour un pays comme le nôtre -, la diplomatie multilatérale revêt dès lors une importance cruciale.

2.7-  Par la force des choses, un ‘’ambassadeur multilatéral’’, chef de mission ou diplomate représentant Haïti auprès …..lire la suite sur hpnhaiti.com

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