Haïti-ONU- Terrorisme : Intervention de l’ambassadeur d’Haïti à l’ONU sur la lutte contre le terrorisme
Source hpnhaiti.com
L’Ambassadeur permanent de la République d’Haïti à l’OEA, Denis Régis, a intervenu, le mercredi 11 mai, au Réunion du Conseil de sécurité de Nations Unies sur le thème : ‘’Lutter contre les récits et les idéologies du terrorisme’’ ; au titre du point de l’ordre du jour intitulé :‘’Menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme’’.
Nous publions in extenso le discours de l’ambassadeur haïtien.
Monsieur le Président,
Excellences, Mesdames, Messieurs,
1- C’est un honneur de prendre part à ce débat ouvert que le Conseil de Sécurité a bien voulu organiser sur la lutte contre le discours et les idéologies du terrorisme. Je voudrais, au nom du Ministre des Affaires Étrangères de la République d’Haïti, saluer cette initiative heureuse lancée par le Gouvernement de la République arabe d’Egypte.
2- Le Gouvernement de la République d’Haïti a toujours condamné avec vigueur le terrorisme, que rien ne saurait justifier, quelle qu’en soit la motivation ou l’origine. Aussi se réjouit-il de participer à cette réflexion sur la menace terroriste, l’attrait exercé par les idéologies porteuses de haine et d’intolérance, et les moyens à mettre en œuvre pour contrer la puissance idéologique du discours terroriste et ainsi faire échec à la nébuleuse terroriste, notamment le terrorisme mondial d’inspiration islamiste.
3- Jamais cette menace n’a été aussi forte. Elle n’a cessé de gagner en ampleur et en gravité, comme en témoigne la liste d’attentats majeurs et de bains de sang dont plusieurs capitales ont été le théâtre ces dernières années : New York, Madrid, Bamako, Londres, Istanbul, Paris, Bruxelles, pour n’en citer que quelques-unes. Aucune région, aucun pays n’est à l’abri de la violence extrémiste. Elle sape la stabilité politique, la cohésion nationale, les perspectives de développement et les fondations mêmes de certains États Membres. C’est pourquoi cette menace globale exige une réponse à l’échelle mondiale.
4- En adoptant, voilà dix ans, la Stratégie antiterroriste mondiale, les Nations Unies se sont dotées d’un plan d’action qui, pour être efficace à long terme, exige de chaque État une meilleure compréhension de cette menace globale, ainsi que l’application d’une stratégie de riposte adaptée et constamment mise à jour.
5- L’État a un rôle primordial à jouer dans la lutte sans merci qui doit être menée contre le terrorisme, lequel dispose aujourd’hui de ressources, de relais, de filières et de moyens de destruction inédits. Cette lutte doit, bien entendu, être menée dans le respect de la primauté du droit. Le renforcement de la sécurité doit s’appuyer sur les mécanismes de l’État de droit. Nous considérons que l’efficacité de la lutte contre le terrorisme ne peut être obtenue au détriment de l’équilibre entre sécurité et libertés.
6- L’expérience des dernières années a montré que les stratégies visant à répondre au défi du terrorisme sous le seul angle militaire ou policier ont leurs limites. Dans le bilan qu’il vient de dresser de la Stratégie antiterroriste mondiale, le Secrétaire général des Nations Unies a souligné, à juste titre, que la communauté internationale a eu trop tendance à privilégier les piliers de l’action militaire et policière. Certes, il y a lieu de se féliciter des résultats enregistrés dans le cadre de la riposte militaire, qui a permis notamment à la coalition internationale de donner un coup d’arrêt à la dynamique d’expansion territoriale de la mouvance terroriste djihadiste en Iraq et en Syrie. Mais, on est loin d’avoir freiné définitivement son essor. Face aux manifestations de ce terrorisme d’un genre nouveau, qui s’attaque indistinctement aux nations, force est de reconnaître que la réponse au terrorisme ne peut résider uniquement dans la répression. L’action répressive, aussi indispensable qu’elle puisse être, doit être complétée par une mission de prévention.
7- C’est pourquoi nous appuyons le Plan d’action du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention de l’extrémisme violent, qui souligne opportunément la nécessité de ‘’réorienter les priorités’’ et de mettre davantage l’accent sur les raisons pour lesquelles les groupes extrémistes violents séduisent. Nous souscrivons pleinement aux nouvelles pistes d’action esquissées. Elles permettent de mieux cerner les ressorts de ces groupes, de démanteler les chaînes opérationnelles sur lesquelles ils s’appuient, et d’adopter des outils qui permettent de mieux contrer le discours idéologique servant de catalyseur à la radicalisation et au déchaînement de la barbarie.
8- La violence politique extrémiste est souvent le fait d’individus idéologiquement motivés. S’appuyant sur des idéologies porteuses de haine et d’intolérance, ces groupes travestissent et instrumentalisent la religion. Ils ne font pas que s’en prendre à des innocents : ils foulent aux pieds les droits fondamentaux de l’homme, s’attaquent aux valeurs démocratiques universelles et aux principes mêmes sur lesquels se fondent la paix et la sécurité internationales. La communauté internationale se doit, par conséquent, de porter également la lutte contre la mouvance terroriste sur le terrain des idées.
9- C’est pourquoi la République d’Haïti attache le plus haut intérêt à la mise en place d’un dispositif international de lutte, assorti des ressources et des mécanismes de coopération appropriés, visant à contrer les discours idéologiques susceptibles de conduire à la radicalisation. Il est impérieux de réduire significativement l’attractivité idéologique du terrorisme, car il en tire en grande partie ce qui fait sa force.
10- Le renforcement de la coopération internationale, régionale et sous-régionale est à cet égard indispensable. Il est souhaitable que l’ONU et ses institutions et agences spécialisées, dont l’UNESCO, appuient les programmes d’éducation et de sensibilisation que déploient les États, y compris ceux du Tiers-monde, en vue de renforcer la prise de conscience des risques et des menaces que posent les idéologies terroristes.
11- Pour sa part, le Gouvernement de la République d’Haïti, qui souscrit pleinement à la stratégie de lutte antiterroriste dans le cadre de l’État de droit, s’évertue à moderniser son système juridique, en y renforçant les dispositions permettant de sanctionner non seulement la provocation à des actes de terrorisme et l’apologie de tels actes, mais aussi la propagation d’idées extrémistes, la diffusion des idéologies axées sur la violence, le discours d’intolérance religieuse et d’incitation à la haine raciale. Aux côtés de l’État, l’ensemble des acteurs sociaux, l’école, entre autres, devra être partie prenante de cette stratégie.
12- Enfin, on ne saurait méconnaître le lien étroit existant entre la lutte contre les idéologies terroristes et le combat pour l’élimination des conditions qui permettent à l’extrémisme de prospérer. La communauté internationale doit être consciente du fait que l’endiguement du terrorisme et des idéologies sous-jacentes passe aussi par le règlement de conflits régionaux qui n’ont que trop duré et l’élimination des foyers de tension habilement exploités par les mouvements terroristes.
13- De même, la persistance – voire l’aggravation – de la pauvreté, des inégalités et des difficultés économiques et sociales, le sentiment d’exclusion et de marginalisation au sein de populations et des groupes défavorisées, sont autant de facteurs lire la suite sur hpnhaiti.com