Contraction de l’activité économique de l’Amérique Latine et de la Caraïbe à -0.6% en 2016
La Commission Economique de l’ONU pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPAL) vient d’actualiser ses projections de croissance pour la région et a ainsi révisé à la baisse ses prévisions de croissance de l’activité économique de l’Amérique Latine et de la Caraïbe. Selon la nouvelle estimation de la CEPAL, la contraction qu’a connu le PIB régional en 2015, soit de -0.5%, devra se poursuivre cette année. En effet, l’économie régionale devrait croitre de -0.6% en 2016, selon ce qu’ont indiqué les experts de la CEPAL ce weekend dernier dans un communiqué de presse à Santiago au Chili.
Il faut dire que la poursuite de la contraction de l’économie régionale en 2016 est imputable à un environnement économique global difficile, marqué surtout par la baisse de la croissance des pays développés, une décélération importante des économies émergentes, en particulier celle de la Chine, les coûts et la volatilité accrue au niveau des marchés financiers et la baisse des prix des matières premières, en particulier les hydrocarbures et les minéraux.
Comme en 2015, la dynamique de la croissance en 2016 montre des différences remarquables entre les pays et les sous-régions, selon les données de la CEPAL. En effet, les économies de l’Amérique du Sud, spécialisées dans la production de matières premières, devraient se contracter en 2016 et enregistrer une croissance négative de -1.9%. Pendant ce temps, la croissance des économies de l’Amérique Centrale restera positive en 2016, soit 3.9%, mais inferieure à celle de 2014 (4.3%). Tandis qu’au niveau des économies de la Caraïbe, hormis Haïti et la République Dominicaine, c’est-à-dire dans les pays anglophones et néerlandophones, la croissance devrait s’établir à 0.9% en 2016.
Une analyse du tableau, présentant les projections de croissance pour toutes les économies de la région Amérique Latine et les Caraïbes, nous indique que la croissance de la région cette année sera dirigée par le Panama avec une croissance de 6.2%. Ce qui veut dire qu’on n’attend pas à ce que l’affaire des Panama papers ait des impacts endommageables sur l’économie panaméenne. Viennent ensuite l’économie de la République Dominicaine avec 5.5% de croissance en 2016, St Kitts and Navis 5.1%, Nicaragua 4.6% et la Bolivie 4.5%. Selon les projections de la CEPAL, l’économie cubaine devrait croitre de 2% cette année, les Bahamas 2.4% et la Jamaïque 1.5%.
Le tableau des projections actualisées de croissance au niveau de la région révèle que nous avons cette année 6 mauvais élèves avec des croissances négatives. D’abord nous avons l’économie du Venezuela qui devrait enregistrer une croissance de -6.9%, selon la CEPPAL. Viennent ensuite le Brésil -3.5%, la Grenade et Trinidad and Tobago -1% chacun, l’Argentine -0.8% et l’Equateur -0.1%.
En ce qui concerne l’économie haïtienne, nonobstant cette conjoncture politique des plus précaire et pleine d’incertitudes, malgré la dégradation du secteur agricole et la baisse des investissements dans le pays, les experts de la CEPAL croient que nous devrions enregistrer une croissance de 2% en 2016. Cette estimation est bien sur supérieure aux prévisions faites par nous autres et plusieurs économistes nationaux avisés qui suivent la situation économique d’Haïti de très prêt et qui croient que la croissance de l’économie haïtienne en 2016 devrait se trouver entre 1 et 1.5% si la situation politique se détériore. Il faut rappeler qu’au niveau du budget 2015-2016, le gouvernement tablait sur des perspectives de croissance de l’économie de 3.6%. Cette prévision devra être révisée dans le nouveau budget rectificatif qui sera probablement présenté bientôt au parlement haïtien.
Riphard Serent, MPA (Policy)
Economiste