Haïti/Économie : Bilan économique 2012…perspectives pour l’économie haïtienne pour 2013..
L’année 2012 prend fin dans pratiquement 3 jours et l’heure est propice dans le cadre de cette rubrique pour faire un bilan économique de l’année 2012 et voir comment se présentent les perspectives pour l’année à venir, l’année 2013…
Plusieurs secteurs et grands analystes économiques ont déjà révélé que l’année 2012 a été globalement décevante, au regard de toutes les attentes, les promesses et les perspectives qui ont été dégagées pour cette année. Il suffit de regarder les indices et les indicateurs économiques de cette année, comparés à ceux de 2011, et on pourra clairement comprendre que l’économie haïtienne a été moins performante au cours de l’année 2012.
En effet, selon les chiffres de l’IHSI (Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique) sur la conjoncture économique 2012, l’Indice de la production industrielle a chuté considérablement passant de 26.6 % en 2011 à 4.9 % en 2012. Les industries alimentaire et textile ont crû respectivement de 10,4% et 0,5% en 2012 contre 16,6% et 30,2% en 2011. Le secteur de la construction a crû de 3.1 % en 2012 contre 14 % en 2011, alors que la croissance de l’activité commerciale du pays a été de 18 % en 2012 contre 30.3 % en 2011. De plus, la croissance de l’indice des prix à la consommation (lPC) en glissement annuel se rapproche de 8%. D’autre part, Il n’est pas sans savoir que dans les perspectives économiques 2012, le gouvernement et la CEPAL avaient tablé sur des taux de croissance compris entre 8 et 9%. Cependant, nous n’allons même pas enregistrer 3% de croissance économique pour cette année, contre 5.6% atteints en 2011. Ce qui veut dire clairement que les grands objectifs économiques 2012 n’ont pas été atteints et qu’on va avoir une régression économique avec un taux de croissance rachitique et lilliputien.
Plus loin, il existe d’autres signes de non performance qui ont été enregistrés pour l’année 2012, des signes qui ont affaibli encore Haïti dans le monde des affaires, malgré les propagandes faisant croire que Haïti est ouverte aux affaires. On veut parler notamment de la régression d’Haïti dans les classements internationaux comme le classement sur la facilité de faire des affaires (Doing business de la Banque mondiale), où Haïti est passée de la 166e place en 2011 à la 174e en 2012 et le rapport sur la compétitivité globale où le pays a perdu 5 place passant de la 137e à la 142e place. En ce qui concerne l’indice de perception de la corruption de la Transparency international, les petits progrès remarqués dans ce rapport sur la corruption ne sont pas vraiment significatifs.
En dehors de toutes ces contre-performances de mauvaise année économique, il y a lieu d’enregistrer quelques progrès économiques visibles, mais qui ne sont pas de nature à améliorer les conditions de vie en Haïti. Il faut dire que cette année il y a eu encore des promotions et plus de programmes de crédit dans le système financier du pays, mais ce n’est pas du tout adéquat par rapport à la demande, d’autant plus que les conditions requises sont encore des plus décourageantes.
Cette année, des millions de dollars ont été approuvés pour certains secteurs dans l’économie haïtienne notamment l’agriculture et le secteur des PME, et il y a eu une vague campagne pour la promotion de l’investissement étranger en Haïti, même si les conditions normales y relatives n’ont pas été crées.
D’autre part, le dépôt de la loi de finances au Parlement a été fait à temps, on a eu la constitution par le ministère du commerce et de l’industrie d’un guichet unique électronique permettant la création d’une société anonyme en 10 jours, la diminution de la contribution internationale dans le budget 2012-2013, l’inauguration du parc industriel de Caracol devant générer plusieurs milliers d’emplois selon le gouvernement, la construction ou la réhabilitation de certains tronçons routes dans la capital et dans les villes de provinces, la rénovation de l’arrivée de l’aéroport international de P-au-P, le début de rénovation de l’aéroport du Cap-Haïtien et enfin la réalisation de plusieurs activités dans le secteur touristique, qui devraient continuer en 2013, avec la construction de certaines infrastructures hôtelières, notamment le premier hôtel 5 étoiles du pays, Royal Oasis, un investissement d’environ 35 millions de dollars américains.
Globalement, on a eu une année de détérioration des indicateurs économiques et de bien-être social. Selon le rapport Mercer, Haïti a la capitale où la qualité de la vie et les infrastructures sont les plus critiques dans le monde entier. Entre autre, plusieurs entrepreneurs se plaignent de l’appauvrissement et de la faillite de leurs micro, petites et moyennes entreprises. On a eu une année de perte de confiance croissante dans l’aide internationale et l’expertise internationale de la reconstruction où les grands chantiers de cette dernière attendus n’ont pas été atterris.
Les perspectives pour 2013 sont très sombres et ne sont pas du tout prometteuses au regard de ce tableau très critique qui ne laisse pas augurer vraiment une sortie de crise. En termes de prévision de croissance, le gouvernement n’a pas encore projeté son taux pour 2013, mais la CEPAL l’a fait dans son rapport et croit qu’Haïti devrait enregistrer une croissance de 6% pour 2013. Il faut aussi mentionner qu’en 2012, Haïti est considérée comme le pays de l’Amérique latine et des Caraïbes avec un niveau de famine le plus élevé, comme l’a révélé l’indice de la faim dans le monde en 2012. Il y a beaucoup d’inquiétudes et d’incertitudes pour 2013 et on risque de connaitre une explosion sociale à court terme, s’il n’y a pas des mesures urgentes pour répondre aux revendications de cette population concernant la cherté de la vie…
En tout état de cause, comme le veut la tradition : Nos meilleurs et plus sincères souhaits aux fidèles auditeurs de cette rubrique et à l’économie haïtienne pour 2013. Que Dieu tire les oreilles de ces dirigeants pour qu’ils prennent leurs responsabilités et rendent les conditions de vie quotidiennes des haïtiens plus décentes et au diapason du train de vie moyen de la région caribéenne.
Riphard Serent
Vision 2000