Haïti – Économie: Des politiques publiques pour pallier le problème de la faim en Haïti ne sont pas pour demain

Tout le monde est censé conscient que la faim ou la misère bat son plein en Haïti et que se nourrir convenablement est devenu vraiment un luxe dans le pays, sachant qu’environ 8 millions d’Haïtiens continuent de végéter dans la pauvreté avec moins de 120 gourdes par jour et que plus de 60% de nos jeunes en situation de chômage, selon les derniers chiffres officiels de la Banque mondiale.

Si pour certains secteurs, l’élection d’un nouveau président provisoire à la tête du pays va calmer un peu les tensions politiques, pour d’autres, la crise politique n’est pas encore vraiment terminée et que les politiques publiques qui devraient être formulées et mises en place pendant ces prochains mois pour pallier le problème de la faim, suite au dernier rapport conjoint PAM/CNSA sur l’évaluation de la sécurité alimentaire d’urgence en Haïti, sont vraiment dans l’impasse par rapport à toutes ces incertitudes politiques qui planent dans le pays pour les prochains mois.

En effet, l’actualité économique de ce weekend dernier était surtout marquée par ce rapport du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) et de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) qui présente les conséquences négatives de trois années consécutives de sécheresse et du phénomène météorologique mondial El Nino, mais n’a pas vraiment, comme toujours, suggéré des pistes de solutions durables pour que dans 3 à 5 ans on parlera de préférence du recul de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire en Haïti. Formuler et implémenter des politiques publiques stratégiques pour pallier le problème de la faim dans le pays n’est pas pour demain, car il y a beaucoup d’incertitudes quant à la possibilité d’avoir un président élu au suffrage universel dans environ 90 jours, à moins qu’une formule magique ou vraiment politico-stratégique soit trouvée par ce nouveau gouvernement provisoire imminent avec la participation ou l’accord de tous les secteurs de la vie nationale.

Comme plusieurs études l’ont montré en Afrique et nous avons vu des exemples en Haïti en 2004 et en 2015, l’instabilité politique et institutionnelle est toujours défavorable à des progrès économiques et sociaux. C’est la raison pour laquelle, pratiquement tous les indicateurs économiques sont au rouge depuis des mois en Haïti, notamment le taux de change,  l’inflation, le taux de croissance du PIB, le chômage,  l’investissement et la balance commerciale.

Les autorités savent aussi bien que nous que vaincre la faim est important d’un point de vue économique, car lorsque des pays œuvrent pour lutter contre la faim et investissent en nutrition, ils contribuent à améliorer la productivité et à créer des opportunités économiques. En fait, selon le PAM, des études révèlent que des pays perdent des millions de dollars en raison de la malnutrition infantile.

S’il n’existe aucune formule magique pour combattre la faim et l’insécurité alimentaire sévère en Haïti, l’expertise, les outils et les potentialités dont nous disposons dans plusieurs secteurs porteurs, combinés à une forte volonté politique et de bonnes politiques publiques dans un climat plus ou moins stable avec des institutions fortes, sont, à eux seuls, capables de relever le défi  et permettent à de millions d’Haïtiens de sortir de la pauvreté et la diminution de l’inégalité sociale dans le pays.

Riphard Serent, M.P.A (Policy)

Economiste

Radio Vision 2000

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