PIDIH, plus qu’un échec, un cas de mauvaise gestion de fonds publics

Source Roberson Alphonse | Le Nouvelliste

L’Etat, sous l’administration de Michel Martelly, n’a pas fait grand-chose pour aider les Haïtiens en situation irrégulière en République dominicaine. Mais il y a pire. Le Programme d’identification et de documentation des immigrants haïtiens (PIDIH), en plus d’être un « échec cuisant au regard des objectifs fixés », est l’exemple parfait de gaspillage, de mauvais usage de fonds publics.

En juillet 2014, quand le Programme d’identification et de documentation des immigrants haïtiens (PIDIH) est lancé dans le sillage des tensions provoquées par l’arrêt 168-13 dénationalisant d’innombrables Dominicains d’ascendance haïtienne, les immigrants illégaux haïtiens se sont accrochés à l’espoir de régulariser leur situation face au spectre de rapatriement massif. 300 000 Haïtiens installés en République dominicaine devaient recevoir un extrait des archives, une carte d’identification nationale et un passeport en échange de 1000 pesos.

Le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger, en charge de la coordination du programme en partenariat avec l’ambassade d’Haïti à Santo Domingo et ses consulats, a obtenu du ministère de l’Économie et des Finances un prêt de 2 millions de dollars US. L’UNHCR a mis 28 425 dollars dans le pot. D’autres apports financiers ont placé la totalité des fonds disponibles en gourdes à hauteur de 150, 829 169. Personne, même le sceptique des sceptiques, ne pouvait prédire que le PIDIH serait cet échec cuisant au regard des objectifs fixés. Pis, un exemple parfait de gaspillage, de mauvais usage de fonds publics.

Le rapport d’audit du PIDIH remis le 15 décembre 2015 par l’inspection générale des finances au ministre Wilson Laleau fournit des détails. Sur la performance, l’évidence saute aux yeux. Avec l’objectif de fournir un passeport à 300 000 Haïtiens, le programme a reçu, en dépit des grosses affluences, 30 000 demandes. Seulement 2 081 passeports ont été délivrés.

« Le PIDIH n’a pas atteint les objectifs préalablement fixés. Les conditions organisationnelles, les mécanismes de pilotage, l’exécution des dépenses n’ont pas contribué à l’atteinte des résultats de 300 000 Haïtiens à identifier, à documenter. Seule 16 % de la population ciblée a été touchée par le programme », selon le rapport intérimaire d’audit de l’IGF. Pourtant, 308 175 dollars américains ont été donnés à l’entreprise Easy Business Group pour la campagne de promotion du programme. Mais voilé, l’audit de l’IGF questionne plus que l’opportunité de cette dépense effectuée en mars 2015, soit à trois mois de la fin du programme.

Le dossier formalisant le marché public présente des irrégularités. Ce montant de 308 175 dollars US a été payé en deux versements sur simple présentation de facture, sans la signature d’un contrat de service sept mois après le démarrage. De plus, poursuit le rapport de l’IGF, le dossier existant ne présente pas de pro-forma ou d’offre comparative bien qu’une correspondance du ministre du MHAVE adressée au directeur commercial de l’entreprise indique qu’elle a été retenue à l’analyse des dossiers et la qualité de services offerts. Il est aussi constaté dans le dossier l’absence d’une patente qui atteste l’existence légale de l’entreprise et l’acompte provisionnel de 2 % n’a pas été relevé ». La coordination du PIDIH à l’ambassade d’Haïti en République dominicaine a été exclue de ce processus.

L’autre boulet, les frais de déplacement. En 7 mois, de septembre 2014 à mars 2015, 13 missions avec 3 agents du MHAVE ont séjourné 10 jours par mois en République dominicaine alors qu’il existe une représentation diplomatique. Le programme qui devait fournir des documents à 300 000 Haïtiens s’est retrouvé avec des charges administratives de 40,66 % du total des dépenses, selon l’IGF.

Un responsable de l’ONI s’est vu octroyer, dans le cadre du PIDH, 64 000 gourdes de per diem pour aller à Séoul, en Corée du Sud. L’ONI a effectué d’autres dépenses qui n’ont rien à voir avec le PIDIH. L’impression de cordon a coûté 400 500 gourdes. 67 000 gourdes ont servi à l’achat lire la suite sur lenouvelliste.com

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