Haïti – Économie: Indice de Perception de la Corruption 2015: Haïti régresse (158e sur 168 pays)

La Transparency International vient tout juste de publier son dernier rapport ce Mardi matin sur les perceptions de la corruption dans le secteur public de 168 pays cette année contre 178 l’année dernière. En effet, une analyse du 21e rapport annuel de l’organisation nous montre qu’Haïti n’a pas fait de progrès en matière de lutte contre la corruption depuis pratiquement 2012, avec un score de 19/100 de 2012 à 2014 et 17/100 en 2015.

Il faut dire que  l’indice de perception de la corruption (IPC) est élaboré à partir de l’opinion d’experts et des acteurs nationaux et internationaux sur la corruption dans le secteur public. Dans l’ensemble, 2/3 des 168 pays évalués pour l’indice 2015 obtiennent une note inférieure à 50, sur une échelle allant de 0 (perçu comme fortement corrompu) à 100 (perçu comme très peu corrompu).

Les pays obtenant une note élevée disposent souvent d’une administration publique transparente permettant aux citoyens de demander des comptes à leurs responsables. C’est le cas par exemple des 10 pays qui se trouvent en peloton de tête tels que le Danemark (1e) qui garde encore la tête du classement pour la deuxième consécutive , la Finlande(2e), la Suède(3e),  la Nouvelle Zélande (4e), la Hollande (5e),  la Norvège (6e), la Suisse (7e), le Singapour(8e), le Canada(9e) et l’Allemagne qui partage la 10e place avec le Luxembourg et le Royaume Uni.  À l’inverse, une mauvaise note est le signe d’un recours systématique à des pots-de-vin, de l’absence de sanctions en cas de corruption et d’une inadéquation entre les prestations de l’administration et les besoins de la population. Les pays au bas du classement qui se trouvent dans cette catégorie sont la Somalie (167e), la Corée du Nord (167e), l’Afghanistan (166e), le Soudan(165e), le Soudan du Sud (163e), l’Angola (163e), la Libye (161e), l’Iraq (161e), le Venezuela (158e), le Guinée-Bissau (158e), Haïti (158e) et le Yémen (154e).

Des grands pays comme les Etats-Unis et la France ont fait des progrès et ont vu leur score améliorer pour occuper respectivement la 16e et la 23e place dans le classement. Au niveau du continent Africain, le Botswana (28e) continue d’être le numéro 1 de cette zone, suivi du Rwanda (44e) qui a fait des progrès extraordinaires en matière de lutte contre la corruption en 2015 avec un score de 54 contre 49 en 2014.

Plus près de nous dans la région de l’Amérique Latine, le Brésil est la grande déception de cette zone en enregistrant la plus forte baisse dans le classement de l’indice. En effet, le Brésil a chuté de 5 points et de 7 places pour occuper à présent la 76e place, suite aux révélations successives sur le scandale de corruption de la compagnie pétrolière Petrobas. Le Brésil se trouve donc derrière le Costa Rica (40e), Cuba (56e) et Panama (72e) qui ont tous amélioré leur score.

En ce qui concerne la Caraïbe, la Barbade et les Bahamas, qui se trouvent toujours en très bonne position dans ce classement de l’IPC, ne figurent pas dans ce dernier rapport de la Transparency International.  Ce qui favorise la Jamaïque de prendre la tête du classement pour la Caraïbe en occupant la 69e place suivi de Trinidad and Tobago (72e), Suriname (88e) et la République Dominicaine (103e), notre voisin qui a aussi amélioré son score en 2015 par rapport à 2014.

Occupant la 158e place sur les 168 pays examinés, Haïti demeure le pays perçu comme le plus fortement corrompu non seulement de la région mais aussi du monde entier. Haïti a chuté de 2 points et de 3 places dans le dernier rapport sur l’IPC de la Transparency International, suite aux différents scandales de corruption dans le pays en 2015, notamment au ministère de l’agriculture. Il faut donc qu’il y ait des réformes vraiment en profondeur au niveau non seulement de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) mais également de toute l’administration publique, car il n’est pas normale que  plus de 50% des enquêtes conduites par l’ULCC n’arrivent pas être finalisées, suite à des plaintes et dénonciations reçues, et que plus de 50% des cas traités n’ont pas été déférés devant la justice. Il est clair que chaque année Haïti perd des centaines de millions de dollars dans la corruption, des ressources qui auraient pu être allouées à des projets visant à sortir des milliers d’Haïtiens de l’extrême pauvreté.

Lutter contre la corruption en Haïti n’est pas chose facile car ce phénomène devient de plus en plus complexe et n’épargne presqu’aucun secteur la vie nationale. Cependant, il y a moyen d’améliorer le niveau de ce fléau dans le pays avec de meilleures lois contre la corruption et surtout avec des parlementaires responsables  et des groupes sérieuses de la société civile qui doivent faire pression sur le gouvernement et sur le système judiciaire pour l’application stricte de ces lois.  Entre autre, l’exemple et des signaux clairs doivent venir du plus haut niveau de l’Etat, soit du palais national et de la primature.

La corruption constitue bien sûr l’un des handicaps majeurs au développement d’Haïti. Donc, combattre ce phénomène  c’est lutter pour une gestion saine des ressources de l’Etat, pour la promotion de la réédition de compte, pour plus de transparence dans les affaires publiques, pour la diminution des tracasseries administratives  »red tape », pour l’attraction des investissements étrangers, pour de meilleurs résultats dans les projets de développement et de meilleurs services au niveau de l’administration publique.

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

Radio Vision 2000

riphardserent@gmail.com

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