Haïti – Économie: Cap sur des élections controversées pendant qu’une maladie ravage des plantations agricoles

L’actualité nationale, les débats médiatiques et les préoccupations du gouvernement  se focalisent beaucoup plus sur la question des élections très controversées, alors que le secteur agricole qui représente près de 25% du PIB du pays est censé en danger depuis quelques jours avec notamment cette maladie qui ravage des plantations de sorgho ou petit mil dans plusieurs endroits du pays.
En effet, depuis quelques jours, des voix paysannes au niveau du plateau central, notamment à Maissade, Hinche, Thomassique et Thomonde, s’élèvent pour alerter les autorités concernées au sujet de cette épidémie qui affecte sévèrement leurs plantations de sorgho (petit mil) en Haïti, dont les pertes n’ont pas encore été évaluées par les autorités du pays pour comprendre l’ampleur des dégâts causés par ce fléau.
Il faut dire que la filière du sorgho, dont la livre est passé de 25 à 30 gourdes sur le marché local, joue un rôle extrêmement important dans l’économie haïtienne tant dans la formation des revenus de milliers de paysans qui lutte avec la pauvreté que pour de grandes entreprises comme la Brasserie Nationale d’Haïti  (BRANA) qui avait décidé de créer un marché local pour ce produit qu’il utilise depuis des années dans des opérations de brassage. En fait, la BRANA avait lancé un programme d’approvisionnement local pour remplacer les achats d’orges importés des Caraïbes par le petit mil haïtien qui est utilisé dans le brassage de la bière et des boissons à base de malt comme le Mata H.
L’initiative de la BRANA avait reçu  le support de la BID qui, à travers le Fonds Multilatéral d’Investissement (FOMIN), avait annoncé depuis Juin 2015 l’approbation d’une subvention de 2.4 millions de dollars pour renforcer la chaine de valeurs du sorgho ou petit mil haïtien et permettre à des entreprises comme la BRANA et Epi d’Or de s’approvisionner localement. Mais ce n’est que ce weekend dernier, lors une cérémonie officielle, que la BID a officiellement rejoint la BRANA et l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) dans ces initiatives visant à booster cette filière agricole.
Les pertes de récolte de petit mil sont vraiment énormes dans le plateau central et dans d’autres régions du pays et constituent un déficit considérable pour des milliers de paysans qui s’adonnent à l’agriculture. Donc, il est urgent à ce que les autorités du ministère de l’agriculture procèdent non seulement à une évaluation des pertes enregistrées, mais aussi pensent à diligenter une enquête très sérieuse afin de déceler l’origine ou les causes de cette maladie suspecte, selon certains agronomes du Centre, venue sous forme d’un champignon.
Un secteur agricole déjà en pleine défaillance depuis 2013 avec notamment une croissance négative de -3.5% en 2015 ne peut pas supporter les soubresauts d’une telle épidémie fantôme qui ne fait que réduire les moyens de subsistance d’un bon nombre de paysans au niveau du plateau central et dans d’autres régions du pays.
 
Riphard Serent, MPA
Economiste
Radio Vision 2000

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