Haïti – Économie: D’un gouverneur de BRH à un autre, les défis restent les mêmes

J’ai pris le soin d’écouter et de lire également in extenso le discours de l’ex-gouverneur de la BRH, Charles Castel prononcé hier après-midi au cours de la cérémonie de passation de pouvoir au nouveau conseil.

Une partie du discours a particulièrement attiré mon attention, que je veux bien reprendre. Il a affirmé que « mes 22 ans d’expérience à la banque centrale l’ont permis d’observer une tendance aussi déplorable que constante à occulter les racines de notre mal, mal d’Etat fragile, d’Etat faible qui manque de moyens pour contrôler pleinement son territoire et sa population, donc forcément comme corolaire manque de capacité d’exécuter les politiques publiques (dans quelque soit le domaine), des défaillances énormes au niveau de la production et de l’emploi se traduisant en un déficit commercial de 3 milliards de dollars, une dépendance chronique de l’international pour combler les déficits fiscaux et de la balance courante.

 

C’est cela les racines de notre mal, et notre modèle politique et socio-économique est en panne. Occulter cette vérité, pourtant d’une clarté aveuglante, conduit à recourir à des palliatifs imparfaits et de court terme, à différer sine die les réformes difficiles certes, néanmoins incontournables si nous devons sortir du cercle vicieux de stagnation économique, de démographie galopante, de dépendance, d’instabilité, et d’approfondissement de la pauvreté. Nous ne pouvons pas persister à rester rebelle aux postures et initiatives qui s’imposent. Pour rappel, et c’est loin d’être anodin, à chaque mandat présidentiel, nous produisons environ 1 million de personnes. C’est ça notre réalité. De grâce, arrêtons de nous massacrer. » Fin de citation.

Donc, ce qui est rassurant ce que le mal est bien connu, et on reconnaît par ailleurs que nos actions quotidiennes ne peuvent en aucun cas résoudre les problèmes de fond de ce pays. Mais la grande question, quand est ce que cela va être différent ? Quand est ce que nous allons commencer à aborder les problèmes d’une autre manière ?  Comme l’a rappelé le nouveau gouverneur, M. Dubois, « durant les 30 dernières années, les politiques publiques ont mis l’emphase sur les efforts d’assainissement et de stabilité macroéconomique pour contrôler l’inflation et le taux de change », et après ? Qu’en est –il du secteur réel ? Bref, les politiques n’ont pas permis de résoudre les problèmes de croissance, de compétitivité, et n’ont pas permis au PIB de rapprocher son niveau potentiel. Question de suicide collectif ? d’incompétence ?, ou le besoin de se conformer aux dictées du FMI et de la Banque Mondiale ?

Il est aujourd’hui temps d’attaquer les problèmes, les causes et les sources et de cesser de les toucher du doigts, chaque année, chaque discours, car nous sommes déjà conscients de tout cela.

 

Etzer S. Emile

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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