Nouveau parlement au Venezuela : quel avenir du programme de Petrocaribe ?

Dans un article publié hier par Miami Herald le Conseiller à la Sécurité Nationale aux Etats-Unis, Ben Rhodes a affirmé que si l’Assemblée nationale vénézuélienne nouvellement élue et dominée par la coalition de l’opposition vote pour annuler le programme des ventes de pétrole subventionnées vers les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes (Petrocaribe), les Etats-Unis ne seront pas en mesure de substituer pour ces économies le programme de pétrole vénézuélien.

Ben Rhodes a déclaré que les Etats-Unis pourrait être en mesure de fournir certaines « ressources » pour les 17 pays qui seraient touchés par la disparition du programme, connu sous le nom de Petrocaribe, qui a commencé sous le défunt président Hugo Chávez. Mais fournissant pétrole de manière régulière dans les conditions actuelles serait peu probable. Ce qui forcera les pays bénéficiaires de Petrocaribe de se retrouver sur le marché pour acheter au prix du marché.

Il faut rappeler que l’opposition politique du Venezuela a remporté une super-majorité de l’Assemblée nationale et a célébré dimanche sa première victoire électorale depuis 17 ans. La marge écrasante de 112 des 167 sièges au Congrès va donner à l’opposition vénézuélienne un vaste pouvoir pour renverser les décisions prises par le gouvernement de l’actuel président Nicolas Maduro.

Selon le conseiller américain à la sécurité national, il est clair que l’opposition va cibler le programme de subventions existantes. D’ailleurs les leaders de l’opposition ont toujours critiqué le Petrocaribe estimant que les programmes de subventions de produits pétroliers pour les pays de la Caraïbes et Amérique Centrale ont coûté à l’économie vénézuélienne près de 50 milliards de dollars au cours de la dernière décennie. On se rappelle l’année dernière, le Venezuela avait réduit les livraisons de pétrole vers les pays de Petrocaribe à 200.000 barils par jour selon une analyse de la Barclays Bank.

La banque d’investissement britannique a déclaré que les coupures dans les livraisons de pétrole ont permis au Venezuela de réduire ses prévisions de déficit pour 2015 de 30 milliards à 22,6 milliards.

Pour anticiper l’abandon de ce programme par le Venezuela, en début d’année, le président Barack Obama avait dévoilé un nouveau partenariat de l’énergie propre à un sommet des Caraïbes qui devrait contribuer à diversifier les ressources énergétiques et de réduire la dépendance de la région sur le pétrole vénézuélien.

Rhodes a déclaré que le programme américain a déjà été couronné de succès. Il consiste à fournir une expertise, en regardant la capacité et les plans pour l’avenir énergétique du raffinage de chaque pays.

Bref, ce nouveau parlement vénézuélien avec une majorité de la coalition de l’opposition peut a tout moment stopper le programme de Petrocaribe qui certes renforce la position politique du Venezuela mais nuit a sa stabilité budgétaire dans un ce contexte de marasme économique et crise de croissance économique. Haïti risque donc de se retrouver dans un futur proche sur le marché du pétrole mondial sans ses avantages en termes de prix préférentiels et en termes de paiement différés. Haïti n’a pas d’autres choix, elle doit développer des stratégies et développer d’autres partenariats non seulement pour l’approvisionnement en pétrole mais aussi pour des sources de revenus. La situation de nos finances peut devenir encore plus difficile, surtout que ces dernières ne sont pas bien gérées.

 

Etzer S. Emile

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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