Haïti – Économie: La CNSA prévoit encore des prix élevés et un faible niveau de production
Depuis le début de l’année, de longues périodes sèches ont affecté les cultures, conduisant à des pertes des cultures de première saison estimées à plus de 50 pour cent par rapport à la moyenne selon la Coordination Nationale pour la Sécurité Alimentaire (CNSA) dans un bulletin publié avant hier le 17 novembre. Toute la péninsule du Sud, le Nord-Ouest et le Nord-Est, entre autres, en sont sévèrement touchées. Outre la faible production induite par la sécheresse dans les zones touchées, elle a aussi contribué à une baisse de la demande de main-d’œuvre.
En général, septembre et octobre sont les mois pendant lesquels les prix des denrées produites localement (le maïs et les haricots notamment) sont à leur bas niveau. Cette année encore, cette tendance se reflète sur de nombreux marchés pour ces deux produits de base. Cependant, à les comparer aux prix des années antérieures, ils sont relativement élevés. La baisse de la production agricole entrainée par la sécheresse est à la base de cette situation. Le prix de la semoule de maïs a beaucoup fluctué au cours de ces derniers mois. Comme pour les haricots, la sécheresse sévissant pendant les deux saisons de production de l’année 2015 cause des pertes élevées dans les grandes zones de production, particulièrement dans la Plaine des Cayes et le Plateau Central.
Des produits locaux comme les tubercules, les bananes et certains légumes comme la tomate se font rares sur les marchés de Port-au-Prince au cours du mois d’octobre. Le prix du lot de banane de cinq doigts a doublé passant de 50 gourdes en septembre 2014 à 100 gourdes en septembre 2015. Les prix des produits importés y sont relativement stables, mais ceux de tous les produits locaux s’affichent à la hausse. La faiblesse de la production nationale due à la sécheresse et la rareté observée de la banane en provenance de la République Dominicaine en sont les principales causes. Il faut noter toutefois qu’en plus de la baisse substantielle de la production agricole au cours de ces deux dernières années, les statistiques de l’IHSI et de la BRH montrent une détérioration des conditions macro-économiques au cours de l’exercice fiscal 2014-2015. Le taux d’inflation en glissement annuel est d’environ 11.3%.
Parallelement, en termes d’assistance humanitaire, les fonds consacrés aux réponses humanitaires en Haiti n’ont cessé de décroitre depuis le séisme de janvier 2010 pour atteindre leur niveau de 2009, alors que le pays continue à faire face à des chocs qui réduisent les moyens d’existence des ménages pauvres. Les programmes gouvernementaux qui distribuaient des cash aux ménages pauvres ou qui faisaient du cash for work sont pour la plupart fermés.
En effet, face à un ensemble de phénomène comme la forte probabilité de la continuation du phénomène El Nino qui conduira à des pluies en dessous de la moyenne pendant le reste de la deuxième saison, la dépréciation continue de la gourde, l’augmentation des prix des produits alimentaires, l’interdiction des 23 produits par voie terrestre par le gouvernement en provenance de la République Dominicaine, la déportation de plus 36 000 haïtiens entre juin et octobre et enfin les élections en cours, certaines zones du pays sont donc devenues des zone de grande préoccupation notamment en termes de sécurité alimentaire et de misère comme Bonbardopolis, Bassin Bleu, Baie de Henne, Jean Rabel, Anse Rouge, Mole St Nicolas, Gonaive, Ennery, Aquin, Anse a Veau, Petit Trou de Nippes, La Gonave, Anse-à- Pitre, Belle-Anse, Grand Gosier, Arnaud, Grand Boucan, sans oublier Tomassique, Cerca la Source, Cerca-Carvajal et Belladère.
Vraiment, les perspectives ne sont pas du tout prometteuses, pour les mois à venir, la précarité est visible, elle est bien présente dans beaucoup de communes d’Haïti notamment dans le Nord ouest, Nord Est et Plateau Centrale, bref, on se demande, ou sont passés les programmes de lutte contre la pauvreté, les programmes de relance agricole ? Des questions qui restent sans réponse.
Etzer S. Emile
Economiste
Radio Vision 2000