Zoom sur la crise migratoire mondiale – Le cas des migrants d’Haïti en République Dominicaine et au Brésil
Par Wooldy Edson Louidor
Bogotá, 08 septembre 2015 [AlterPresse] — L’humanité est en train de faire face à la deuxième plus grande crise de réfugiés depuis la deuxième Guerre mondiale, selon les témoignages de plus d’un, recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
L’Europe, une fois de plus, est sous les projecteurs.
Un zoom sur la crise à travers le globe, dont l’Amérique Latine et les Caraïbes.
La crise migratoire mondiale
La crise migratoire mondiale est caractérisée, entre autres événements, par des flux humains croissants vers une Europe débordée et incapable de fournir une réponse « sensée » à cette tragédie humaine, des cascades de réactions inappropriées de la part de l’Australie face à l’arrivée des bateaux chargés de migrants à ses côtes, des vagues de déportations massives un peu partout dans le continent américain, en particulier aux deux frontières haïtiano-dominicaine et colombo-vénézuélienne.
L’image d’un enfant syrien, naufragé sur les rives de la mer turque, soulève l’indignation mondiale. Accompagné de sa famille, il se trouvait à bord d’un bateau à destination de l’île grecque de Kos, fuyant une Syrie en guerre et cherchant refuge en Europe.
Une autre nouvelle poignante concerne la mort, en août 2015, de dizaines de migrants asphyxiés dans un camion-frigorifique, abandonné à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie (Europe de l’Est).
Une fois de plus, les critiques ont fusé contre les autorités de la Hongrie qui viennent de construire un mur de barbelés, tout au long de sa frontière avec la Serbie, en vue de stopper le flux migratoire provenant de la Syrie, de l’Afghanistan et du Pakistan, dans la route appelée la « route des Balkans ». Un mur jugé « inutile et cruel » !
L’Union européenne (Ue) sur le banc des accusés
Seulement au cours de l’année 2015 (plus précisément, du 1er janvier au 1er septembre), au moins 351,314 étrangers en quête d’hospitalité sont arrivés sur les côtes européennes, selon l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).
La Grèce et l’Italie sont les deux pays européens, qui ont reçu le plus grand nombre de migrantes et migrants (respectivement 234,778 et 114,276) pour la même période.
Du total de ces migrantes et migrants arrivés en Europe, dont la majorité provient de la Syrie (autour de 40%), de la Lybie et d’autres pays de l’Afrique, 2,643 ont péri dans leur tentative dans la Méditerranée, convertie de plus en plus en un tombeau pour les migrantes et migrants.
L’Union européenne n’a rien encore décidé de la réponse à donner à ces flux. La proposition d’instaurer des quotas migratoires à l’échelle communautaire (prenant en compte le produit intérieur, la population, le niveau de chômage et le nombre de demandes d’asiles et de réfugiés) ne fait pas toujours l’unanimité au sein des pays membres. [1]
Il est prévu, pour le lundi 14 septembre 2015, une réunion des ministres de l’Intérieur de l’Union européenne, à Bruxelles, pour tenter une nouvelle fois de trouver une issue.
Le Hcr et l’Oim dénoncent la pratique de l’Australie de payer des trafiquants de migrants en Océanie
D’autre part, en Océanie, la crise des migrantes et migrants – originaires de la Birmanie, de Bangladesh et d’autres pays voisins – cherchant refuge en mer d’Andaman, continue. L’Australie, mais aussi l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande, doivent donner une réponse appropriée, selon l’Organisation des nations unies (Onu) et des organismes de droits humains.
Le Haut commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (Hcr) et l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) ont sonné l’alarme, dans un communiqué conjoint publié, en juin 2015 [2], face à la « prétendue » décision, que le gouvernement australien aurait prise, de payer des trafiquants de migrants pour qu’ils retournent les bateaux, dans lesquels voyagent des migrantes et migrants « irréguliers » vers leurs pays d’origine.
Les deux agences internationales ont dénoncé cette prétendue pratique comme attentatoire aux droits humains de ces personnes, dont le droit à demander de l’asile, tout en invitant le gouvernement australien à renforcer la coopération internationale, notamment avec les pays de l’Océanie en matière de migration.
Déportations massives en Amérique Latine et dans les Caraïbes
En Amérique du Sud, une nouvelle crise migratoire s’est déclenchée récemment à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, où plus de mille Colombiennes et Colombiens sont déportés par les autorités vénézuéliennes.
Plus de 7,000 se sont vus obliger de retourner à leur pays d’origine, suite à la décision du gouvernement de Nicolás Maduro de « lutter contre des paramilitaires colombiens et la contrebande » à la frontière commune.
Cette situation a généré des tensions diplomatiques entre les deux pays sud-américains voisins et au sein des organismes régionaux, tels que l’Organisation des Etats américains (Oea) el l’Union des nations sud-américaines (Unasur).
La Commission interaméricaine des droits humains (Cidh) a exprimé, dans une note de presse diffusée le 28 août 2015 [3], ses préoccupations, face à ce qu’elle qualifie de « déportations arbitraires et collectives de migrants colombiens, en situation migratoire irrégulière, de la part des autorités du Venezuela dans l’état frontalier de Táchira ».
Déportations massives de migrants haïtiens et de leurs descendants en République Dominicaine
Dans les Caraïbes, les déportations de migrantes et migrants haïtiens ainsi que de leurs descendants continuent bel et bien.
Des Haïtiennes et Haïtiens fuient continuellement le pays voisin, en raison des représailles et des abus commis à leur encontre par des autorités dominicaines. L’État voisin n’entend pas faire marche arrière, en dépit de la désapprobation généralisée de la communauté internationale.
La Commission interaméricaine des droits humains (Cidh) vient de publier, le 27 août 2015, un communiqué [4], dans lequel il « appelle l’État dominicain à adopter toutes les mesures nécessaires, en vue de garantir le droit à la nationalité dominicaine des personnes ayant été privées de leur nationalité de manière arbitraire et rétroactive par l’arrêt TC/168/13 de la Cour Constitutionnelle Dominicaine ».
La Cidh fustige le fait que l’État dominicain continue les déportations de personnes d’ascendance étrangère, « alors que les mécanismes, prévus en matière de nationalité et de régularisation migratoire, ne sont pas encore pleinement définis ».
Elle insiste sur l’obligation faite à l’État dominicain de respecter, au cours des déportations, le processus « en bonne et due forme » et les principes internationaux, en accord avec les normes et standards en matière de droits humains des migrants.
Six Haïtiens victimes de la xénophobie au Brésil
Au Brésil, suite à une attaque armée orchestrée par des Brésiliens contre sept migrants haïtiens, en août 2015, à l’Église Nossa Senhora da Paz à Sao Paulo (où des prêtres religieux de la Congrégation des Scalabrinianos accueillent des Haïtiens), la Commission de Relations extérieures et de défense nationale de la Chambre des députés a exigé une audience publique à la Chambre basse autour de cet incident qualifié de « xénophobe » par les députés Ivan Valente y Jean Wyllys.
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