La Croissance chinoise du 2eme trimestre soulève des doutes sur les statistiques de Pékin

La Chine vient de publier certains chiffres sur la sante de son économie notamment sur sa croissance économique pour le deuxième trimestre de l’année 2015.  Cependant, certains économistes qui suivent de très près l’évolution de l’économie chinoise, ne cachent pas leurs doutes par rapport à ces indicateurs et soupçonnent le régime communiste de gonfler des chiffres de performance pour probablement impressionner l’économie américaine.  La grande question: la croissance chinoise s’est-elle vraiment établie à 7 % au deuxième trimestre, comme l’affirme Pékin?

 

Selon un sondage de Bank of America Merrill Lynch, 75 % des investisseurs sont convaincus que le véritable taux de croissance de la Chine est inférieur à 6 %.  Dans une note sur le sujet, Patrick Artus, chef économiste de Natixis, estime même que le produit intérieur brut (PIB) n’a probablement guère progressé de plus de 2 % au deuxième trimestre.

 

De leur côté, les économistes de Citigroup jugent que sur les trois premiers mois de l’année, la croissance chinoise n’a pas été de 7 %, mais plutôt de 6 %. Plus sévères, les analystes de Lombard Street Research, un institut de prévision britannique, assurent qu’elle n’a pas dépassé 4%.

 

Déjà en 2013, le problème était posé. Les experts s’interrogeaient sur la fiabilité des indicateurs économiques publies par les autorités chinoises, à teneur hautement politique, et soupçonnent des manipulations de données.

 

Il y a très souvent des écarts entre certaines mesures officielles (les données du commerce extérieur, notamment) et les estimations des experts. En juillet 2013, l’indice PMI (mesurant l’activité manufacturière) publié par le gouvernement chinois montrait même une évolution diamétralement contraire au même indicateur calculé par la banque HSBC.

 

Le Premier ministre chinois Li Keqiang avait même reconnu il y a quelques années prendre avec des pincettes certains indicateurs officiels. A l’époque à la tête de la province du Liaoning (nord-est), il avait confié en 2007 à l’ambassadeur américain en poste à Pékin que certains chiffres chinois étaient « fabriqués artisanalement » et donc peu dignes de confiance, selon un câble diplomatique publié par Wikileaks.

 

Li avait précisé que lui-même, pour évaluer la véritable santé économique de sa province, se concentrait sur seulement trois chiffres: la consommation d’électricité, le niveau du fret ferroviaire et le volume de crédits émis. « Tous les autres chiffres, en particulier les statistiques sur le PIB, peuvent être seulement consultés à titre informatif », avait-il conclu, selon le mémo diplomatique américain.

 

Cette pratique chinoise doit nous interpeller ici en Haïti et même nous porter a questionner certaines statistiques fournies par les autorités haïtiennes notamment les statistiques sur la baisse de la pauvreté extrême passant de 31 a 24% qui ont été publiées par ONPES (observatoire nationale sur la pauvreté et l’exclusion sociale) et le MPCE l’année dernière.  A mentionner que ces deux institutions sont des institutions étatiques, donc proches du gouvernement donc ayant tendance à avoir un profil statistique des plus partial.

 

 

 

Il est clair que si les statistiques ou les chiffres officiels ne sont pas fiables, toutes les initiatives de politiques publiques et réformes seront faussées, et n’auront pas les effets souhaites.  Les statistiques fiables doivent permettre aux autorités de prendre des décisions justes et adaptées aux besoins du pays et de la population.

 

 

 

Etzer S. Emile, M.B.A

 

Economiste

 

Radio Vision 2000

 

etzeremile@gmail.com

 

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