Haïti-RD : Les exigences des marcheurs du 21 juillet au gouvernement
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Lettre remise par les manifestants au premier ministre Evans Paul à l’issue de leur marche
Document transmis à AlterPresse
Monsieur Evans Paul
Premier Ministre Haïti
Monsieur le Premier Ministre,
Nous, les organisations signataires de cette lettre, vous présentons nos compliments et réclamons de votre gouvernement la ferme détermination à défendre la dignité nationale et à exiger le respect pour le peuple Haïtien.
Les menées subversives anti-haïtiennes, ingénieusement conçues par des dirigeants dominicains, sont révoltantes : des noirs, notamment ceux que l’anti-haitianisme consacré des Dominicains cible comme Haïtiens, se retrouvent matraqués, égorgés, mutilés, pendus, fusillés, séparés brutalement de leur famille, coupés de leurs racines, dépouillés de leurs biens et expulsés vers Haïti ; des substances cancérigènes, nocives, toxiques sont mélangées aux produits agro-alimentaires, destinés à la consommation haïtienne.
La dimension de ce drame nous plonge dans le désarroi et soulève notre indignation.
Cette hypothèque d’infamie, dont la nation est grevée, mérite d’être levée, car la société haïtienne ne tolèrera plus de déclaration insultante de la part d’un quelconque dirigeant dominicain, comme celle faite par Trujillo après le massacre de 1937 : « J’ai jeté le gant à un peuple sans honneur et il ne l’a pas ramassé … ».
Le peuple haïtien n’acceptera plus que les intellectuels et idéologues dominicains continuent d’aiguiser la haine et de prôner qu’Haïti soit comme une malédiction à l’Ouest de leur pays. (ref. Malagon dans la revue Rumbo).
En signe de contestation et de protestation, nous, les organisations signataires de cette lettre, exigeons de votre gouvernement un ensemble de dispositions proportionnelles aux agressions dominicaines, telles :
1. Le dépôt formel du dossier par-devant les instances internationales compétentes, conformément aux recommandations faites au gouvernement, en date du 25 juin 2015, par les organisations de la société civile, du secteur des droits humains et du secteur religieux ;
2. La révision de tous les contrats de passation de marché, en cours avec les compagnies dominicaines, par l’ajout d’avenants en respectant les exigences de la loi haïtienne et en garantissant, entre autres, l’emploi de la main d’œuvre locale ;
3. l’inéligibilité des firmes dominicaines à la participation aux appels d’offre, de quelque nature que ce soit ;
4. Le développement d’infrastructures universitaires, capables de répondre à la demande haïtienne et la recherche d’accords académiques avec d’autres pays, afin de diminuer progressivement le contingent d’étudiants haïtiens qui partent vers la République Dominicaine ;
5. la fermeture rigoureuse de la bande frontalière haitiano-dominicaine, toutes les fois que l’exige la conjoncture ;
6. l’interdiction de l’importation de produits dominicains, en concurrence souvent déloyale avec ceux cultivés et/ou fabriqués en Haïti ;
7. la mise en place des mesures incitatives pour l’investissement dans la production nationale ;
8. l’établissement de mécanismes fiables d’identification des personnes expulsées et le refus d’accepter des citoyens, hommes et femmes, rendus apatrides par l’Arrêt TC 168-13 de la Cour Constitutionnelle de la République Dominicaine.
Parallèlement, nous demandons que toutes les dispositions soient prises pour :
• accueillir dans la dignité nos concitoyens et concitoyennes,
• gérer et sécuriser le processus de leur arrivée, jusqu’à leur communauté d’accueil, avec une attention particulière pour les femmes et les enfants, pour les populations vulnérables et à mobilité réduite,
• garantir leur réinsertion sociale et économique.
Convaincues que notre démarche aboutira aux résultats escomptés, nous, les organisations signataires, vous prions de recevoir, Monsieur le premier Ministre, l’expression de nos patriotiques et militantes considérations.
Signataires :
Jean-Robert Argant, Collectif 4 Décembre
Philippe Jean-Thomas, Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr)
Ginette Chérubin, Comité d’union et de support aux municipalités (Cusm)
Sylvie Bajeux, Centre Oecuménique des Droits de l’Homme (Cedh)
Edouard Paultre, lire la suite sur alterpresse.org