EDUCATION/PSUGO : des écoles impliquées dans des détournements de fonds
Source Valéry Daudier / Le Nouvelliste | radiotelevisioncaraibes.com
Des directeurs d’école qui détournent des fonds alors qu’ils ne payent pas leurs enseignants ; nombre d’élèves déclaré nettement inférieur à l’effectif réel; des écoles fantômes inscrites au Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO)… deux enquêtes instruites à la demande du ministère de l’Education nationale sur le PSUGO auprès de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) révèlent des données accablantes sur ce programme supporté par le président de la République depuis son investiture.
C’est probablement l’arbre qui cache la forêt. Alors que l’une des enquêtes ne prend en compte qu’une école de Léogâne, l’autre ausculte les 123 établissements scolaires de Gros-Morne dans l’Artibonite inscrits au PSUGO et 208 écoles de la commune de Carrefour. Les résultats révèlent une vaste opération de détournement de fonds.
La première enquête visait l’école Henri Christophe de Léogâne (zone Carrefour Dufort). On est en janvier 2013. A l’origine de l’enquête, un instituteur qui dénonce le directeur de l’école pour n’avoir jamais versé de salaire aux enseignants. Comme excuse, le nommé Jean Adler Nelson, directeur de l’école Henri Christophe, a laissé entendre qu’il n’avait rien reçu du PSUGO. Faux. « L’école Henri Christophe a bénéficié d’un montant global d’un million six cent treize mille cent vingt-six gourdes à partir des dépôts effectués sur les deux comptes de l’établissement pour les exercices 2011-2012 et 2012-2013 », révèle l’enquête de l’ULCC.
Il a détourné l’argent pour l’achat d’un camion
Le PSUGO paie l’équivalent de 90 dollars américains l’an pour chaque élève inscrit. Pour faire leur beurre, des directeurs d’école, appuyés par de hauts cadres de l’Etat, des élus ou des policiers, créent des écoles et inventent un effectif. Le nombre d’élèves déclaré par le directeur au MENFP est nettement inférieur au nombre réel. L’enquête affirme que l’école Henri Christophe ne fait pas exception. « Il a été mentionné que ladite institution dispose d’un effectif de 253 élèves ; des professeurs rencontrés ont admis que l’effectif de l’école pouvait être évalué à 100 élèves », soulignent les enquêteurs dans le rapport de l’ULCC dont Le Nouvelliste a obtenu copie.
Alors que les enseignants travaillaient sans jamais recevoir leur salaire, le PSUGO continuait d’alimenter les comptes bancaires de l’établissement scolaire dirigé par Jean Adler Nelson. « Des fonds reçus, M. Jean Adler Nelson a fait des retraits qui s’élèvent à un million cinq cent quatre mille huit cents gourdes pour des besoins personnels, indique le rapport de l’ULCC. Jean Adler Nelson n’a pas honoré ses engagements envers les professeurs alors que les fonds étaient disponibles sur le compte de l’établissement. »
« Suivant des informations recueillies par la commission, M. Jean Adler Nelson aurait fait l’acquisition d’un camion avec l’argent du PSUGO, relèvent les enquêteurs. L’Office Assurance véhicules contre tiers (OAVCT) confirme qu’un transfert de nom a été fait le 3 octobre 2013 de Volny Sidoine à Jean Adler Nelson pour un camion. »
Probablement conscient de ses actes, Jean Adler Nelson serait en fuite pour ne pas tomber dans les filets de la justice. Le rapport recommande, entre autres, à l’Etat, via le MENFP, de poursuivre ce dernier en justice pour « non-respect des clauses du contrat afin d’obtenir la restitution des fonds détournés ».
A Carrefour et à Gros-Morne, même constat
Le PSUGO semble être une vache à lait pour lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com