Haïti – Économie: La hausse continue des prix du pétrole risque de changer la donne économique mondiale
Les prix du baril de pétrole qui avaient chuté de plus de 50% depuis juin dernier à cause d’une surabondance de l’offre notamment avec l’Arabie Saoudite, remontent depuis plusieurs semaines, en raison notamment d’un repli du dollar.
Le brut léger américain (WTI) qui évoluait en dessous des 50 dollars a même dépassé les 61 dollars cette semaine alors que le Brent de son coté a touché les 69 dollars.
Jusqu’à ce matin, les cours du pétrole continuent de progresser au-delà des 60 dollars sur les marchés. Cette remontée du prix du baril s’est amorcée mi-mars, après plus de huit mois de recul (depuis juin 2014), celui-ci étant dû à une hausse de la production mondiale et au refus de l’Organisation des pays exportateur de pétrole (Opep), qui pompe 40 % du brut mondial, de limiter ses exportations. Le léger rebond du marché pétrolier est aujourd’hui aussi entretenu par des préoccupations géopolitiques au Moyen-Orient (Libye, Yémen, Irak), et la perspective d’une réduction du déséquilibre entre l’offre excédentaire et la demande atone.
Certains experts du secteur misent notamment sur la réduction du nombre de puits de forage en activité aux États-Unis. Le département de l’Énergie (DoE) doit publier sous peu ses dernières données hebdomadaires sur les réserves américaines. Mais déjà, l’association professionnelle américain API annonce une baisse de 1,5 million de barils des réserves américaines de brut lors de la semaine achevée le 1er mai, le premier recul en huit semaines mais qui ne dérange pas l’économie de ce pays.
Il faut dire également que l’évolution du cours du pétrole reflète aussi l’affaiblissement du dollar, dans lequel sont libellés les échanges pétroliers. Le repli du billet vert dû aux inquiétudes sur l’économie américaine relancées par le creusement du déficit commercial rend ces achats de pétrole moins onéreux et donc plus attirants pour les investisseurs.
Il faut dire que si cette hausse du prix du pétrole continue, cela devra modifier les modes de paiements de l’Etat haïtien vis a vis du pétrole vénézuélien de Petrocaribe. L’Etat haïtien se rapprochera un peu plus de la formule initiale ou il doit payer 40% de cash et 60% sur 25 ans qui alimente le fonds Petrocaribe. La formule à court terme qui donne plus de marges à l’Etat mais qui représente un fardeau lourd pour les générations futures. D’un autre coté, cette remontée des prix du pétrole sur le marché international risque d’affecter les prix à la pompe sur le marche local, si le gouvernement veut respecter ses engagements en termes d’ajustement automatique avec une variation de 5 dollars du prix du baril, à la baisse comme à la hausse.
Même s’il est encore tôt, les autorités du pays ont intérêt à suivre la situation jour après jour, mais diriger c’est anticiper, c’est prévoir et prendre des mesures au moment opportun pour ne pas continuer dans l’improvisation et le tâtonnement qui peuvent avoir des conséquences économiques et sociales très dommageables pour le pays.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000