Haïti – Culture: Retour d’Haïti: un nouveau roman de Gisèle Pineau

Guadeloupéenne, Gisèle Pineau est l’auteur notamment de «La Grande Drive des esprits», «Chair Piment» et «Cent vies et des poussières».

Source Stéphane Haskell | rfi.fr

Dans Les voyages de Merry Sisal, la romancière guadeloupéenne Gisèle Pineau revisite les thèmes qui lui sont chers : errances, exils, blessures psychiques au féminin. Sa protagoniste est une Haïtienne échappée des dévastations du séisme meurtrier du 12 janvier 2010.

« Tout part d’une blessure », aime dire la romancière guadeloupéenne Gisèle Pineau en parlant de ses personnages. Des personnages de femmes qui tentent de survivre aux blessures de la vie. Son nouveau roman Les Voyages de Merry Sisal, dont l’action se situe entre la Guadeloupe et Haïti, ne déroge pas à la règle. Les blessures qu’il met en scène ont pour origine … tremblement et dévastations.

Le 12 janvier 2010, la terre a tremblé en Haïti, détruisant à tout jamais vies, habitations et paysages. Le jour du séisme, Gisèle Pineau se trouvait chez elle à Marie-Galante, s’apprêtant à se rendre le lendemain à Port-au-Prince pour participer à la rencontre littéraire Etonnants voyageurs. « J’étais comme pétrifiée, se souvient la romancière, quand les informations sur la catastrophe ont commencé à nous parvenir par les médias. J’ai immédiatement pensé à mes amis écrivains qui se trouvaient déjà sur place. Puis, à cette population haïtienne dont nous, les Antillais francophones, sommes très proches, à cause de la langue française que nous partageons et notre histoire commune. Haïti et Guadeloupe sont des terres sœurs. »

Sans doute à cause de cette proximité, très vite, on a demandé à Gisèle Pineau d’écrire sur le tremblement de terre, sur Haïti, sur le courage de ces hommes et femmes. « Qui une nouvelle, qui un témoignage. Je sais raconter les peines et angoisses individuelles, mais comment dire la souffrance de tout un peuple », s’exclame la romancière. « Les mots semblaient tellement dérisoires pour raconter les conséquences de ce séisme dévastateur, comparable pour moi aux autres grandes catastrophes naturelles que notre partie du monde a connues. Je pense à la disparition de la ville de Saint-Pierre suite à une éruption volcanique, au début du siècle dernier. Plus proche de nous, l’ouragan Katrina qui a plongé toute la Louisiane dans la désolation… »

Misère et malchance

C’est de ces échanges avec son éditeur qu’est née l’idée de camper son nouveau roman en Haïti. Ce récit haïtien s’inscrit toutefois dans la longue histoire des femmes aux Antilles dont Gisèle Pineau s’est faite à la fois narratrice et archiviste depuis plus de deux décennies. Pour sa protagoniste, la Haïtienne Merry Sisal, tout commence lorsque sa mère se suicide sous ses yeux, ne pouvant plus supporter le poids de la misère et de la malchance. La petite gamine de trois ans, atteinte d’une légère infirmité dans une jambe, est accueillie par sa marraine qui s’occupe d’elle comme sa propre fille. Mais c’est seulement lorsque, devenue une belle adolescente, elle connaît son premier amour, que Merry a l’impression de revivre, voire de renaître.

Or malheureusement pour la jeune fille, son amoureux avait des rêves où elle n’avait pas tout à fait sa place. Le visa Schengen en poche, celui-ci part faire sa vie en France, condamnant Merry à élever seule ses deux enfants. La pauvre a du mal à joindre les deux bouts, même à nourrir ses enfants correctement. A ses misères quotidiennes, vient s’ajouter le cataclysme naturel. Lorsque le séisme frappe le 12 janvier, la jeune femme manque de se faire tuer, mais se relève vite pour aller retrouver ses enfants Tommy et Florabelle chez sa marraine. Puis il y a le second séisme, plus dévastateur que le premier.

Mais Merry est une survivante. Sans se laisser abattre par les destructions qui l’entourent, elle trouve des ressources en elle pour se remettre debout. Elle quitte Haïti pour aller chercher du travail à Bonne-Terre, une île francophone prospère de la Caraïbe. Il faut bien qu’elle subvienne aux besoins de ses enfants. Après une traversée homérique, elle arrive à sa destination. Enfin, la chance lui sourit. Elle réussit à se faire engager par un couple de Français en villégiature. C’est sur Bonne-Terre, entourée de la sollicitude de ses employeurs, que Merry pourra prendre toute la mesure du traumatisme du séisme et prendre conscience de l’ampleur de ses pertes…

Parcours

Un parcours littéraire particulièrement riche, celui de Gisèle Pineau. Les Voyages de Merry Sisal est le vingtième livre sous la plume de cet auteur à la fois lire la suite sur rfi.fr

 


Les voyages de Merry Sisal, par Gisèle Pineau. Paris, Mercure de France, 2015. 264 pages, 18,50 euros.

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