Haïti – Économie: Anniversaire de la conférence des bailleurs de fonds pour Haïti, 5 ans de promesses non tenues

Hier 31 mars a ramené le 5eme anniversaire de la conférence pour Haïti des bailleurs de fonds au Siege des Nations Unies le 31 mars 2010.

On se rappelle que les Etats membres des Nations Unies et les partenaires internationaux avaient promis d’allouer 5,3 milliards de dollars dans les deux prochaines années et un total de 9,9 milliards de dollars pour les trois prochaines années.

La Conférence, intitulée « Vers un nouveau futur pour Haïti », avait réuni également l’Envoyé spécial de l’ONU pour Haïti Bill Clinton et des représentants de plus de cent pays. Elle était co-présidée par le Brésil, le Canada, l’Union européenne, la France et l’Espagne, et autres principaux bailleurs de fonds du pays.

Selon les estimations du gouvernement haïtien, le séisme du 12 janvier a fait plus de 200.000 morts et affecté environ 3 millions de personnes, soit un tiers de la population. Il aurait également fait des dégâts estimés à sept milliards de dollars, soit plus de 120% du produit intérieur brut haïtien en 2009.

Le gouvernement haïtien avait donc estimé les besoins pour la reconstruction à 3,9 milliards de dollars pour les 18 prochains mois et à 11,5 milliards au cours des dix prochaines années.

Les perspectives étaient bonnes, les bailleurs étaient optimistes, aussi bien que les dirigeants haïtiens.  D’ailleurs le Directeur du Fonds monétaire international (FMI) d’alors, Dominique Strauss-Kahn, avait même prévu un taux de croissance de 8% par an pendant les cinq prochaines années avec ce support de la communauté internationale. Et pourtant, à l’exception de 2011, ou la croissance dépassait 5%, on a eu que des taux de croissance faible comme 2,9% en 2012, 4,3% en 2013 et 2,8% en 2014 et on prévoit 2,5% pour 2015. Donc, on n’a jamais été trop proche de cette croissance de rêve de 8%.

Bref, 5 ans après cette catastrophe du 12 janvier, 5 ans après la Conférence de New York, Haïti a du mal à se remettre. Les besoins sont multiples et insatisfaits. Même le palais présidentiel n’a pas été reconstruit comme promis.

Quel pourcentage de ce fonds d’environ US$10 à 12 milliards a été effectivement octroyé à Haïti ? Le Président de la République l’avait dit en novembre 2014, Haïti n’a reçu que 4 milliards sur les 12.000 milliards de dollars promis par la communauté internationale, soit le tiers a-t-il déclaré lors d’une conférence conjointe avec son homologue équatorien, Rafael Correa.

Les bailleurs n’ont pas tenu leurs promesses. Mais il y a un autre aspect de la question, quid de la CIRH dirigée par Clinton et Bellerive? Il y a jamais eu un audit sérieux sur leur gestion administrative et financière? Est ce que les projets prioritaires ont été ceux qui sont réellement finances? Bref !

Un autre problème, les 4 milliards qui ont été reçus par Haïti sont passés principalement à travers des canaux d’ONG internationales qui pour la plupart recrutent des experts et des firmes venus de l’étranger qui consomment de l’argent au détriment de la population et à l’insu du gouvernement jugé corrompu. Certes, ce dernier est corrompu mais les ONG sont aussi corrompues. Mais les bailleurs préfèrent les ONG, car ces dernières permettent aux bailleurs de faire retourner l’argent aux pays d’origine plus facilement, pendant que Haïti est indexée totalement comme responsable de son échec de mauvais gestionnaire de fonds.

31 mars 2010, 31 mars 2015, 5 ans d’échec de la communauté international et celle d’Haïti. On apprendra désormaisà être plus pessimistes et moins enthousiastes face à ces promesses de fonds, de changement, de relance économique et de « développement ». Haïti doit nécessairement trouver des formules propres pour relancer ce pays, en attirant de préférence des Investissements étrangers et non pas les fonds de bailleurs de fonds.  Cet argent n’arrive toujours pas complètement et retourne pour la plupart pour enrichir les dirigeants haïtiens et les experts étrangers et actionnaires d’ONG, comme si ces dernières étaient des sociétés anonymes par action.  Donc, en définitive, ce sont les bureaucrates internationaux, des firmes dominicaines d’abord et quelques bureaucrates haïtiens ensuite, pas la population haïtienne, qui ont été les plus grands bénéficiaires de ce processus déficient d’allocation de ressources post-désastre. Bonne leçon apprise !

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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