Haïti-Dossier Jean Dominique : Extradition de Mirlande Liberus, oui, mais gare à la politique, met en garde le Rnddh
P-au-P, 31 mars 2015 [AlterPresse] — Dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Jean Léopold Dominique, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) se dit favorable à l’extradition de l’ancienne sénatrice Mirlande Liberus qui vit aux États-Unis, sans que la politique ne s’en mêle, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse, ce mardi 31 mars.
Ancienne sénatrice du département de l’Ouest, résidant actuellement en Floride, Mirlande Libérus fait l’objet d’un mandat d’amener, émis par la justice haïtienne, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du journaliste le 3 avril 2000.
Ce mandat d’amener aurait été émis contre l’ancienne sénatrice, le vendredi 27 mars 2015, pour des faits de blanchiment des avoirs, trafic illicite de drogue et association de malfaiteurs dans lesquels elle serait impliqués.
Ce mandat fait suite à une ordonnance du juge d’instruction Lamarre Belizaire, au ministre de la justice et de la sécurité publique, Pierre Richard Casimir, lui demandant d’utiliser la relation d’entraide entretenue avec les Etats-Unis pour que Mirlande Liberus soit extradée vers Haïti en vue de réponde aux questions de la justice, selon le journaliste Guyler C. Delva,à AlterPresse.
Cette ordonnance d’extradition du juge Lamarre Belizaire contre Mirlande Liberus ne relève pas de sa compétence, réagit le directeur exécutif du Rnddh, Pierre Espérance.
Toutefois, il se dit favorable à ce que l’ancienne sénatrice vienne répondre des reproches qui lui sont adressés devant la justice haïtienne en ce qui concerne notamment l’assassinat du journaliste Jean Léopold Dominique.
« Ceci est important pour la justice haïtienne, mais en même temps, ce dossier doit être traité avec sérénité, il ne faut pas que la politique y prime », souhaite Espérance.
Ce mandat survient suite à une interview posthume diffusée le mardi 10 mars 2015, dans laquelle Oriel Jean, ancien chef de la sécurité de Jean Bertrand Aristide, a fait de graves déclarations contre l’ex-président haïtien et ses proches partisans en rapport à la mort du journaliste Jean Dominique.
Oriel Jean avait fait ces révélations au journaliste Guyler C. Delva, environ un an avant son assassinat par balles dans l’après-midi du 2 mars à Delmas (périphérie nord).
Beaucoup de suspicions sur une relation entre la mort du journaliste et celle d’Oriel Jean demeurent à cause de ces « révélations très accablantes », avance Delva, également ancien secrétaire d’Etat à la communication du gouvernement actuel et président de la Commission indépendante d’appui aux enquêtes relatives aux assassinats de journalistes (Ciaeraj).
Plusieurs personnalités ont été entendues sur le dossier de l’assassinat d’Oriel Jean dont le coordonateur général de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), Sauveur Pierre Etienne, qui s’est présenté le jeudi 26 mars 2015, devant le juge d’instruction.
Lors de cette interview, Oriel Jean a cité le nom de l’ancienne sénatrice du parti Fanmi Lavalas, Mirlande Libérus Pavert, qui aurait été chargée par l’ex-président Aristide de faire taire le journaliste Jean Dominique, considéré à l’époque comme un obstacle au retour l’ex-président au pouvoir.
Les déclarations d’Oriel Jean ont été contestées par Aristide dans une déposition en mai 2014.
« Mirlande Libérus est innocente. L’ancienne sénatrice de la République ne peut être victime de ces mensonges qui ne doivent engager que leur auteur [Oriel Jean] », a déclaré Aristide selon la lecture du rapport du juge instructeur Yvickel Dabrésil faite par la greffière Juliette Garçon Véus à la Cour d’Appel de Port-au-Princ, le 17 janvier 2014.
Ce rapport a été émis, le 7 janvier 2015, sur le dossier de Jean Dominique par la chambre d’instruction criminelle de la cour d’Appel de Port-au-Prince.
Il désigne l’ancienne sénatrice Mirlande Libérus Pavert, comme « auteure intellectuelle » du double assassinat du journaliste et du gardien de sa station Radio Haiti Inter, Jean-Claude Louissaint.
Huit autres personnes, dont des militants lavalas, sont inculpées dans l’assassinat. L’ancien maire adjoint de Port-au-Prince, Gabriel Harold Sévère, lire la suite sur alterpresse.org