Haïti – Économie: Impact de la baisse du pétrole sur la balance des paiements en République Dominicaine. Quelles leçons pour Haïti ?
Le ministre des Finances de la RD Simon Lizardo a affirmé que l’effondrement des prix du pétrole sur les marchés internationaux a un impact positif sur la balance des paiements de la RD et doit apporter un surplus au niveau de cette balance de plus d’1,2 milliard de dollars pour cette année.
Lizardo a dit que son gouvernement avait préparé un budget basé sur un prix du pétrole de 100 dollars le baril, selon les projections faites par le Fonds monétaire international pour 2015. Mais désormais avec un baril qui se vend entre 40 et 50 dollars, l’économie dominicaine devrait dépenser 1,2 milliards de moins pour les importations de pétrole, ce qui doit permettre de réduire le déficit de la balance des paiements pour passer de 7% à 2% pour cette année.
L’un des principaux impacts de cette baisse est la réduction de plus de 400 millions de dollars de la subvention accordée à la compagnie d’électricité d’Etat, ce qui donne à l’Etat dominicain beaucoup plus de ressources qui pourront être réallouées dans d’autres secteurs.
Le ministre des finances dominicain a également confirmé que son gouvernement est en train de faire des études, d’analyser les scénarios sur les années à venir et même est en train de réfléchir sur les possibilités d’acheter une assurance pour permettre au pays d’avoir des garanties sur les 24 prochains mois et se protéger contre tout mouvement imprévu au niveau de la situation du pétrole mondiale.
Par rapport aux diverses plaintes de la population dominicaine, faisant croire que la réduction du prix du pétrole mondial ne s’est pas reflétée au niveau des prix des biens et services consommés, ce qui correspond en effet aux revendications qu’on a également en Haïti, car ils ont des prix à la pompe plus ou moins similaire aux notre, le ministre des Finances dominicain est rassurant. Il a confirmé que dans un avenir pas trop lointain, les gens vont sentir la baisse du prix des biens de consommation, car les entreprises qui produisent vont produire à moindre cout, ce qui fera baisser les prix sur le marche. Donc, les consommateurs dominicains pourront acheter plus de bien avec le même revenu dont ils disposent, en d’autres termes, ces derniers auront un pouvoir d’achat plus grand. Egalement, l’Etat qui enregistre un surplus de la balance des paiements, et des différences avec la réduction des subventions de la compagnie d’Etat d’électricité, pourra être plus capable de faire des investissements dans des secteurs productifs porteurs et générateurs d’emplois et de revenus.
En Haïti, il manque un peu de transparence, la population ne fait pas confiance aux dirigeants, ou peut être la population est moins éduquée financière par rapport à la République Dominicaine, et n’arrive pas à comprendre la complexité de ce secteur énergétique. La faute est de part et d’autre, que ce soit du coté du gouvernement, mais aussi de ceux qui exigent un gallon de carburant à 100 Gourdes.
Bref, on doit s’asseoir sur une table avec les secteurs concernés, s’entendre sur un mécanisme de fixation de prix, s’entendre sur les marges des distributeurs et celles de l’Etat, tout en prenant en compte toutes les conséquences possibles à moyen et à long terme, regarder les scenarios, voir comment cela pourra affecter les ressources, et également s’engager a réduire les dépenses publiques pour rester quand même dans le budget. Il faut de toute façon qu’on arrive à un compromis et éviter de nouvelles journées de grevés et de troubles qui sont néfastes à la croissance et au développement des entreprises et également à l’Etat. Soyons sérieux, l’économie haïtienne est trop pauvre, trop fragile trop vulnérable pour supporter de nouvelles journées d’arrêt de travail et de blocage qui font enregistrer des centaines de millions de gourdes de pertes à l’économie.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000