Haïti – Économie: La population s’inquiète, la BRH tente de rassurer

Cette nouvelle baisse des prix à la pompe qui doit être opérationnel ce vendredi inquiète  un bon nombre d’économistes et d’analystes quant aux éventuelles retombées négatives sur l’équilibre budgétaire et certains indicateurs macroéconomiques. Cela inquiète entre autres le ministre de l’économie et des finances qui a même évoqué l’état d’urgence économique. En effet, on craint que cette baisse qui est dérivée d’une nouvelle subvention et d’un manque à gagner pour l’Etat haïtien doit accélérer le déficit budgétaire et provoquer éventuellement le financement monétaire de la BRH pour financer le déficit, ce qui pourrait en retour augmenter l’inflation et  baisser la valeur de la gourde à moyen terme.

Cependant, le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) Charles Castel ne s’affole pas, ne s’inquiète pas, et veut rassurer.

Hier dans une intervention, il a évoqué la loi sur  le fonctionnement de la BRH et informe que l’article 45  autorise un déficit qui ne représente que 20%  de la projection des recettes de l’année précédente.

Selon les chiffres fournis, le financement du déficit public depuis septembre 2014 tourne autour de 4,5 milliards de gourdes. Un niveau relativement acceptable.

Quant à la dépréciation  de la gourde, le numéro un de la Banque centrale indique que cette dépréciation de la monnaie résulte de l’absence de la production locale, donc du même coup minimise le poids du déficit budgétaire ou du financement de ce déficit par la BRH dans l’explication de la situation qui existe sur le marché des changes. Une question qu’il faudrait analyser en profondeur dans une prochaine chronique.

Charles Castel veut continuer à utiliser ses instruments monétaires pour stabiliser les prix, notamment les bons BRH qui aident à réduire la disponibilité de la gourde dans l’économie et fait baisser les pressions inflationnistes.

Dans sa déclaration, il a aussi pris donc position contre toute mesure de dévaluation de la gourde pour relancer la production et l’exportation. La dévaluation, qui est différente de la dépréciation, sous-entend la baisse de la valeur de la monnaie par décision officielle, et non pas suivant les forces du marché.

Quand on vous dit si Haïti avait un taux de change plus bas, on serait plus compétitif, on pourrait vendre plus, ma question est la suivante : dites-moi ce que vous allez vendre, car, pour le moment, on importe », a expliqué Charles Castel.

Qu’en est-il de la croissance économique ? Ce gros morceau, ce problème qui n’a toujours pas encore de solution. Le gouverneur de la BRH aussi bien que le simple citoyen se dit très préoccupé par ce déficit de croissance économique. A rappeler que l’année dernière, l’économie haïtienne a cru de seulement de 2,8% contre 7,1% pour la République voisine.

Sur ce point la, il est difficile de rassurer les citoyens. Car les chiffres parlent d’eux-mêmes et la réalité se fait sentir dans le faible pouvoir des gens.

Bref, la BRH peut bien être rassurante sur l’équilibre macroéconomique, qui d’ailleurs suffit aux dirigeants du FMI, pour donner de bonnes notes à la gouvernance économique d’Haïti, mais on aura du mal à rassurer l’économie et les citoyens pour une croissance plus soutenable et plus durable, et on aura également du mal à rassurer la population pour de l’emploi, pour des revenus plus élevés et de meilleurs conditions de vie.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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