Haïti/Canada – Immigration: Fin du moratoire fédéral, des milliers d’Haïtiens craignent l’expulsion

Des Haïtiens à Montréal, entre résilience et inquiétude.

Source Jean-Sébastien Cloutier | radio-canada.ca

Quelque 3200 Haïtiens, qui vivent principalement dans la région montréalaise, ont jusqu’en juin pour régulariser leur situation, sous peine d’expulsion. Ces citoyens sans statut permanent sont touchés par la levée récente du moratoire fédéral sur les renvois vers Haïti.

Joubert et Rachel Mondésir ont acheté une grande maison à Laval en 2012, après le tremblement de terre en Haïti. Le couple avec deux adolescents a choisi le Québec parce qu’il y avait de la famille.

Joubert travaille comme physiothérapeute dans une clinique montréalaise et Rachel étudie en tourisme à l’UQAM. Les Mondésir se sentent chez eux au Québec. Ils ont demandé leur résidence permanente en tant que travailleurs qualifiés, mais ils n’ont pas encore reçu de réponse.

La famille a appris qu’Ottawa avait levé, au début de décembre, le moratoire sur les renvois vers Haïti. Ce moratoire était en vigueur depuis 2004 en raison de l’instabilité et de la violence sur l’île, et ensuite à cause du séisme. Le gouvernement fédéral juge maintenant qu’il n’y a plus de « risque généralisé » dans le petit pays des Antilles.

Raisons invoquées par Ottawa pour mettre fin au moratoire

. Haïti n’est pas en guerre et ne vit pas de conflits civils graves;
. L’aide internationale se poursuit, dont la contribution canadienne;
. Les personnes déplacées à l’intérieur du territoire sont réinstallées dans des logements plus sécuritaires;
. Les conditions de vie générales, la stabilité politique et le niveau de sécurité se sont améliorés;
. D’autres pays, comme la France et le Brésil, renvoient des personnes en Haïti;
. Il y a des vols internationaux réguliers à destination et en provenance d’Haïti, et un nombre important d’Haïtiens voyagent entre ce pays et le Canada.

Source : Gouvernement du Canada

Au Canada, les 3200 Haïtiens touchés par le moratoire ont maintenant jusqu’au 1er juin pour demander leur résidence permanente pour des motifs humanitaires.

« Ça vient me chercher parce que quand même, on s’est vraiment investis dans un pays, on a investi beaucoup. Et là, s’il faut tout abandonner, retourner en Haïti, c’est encore l’incertitude là-bas, tout va être à refaire, à recommencer. »— Joubert Mondésir

Le Conseil canadien pour les réfugiés est préoccupé par le sort de ceux qui devront retourner en Haïti. Il se demande aussi comment seront traités les dossiers des ressortissants.

« On trouve la levée du moratoire prématurée. Si on regarde les informations sur la situation en Haïti, on voit qu’il y a beaucoup d’insécurité. »— Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés

Quant à la famille Mondésir, à cause des enfants et de leurs études, ils veulent demeurer au Québec. Joubert Mondésir n’ose pas imaginer qu’ils seront peut-être expulsés.  Il explique qu’ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour prouver qu’ils étaient intégrés.

« On n’a jamais rien demandé à qui que ce soit. On n’a pas reçu d’aide. Tout ce que nous avons, nous avons lutté pour l’avoir. Nous payons nos taxes. Nous sommes de bons citoyens. »— Joubert Mondésir

Québec se fait rassurant

Kathleen Weil, ministre québécoise de l'Immigration  Photo :  Radio-Canada
Kathleen Weil, ministre québécoise de l’Immigration  Photo :  Radio-Canada

La ministre québécoise de l’Immigration, Kathleen Weil, souligne que Québec et Ottawa vont travailler ensemble, et que les deux gouvernements feront preuve d’une grande ouverture dans l’évaluation des dossiers.

Le Québec doit évaluer si les ressortissants haïtiens sont bien intégrés dans la société. « Par son emploi, est-ce que cette personne a une famille ici? Est-ce qu’elle a fait des études ici? On fait l’évaluation de son parcours », explique Kathleen Weil.

« Si on est satisfaits, que la personne est bien intégrée et doit rester lire la suite sur radio-canada.ca

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *