Exposition Haïti au Grand Palais : un sacré brassage d’idées
Pierrot Barra : Sans titre, 1993. Poupées, tissus, guirlandes, nacre. 74 cm x 48 x 41. Photo Jorge Alberto Perez.
Source http://culturebox.francetvinfo.fr
Pour la première fois en France, le Grand palais propose jusqu’au 15 février 2015, de découvir la diversité et l’originalité de l’art haïtien du XIXe à nos jours. L’occasion de découvrir un art très peu connu dans notre pays. Visite.
Je dois confesser que je n’y connais absolument rien en matière d’art haïtien. Comme beaucoup de gens, j’ai vu et apprécié des Basquiat, artiste de père haïtien et de mère portoricaine. Mais même si ce créateur reprend parfois les symboles de l’histoire Haïtienne, il est avant tout New Yorkais et n’est jamais allé en Haïti. Alors ça ressemble à quoi l’art haïtien contemporain ? Pour avoir la réponse, je file au Grand Palais et grimpe un immense escalier avant d’arriver dans une grande salle ou sont exposés une soixantaine d’artistes. Au premier coup d’œil, ça part un peu dans tout les sens.
Esprit es-tu là ?
L’exposition ne se présente pas de manière chronologique, cela aurait été trop simple et trop classique sans doute… Les organisateurs ont préférés diviser l’exposition en quatre parties : Sans titres (scènes populaires), Les Esprits (œuvres inspirées par les cultes vaudou, les symboles maçonniques, ou le catholicisme). Les trois étant des composantes essentielles de la vie en Haïti. Troisième partie : les paysages et enfin : les chefs (importance du portrait dans l’art haïtien et représentation des figures du pouvoir politique et intellectuel). Pas sûr que cela éclaire la lanterne française du novice que je suis. Mais bon… Je suis tout de même très heureux de cette opportunité qui m’est offerte de mieux connaître l’art haïtien, à commencer par une figure majeure de l’art naïf, décédé en 1973 : Robert Saint Brice.
La jeune fille et les petits chefs
Dans la catégorie « Sans titre », mon regard est attiré par un tableau qui me rappelle les peintures de Rebeyrolle et Basquiat. Il est signé Manuel Mathieu et représente une jeune fille sur une balançoire. Si le thème évoque un moment de calme, le rendu pictural propose l’inverse, suggérant les difficultés et les soubresauts du quotidien en Haïti. Et ce jeune peintre m’avoue être »angoissé par la mort ».
A côté l’artiste expose un grand animal sur le dos. Un animal ou une simple forme ? Manuel Mathieu m’explique que « cela indique un période de transition ». La forme à terre va se relever, comme Haïti est capable de le faire après chaque catastrophe. Mathieu est un tout jeune homme, casquette argenté à l’envers sur la tête, T-shirts blanc immaculé, pantalon gris, baskets, visage rond et yeux encore plus ronds… J’ai l’impression d’un poulbot haïtien. Il m’explique qu’il considère son atelier comme « une boîte d’expérimentation » et que parfois les choses se mettent en place d’elles mêmes ». Marie Cauvin présente une autre réalité de la vie haïtienne : des fêtards ou des chefs de gangs sur une plage. Celui ci, largement tatoué, semble très fier de lui.
Forces occultes
Le grand thème de l’art haïtien, c’est la spiritualité et le rapport aux forces occultes. Les religions Vaudou et Catholique sont totalement imbriquées, sans oublier la Franc- Maçonnerie, très présente en Haïti. Les artistes n’hésitent pas à mélanger les trois dans leurs œuvres. Les ancêtres, les fantômes, les superstitions, l’omniprésence de l’occultisme, la peur de la colère du ciel, la crainte de la maladie ou de la mort ne cessent de hanter les œuvres de la plus part des artistes haïtiens. Cette tête terrifiante mais colorée de Dubréus Lhérisson en est un lire la suite sur culturebox.francetvinfo.fr