Carl Labossière a cassé sa pipe

Source radiotelevisioncaraibes.com | Roberson Alphonse | Le Nouvelliste

Carl Labossière, 71 ans, a cassé sa pipe. À 7 heures du matin, ce mardi 7 octobre 2014, 16 jours avant son anniversaire, il s’est éteint à l’hôpital du Canapé-Vert. « Carlito est parti tranquilement, doucement », a confié sa moitié, Monique Oriol Labossière, le visage fatigué après une énième hospitalisation de l’homme à qui elle avait dit oui pour le meilleur et pour le pire en 1967. Le vide laissé est  déjà immense. « Je suis rentrée chez nous sans Carlito », a mesuré sèchement Monique Labossière, entourée de son fils Junior, son beau-frère Claude Labossière, de Robert Labrousse, Jean-Robert Delsoin et d’autres amis accourus à la résidence du couple vers midi. « C’est mieux comme ça. Il ne souffrira plus », tranche Claude Labossière, agacé de voir son frère dans cette bataille à arme inégale avec son mal.

Le ballet entre la salle 38 et l’unité de soins intensifs n’a suffi qu’à amoindrir la douleur provoquée par ce cancer de la prostate en phase terminale. L’ombre de la mort, petit à petit, recouvrait le visage de Carl Labossière. Amaigri, affaibli, chaque minute le rapprochait un peu plus du vide, du silence. « Le verbe avait quitté son corps; ses mots n’étaient que des sons marmonnés.  Les yeux mi-clos, il semblait mépriser ce reste de lui-même. Son esprit prisonnier d’une enveloppe brisée l’agaçait, lui faisait presque honte », a décrit un de ses amis du journal Le Nouvelliste, convaincu que, pour Carl Labossière, partir était une délivrance mais surtout une ultime résistance à la mort, la faucheuse.

Dépouillé par la maladie

Le cancer de la prostate, peu à peu, avait tout pris à Carl Labossière, ce hiérarque du journalisme, ex-gérant-responsable du journal Le Nouveau Monde, ex-coordonnateur de la revue Bravo, une publication du journal Le Nouvelliste qui rendait hommage à des personnalités méritantes. L’inventaire de ses pertes, parfois, Carl Labossière le faisait sur le ton de la boutade. « Sonson est mort avant moi. Bye bye Luky Luke », savait-il plaisanter de son impuissance sexuelle, alors qu’il était cloué sur son lit à cause de problèmes lombaires. Ce fin danseur, amoureux de la musique latine, de sa mythique pipe, avait dû dire adieu à la danse. « Je fais tout dans ma tête maintenant », racontait Carl Labossière, riche de ses souvenirs, de ses amis. Carl Labossière, sensible, a été très ému de recevoir chez-lui le président Martelly. Pendant 45 minutes, les mots du chef de l’Etat, accouru au chevet de son collaborateur, de l’une de ses plumes, l’avaient marqué. « C’était très élégant de sa part », a confié Carl Labossière à un ami au téléphone.

Petit bilan d’une vie

Il y a quelques mois, sur son lit, entouré d’une flopée de crucifix et de photos de son fils Junior, de ses petits-fils, Carl Labossière savait lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com

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