Plus de communes, plus de départements: risque d’un sous-développement accéléré

Comme nous l’avons brièvement mentionné hier a cette rubrique et comme toute la presse en parle, la Chambre basse à vote cette semaine sans des consultations publiques une loi élargissant le nombre de départements et de communes comme leur dernier cadeau offert au pays avant de partir, disons de préférence un cadeau à eux-mêmes, en plus des 400,000 gourdes par commune pour les fêtes champêtres.

En fait, dans le budget en cours, chaque commune devrait recevoir 10 millions de gourde du gouvernement pour réaliser quelques projets, soit en termes de construction de marché, école, route, électrification et autres. Mais, bien entendu avec un budget qui avoisine les 118,68 milliards de gourdes. Donc, pour les 140 communes, ce total s’élève à 1,4 milliard de gourde, alloué donc a ces communes, qui représente moins de 2% du budget national.

L’année prochaine, ce budget 2014-2015 s’il est voté par le sénat devrait être autour de 122 milliards de gourdes. A peu près le même montant que cette année, mais avec une faible différence de moins de 4 milliards de gourde. Maintenant, on imagine un instant avec 6 nouveaux départements qui mettraient le total a 16, et avec probablement une fois et demi ou deux fois plus de communes, avec notamment beaucoup de quartiers qui serait élevés au rang de commune, donc la part réservée aux communes, encore appelée fonds communaux sera énormément réduits, donc les communes auront automatiquement moins de 10 millions de gourdes car le pays ne sera pas plus riche, l’année prochaine, avec des taux de croissance dans l’ordre de 3 %. C’est carrément vouloir faire plus d’enfants quand on ne s’attend pas à avoir des ressources plus importantes. Comme si Petro Caribe serait toujours aussi important. D ; ailleurs, pour le nouveau budget qui est a la chambre haute, il faut noter déjà une baisse de 11% du poids du fonds de Petrocaribe par rapport à l’exercice en cours.

Ce pays de 8 milliards de dollars de PIB contre 60 milliards pour les voisins de la RD, ne peut pas se permettre d’augmenter les dépenses, d’accélérer son déficit budgétaire, et qui automatiquement va augmenter les dettes publiques exclure encore plus le monde rural, généraliser la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Le déficit budgétaire chronique que nous expérimentons avec des dépenses publiques qui dépassent presque toujours les recettes, devrait être limitées de préférence avec une diminution des dépenses, ou avec une augmentation des  ressources.

Le sénateur Francisco Delacruz, est allé plus loin, car selon  lui il faudrait de préférence rétrograder certaines communes au rang de section communale vu leur faible capacité à générer des activités économiques et  enregistrer des recettes.

A titre d’exemple, selon les données fournies par le Ministère de l’Intérieur et l’IHSI, pour l’exercice fiscales 2012-2013, 9 des 140 communes d’Haïti ont enregistré des recettes propres inferieures à  1000 dollars américains. A savoir Roseaux (GA), Saint-Jean du Sud (SUD), Baie de Henne (N-O), Sainte Suzanne (N-E), Capotille (N-E),, Anse-a-Foleur (N-O),  Savanette (C ), Arniquet (SUD) et Tiburon (SUD).

Donc cela veut dire au clair, l’Etat central ne peut rien attendre de ces nouvelles communes enclavées et sous développés sinon une charge financière en plus, une charge sociale en plus.

L’argument des défenseurs de cette loi ne tient pas, comme si un quartier doit devenir une commune s’il veut avoir accès aux services sociaux de bases, ou une commune doit se hisser au rang de chef lieu de département s’il veut avoir un hôpital ou un commissariat ou un lycée décent. Les services publics doivent être accessibles à tout le monde, donc il faut lutter pour avoir des services déconcentrés et une décentralisation effective ou les collectivités et les régions peuvent prendre des décisions, car cela ne servirait à rien d’avoir des communes si elles gagnent par 1000 dollar de recette sur un an, et sont totalement dépendantes du MICT, et ne peuvent pas décider d’embaucher même un comptable sans l’aval du ministre de MICT.

Voilà une nouvelle démarche qui confirme que nous ne sommes pas intéressé au développement de ce pays ou sa gestion efficace, mais de préférence nous n’avons que de motivations personnelles et électoralistes au détriment de la société et de son bien être.

 

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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