Coupe du Monde : Les comptes de la Fifa sont au beau fixe
On estime que plus de 3 milliards de personnes, près de la moitié de la population mondiale verra au moins un match de la Coupe du Monde de 2014. Le football est définitivement de loin le sport le plus populaire dans le monde. C’est la passion commune des brésiliens, des argentins, Colombiens, Syriens, Nigérians, Indonésiens, Irakiens, Afghans, Palestiniens, Israéliens, et bien sur haïtiens.
En effet, FIFA compte 209 membres, 16 membres de plus que l’Organisation des Nations Unies. Les 20 meilleures équipes dans le monde, la plupart d’entre eux les Européens, ont eu des revenus de 7.4 milliards de dollars l’an dernier, selon un rapport de Deloitte. Un allemand sur quatre Allemands va au stade au moins une fois chaque saison. Les joueurs Cristiano Ronaldo et Lionel Messi sont parmi les dix sportifs les plus populaires chez les Américains de moins de 30 ans. Plus de 85% des japonais ont vu au moins 20 minutes un match de Coupe du Monde en Afrique du Sud 2010 à la télévision.
Chaque match de la Coupe du monde qui se joue maintenant au Brésil rapporte en moyenne 1 milliards de dollars, selon le journal The Economist.
Parallèlement, il y a de plus en plus de soupçons de corruption relative à la gestion de la FIFA. On se rappelle que selon le quotidien britannique Sunday Times, un ancien membre du comité exécutif de la FIFA, Mohamed Bin Hammam, un Qatari, avait payé 5 millions de dollars aux autres membres du conseil d’administration pour s’assurer que le Qatar remporte l’organisation de la Coupe du Monde de 2022.
Rappelons que la Fifa est une organisation à but non « lucratif ». Pour une œuvre de bienfaisance, en tous cas, ses comptes se portent vraiment bien. Des revenus multipliés par vingt en vingt ans. Le budget 2015-2018 prévoit 5 milliards de dollars de revenus alors que son budget de la Fifa sur les périodes 1995-98 était de 257 millions de dollars. Markus Kattner, secrétaire général adjoint de l’organisation et directeur financier a expliqué cette évolution en disant que:
« Cette croissance reflète la manière dont l’attractivité et la valeur de notre produit, le football, a augmenté et comment la Fifa a réussi à capter cette valeur grâce à ses programmes commerciaux. »
En 2013, la Fifa a engrangé 1,4 milliard de dollars de revenus. Le bénéfice net a été de 72 millions de dollars (53 millions d’euros). L’organisation, qui était endettée à hauteur de 11 millions de dollars en 2002, est désormais assise sur des réserves de 1,4 milliard de dollars. Elle est en excédent budgétaire depuis dix ans. Quatre pays dans le monde peuvent en dire autant, selon la Banque mondiale : Singapour, la Norvège, Macao et le Koweït. Pourtant, le siège de la Fifa n’abrite ni casino ni puits de pétrole. Elle organise par contre la Coupe du monde qui, financièrement, ne rapporte qu’à elle, ce dont elle s’assure en imposant au pays hôte le vote de lois protégeant ses intérêts et ceux de ses sponsors.
Pour faire profiter tout le monde de l’extraordinaire succès financier des années 2011-2014, la Fifa a annoncé le versement d’une contribution exceptionnelle de 750 000 dollars par fédération et 7 millions par confédération. L’ensemble coûtera 200 millions de dollars à la Fifa. Dans les bilans financiers, ce dividende sera dans la colonne « développement du football ». Les deux tiers de ce bonus arriveront dans les caisses de chaque fédération à partir de janvier 2015. Rien à voir avec l’élection en mai 2015 à la présidence de la Fifa, où chaque fédération dispose d’une voix.
Qui pisait, les pays organisateurs de la coupe du monde ne s’enrichissent pas à partir de l’événement. A titre d’exemple, lors de la Coupe du Monde 2010, l’Afrique du Sud a investi 3 milliards de dollars dans les infrastructures de sport et, en retour ils ont reçu environ 300 millions de dollars de tourisme et les billets d’entrée. La FIFA, quant à elle, avait gagné 3,5 milliards de dollars.
Nous ne sommes pas en mesure de vous dire qu’est ce que cela rapporte à Haïti, mais nous sommes persuadés que certains secteurs ou certaines entreprises ont pu augmenter leurs ventes, pendant que d’autres secteurs qui n’ont rien a avoir avec la coupe du monde, doivent voir leur vente baisser. Mais un fait est certain, c’est que le gouvernement a payé près de 2 millions de dollars de droits de retransmission à International Media Content (IMC), le fournisseur des images pour la FIFA, alors que la République Dominicaine a payé seulement 500,000 dollars. Cette différence a un sens parce que le football est plus populaire ici, les medias sont plus intéressés, les sponsors sont plus actifs et la population est plus motivée que les dominicains, donc la FIFA nous fait payer 4 fois plus que nos voisins pour une même population, alors qu’ils sont de loin beaucoup plus riches que nous.
Etzer EMILE, M.B.A
Radio Vision 2000
