Régine Chassagne: éloge du «KANAVAL»
La Presse
Montréal en lumière hébergera le deuxième KANAVAL KANPE, au profit de la fondation créée par Dominique Anglade et Régine Chassagne. Et on ne pouvait trouver plus fervente adepte de la folie carnavalesque que la chanteuse du groupe Arcade Fire – qui est aussi porte-parole du volet Coup de chapeau à Haïti.
Lorsqu’il est question d’énumérer ce que le volet haïtien de Montréal en lumière offrira cette année, Régine Chassagne s’emballe. «Il y aura l’un des plus grands bands haïtiens, Boukman Eksperyans, Doody et Kami, Poirier, Young Paris, de la nourriture créole, de l’art qu’on pourra acheter, du rhum Barbancourt et de l’atmosphère! Beaucoup d’atmosphère!»
Pour Chassagne, il y a une «espèce de coïncidence parfaite» entre la nouvelle thématique du festival et le KANAVAL KANPE, soirée festive présentée pour la deuxième fois au profit de la Fondation KANPE, qui vient en aide aux familles en Haïti. «Dans le fond, à KANPE, on collabore, c’est notre spécialité. Alors l’union fait la force.»
Selon sa cofondatrice, la fondation est un succès. «Nous avons traversé la première année. On s’était mis la barre assez haut et on l’a atteinte: c’est un succès. On en est présentement à décider quel sera le deuxième village dans lequel nos activités vont se concentrer.»
Le paradis de la créativité
Régine Chassagne insiste pour remercier la Société des arts technologiques (SAT) et le Centre PHI, de précieux collaborateurs pour la tenue du KANAVAL KANPE. Outre la récolte d’argent pour une bonne cause, le but de cette soirée est de faire découvrir aux Montréalais l’incroyable vitalité du traditionnel carnaval haïtien, qui enfièvre annuellement tout le pays.
Une découverte fondamentale pour le groupe Arcade Fire qui, en 2012, a vécu pour la première fois le carnaval de Jacmel, influence majeure de l’album Reflektor.
«Il n’y a pas que la misère en Haïti, note Régine Chassagne. Il y a de la joie, de la culture, de la créativité. Personnellement, je n’ai jamais vu autant de créativité qu’au carnaval de Jacmel. Étant artiste moi-même, j’étais comme au paradis. Je n’ai jamais vu une concentration d’arts et d’artistes aussi dense qu’à Jacmel; c’est comme si chaque personne était un artiste indépendant, tous tassés comme des sardines. Il y avait de l’électricité dans l’air comme ça ne se peut même pas!»
Ce coup de foudre artistique vécu par tous les membres du groupe – personne ne résiste au carnaval de Jacmel, on vous le confirme! – a donné des arguments à Régine Chassagne pour imposer des rythmes plus dansants au dernier album.
«Je suis vraiment contente, j’ai toujours aimé danser. J’essaie tout le temps de pousser ça. Je ne sais pas comment j’ai atterri dans un «indie rock band», finalement!»
Et cela a inspiré l’appel à se costumer pour les spectacles de la tournée Reflektor, ce qui a suscité l’ironie des non-fans du groupe.
«Oui, en tout cas, je ne mets pas trop l’accent là-dessus… Mais c’est doublement le fun quand tu es déguisé. Le carnaval, tu ne peux pas le regarder de l’extérieur; il n’y a pas vraiment de spectateurs. Le but est que tu embarques, tu dois rentrer dedans. Tout le monde est impliqué.»
Arcade Fire en Haïti
D’ailleurs, le groupe retournera à Jacmel pour un spectacle en compagnie d’autres groupes haïtiens le 21 février, dans le cadre du «Kanaval», juste avant le début officiel de la tournée.
«C’est comme un retour aux sources de l’album, c’est plus un voyage personnel, dit-elle. Nous sommes vraiment contents d’y retourner, nous nous sommes liés d’amitié avec des musiciens, avec le Ciné Institute qui a fait notre vidéo Just a Reflektor. Nous sommes honorés d’être tous sur la même scène pendant le carnaval. Ça va être quelque chose. On n’est pas super connus en Haïti, on va voir ce que ça donne. J’espère qu’ils vont aimer ça.»
Lorsqu’on lui demande si ça fait du bien à l’un des groupes les plus connus de la planète d’être dans un pays pas très féru d’indie rock, Régine Chassagne s’insurge.
«Ben là! Quand même! Il y a plein de monde qui ne sait pas qui on est! Ça ne nous dérange pas. Dans le fond, on aime ça. On est habitués aussi. On a joué longtemps devant des gens qui ne nous connaissaient pas du tout. Ça fait encore partie de nous, cette espèce d’esprit, on ne tient rien pour acquis.»
À l’aube de la tournée du groupe lire la suite sur www.lapresse.ca