L’aide étrangère pour la reconstruction d’Haïti. Le cas de l’aide américaine 4 ans après

Image: canalplushaiti.net

Sous le leadership des États-Unis et de l’Union européenne (UE), les pays donateurs avaient largement dépassé les espérances des plus optimistes en promettant près de 10 milliards de dollars pour la reconstruction d’Haïti, dévasté par un séisme en janvier de cette même année. « Les États membres s’étaient engagés à verser 9,9 milliards de dollars au total entre 2010 et 2013 et au-delà », avait annoncé le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lors d’une conférence de presse de clôture d’une conférence internationale au siège de l’ONU. C’était donc une déclaration de mars 2010, on est aujourd’hui environ 4 ans après.

En effet, les États-Unis se présentait alors comme le plus grand contributeur étranger de l’aide à Haïti, promettant plus de 3,6 milliards de dollars pour le secours, le relèvement et la reconstruction.

Et puis voila…..Les résultats près de 4 ans après sont maigres….Faible impact en terme de reconstruction, et de relance de l’économie, si on exclut les secours pendant la période d’urgence (eau, soins de santé, etc…)…..A tel point que le fameux journal anglais The Guardian, revient avec cette grande question, Où va l’argent de l’aide américaine ? Sachant que l’aide américaine représente 36% de la totalité de l’aide promise à Haïti.

En effet, les entreprises et les ONG américaines continuent de recevoir la part du lion du financement de l’aide américaine pour les projets en Haïti quatre ans après le tremblement de terre qui a rasé la capitale Port -au-Prince, en dépit des promesses du gouvernement américain de dépenser plus d’argent à travers des organisations locales.

Les données publiées par l’agence américaine pour le développement international (USAID) l’an dernier montre qu’elle a dépensé plus de 270 millions $ dans des projets en Haïti en 2013. Près de la moitié de ce montant est allé vers des sociétés à but lucratif basées aux Etats-Unis, et 37 % vers des organisations américaines sans but lucratif. Chemonics International, une société basée à Washington a reçu 7 des 10 contrats de l’USAID en Haïti notamment dans le domaine de l’agriculture et les infrastructures selon The Center for Economic and Policy Research (CEPR).

Toujours selon The Guardian, les critiques ont soutenu pendant des années que la pratique de dépenser de l’argent de l’aide par le biais des organisations situées dans les pays des bailleurs de fonds a entravé les efforts visant à renforcer l’autosuffisance et l’autonomie en Haïti. Cette assistance travaillerait au détriment des entreprises et des organisations locales.

Vijaya Ramachandran, du Centre pour le développement Mondial Think Tank à Washington, a déclaré que travailler plus étroitement avec les organisations haïtiennes pourrait contribuer à renforcer les perspectives de développement à long terme du pays. Pour elle, Haïti est un excellent exemple de la façon dont les donateurs doivent faire plus pour traduire leurs engagements de haut niveau, à la transparence dans la réalité. A rappeler que plus de 300 documents (représentant près de 6 % des dépenses totales en 2013 de l’USAID) manquent de détails sur l’endroit où les organisations haïtiennes qui travaillent avec USAID se trouvent.

Le manque de transparence de l’aide canadienne est également évoqué dans un récent article du journal canadien L’actualité. Selon cette analyse, les deux tiers de l’aide à la reconstruction (soit 554,8 millions de dollars canadiens) rentrent dans la catégorie ‘non spécifiée’. Donc, aucune précision sur les activités spécifiques réalisées dans le cadre de cette « reconstruction ».

En Haïti, les dépenses de l’USAID en 2013 ont été principalement dans le domaine de la santé (25 %) et l’aide humanitaire (22%), tous deux ont été dominées par des organisations basées aux États-Unis, qui ont reçu respectivement 98 % et 82 % du financement. L’agriculture est le troisième plus grand secteur de dépenses (11%) a conclut le journal The Guardian. De quoi faire vraiment réfléchir…. L’aide étrangère depuis particulièrement après le tremblement de terre est profitable à qui ? Aux haïtiens ou aux étrangers ? Un sujet fondamental qui devrait préoccuper tous les citoyens responsables et aussi les autorités de ce pays…

Chiffre pour aujourd’hui: 94%

94% des projets d’investissements publics haïtien sont financés par le programme PetroCaribe. Cette dépendance totale aux fonds du PetroCaribe, devrait nous interpeller à penser à d’autres sources alternatives pour financer nos projets d’investissements, car Petrocaribe ne saurait être éternel, sinon on restera dans la vulnérabilité la plus absolue.

Etzer Emile, Radio Vision 2000

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